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Sceptique
10 septembre 2014

LA "NÉVROSE POLITIQUE".

L'étiquette ne serait pas l'oeuvre des psychiatres, mais d'un écrivain, Arthur Koestler. Elle suppose l'existence, chez les hommes* qui s'engagent en politique, de dispositions psychiques particulières, ou la recherche d'un apaisement de leurs pulsions. Un bénéfice d'image, supplémentaire, n'est pas négligeable. 

Au premier niveau,  le conseiller municipal, qui n'engage pas à grand chose, la simple bonne volonté, ou la défense des intérêts de son "lobby"particulier, sont des motivations courantes. Le saut qualitatif et quantitatif vers la charge de maire est déjà important, et le retour sur investissement sera maigre. Mais à partir de ce point de départ, la vraie compétition s'engage, avec le niveau communauté de communes, son président, ses vice-présidents.

Au stade où en sont les réformes du mille-feuilles politico-administratif, je ne peux qu'évoquer la lutte âpre et sans cadeaux pour un poste de conseiller général, au scrutin uninominal. 

Le niveau régional est recruté par scrutin de liste et proportionnel. Il est réservé à ceux qui sont dans les petits papiers des partis politiques. Leur anonymat durable, mais confortable ,est garanti, sauf agitation stérile.

Le niveau parlementaire retrouve l'empoignade, à plusieurs au premier tour, à deux, ou à trois (rarement plus), au second tour. Mais l'élu peut se considérer avec fierté. L'Assemblée Nationale va l'accueillir comme un seigneur, et le rémunérer à la hauteur du travail attendu de lui. Pas négligeable du tout, s'il est bosseur. Son traitement tient compte de ce qu'il aura à payer des collaborateurs compétents en politique, et d'une fidélité de jésuite. Pendant cinq ans, au moins, il sera, "Monsieur le Député", avec une cocarde derrière le pare-brise de sa voiture. Il aura, à faire valoir, à la Chambre des députés, ses talents particuliers, susceptibles de le faire distinguer, considérer, éventuellement, comme "ministrable" (s'il fait partie de la majorité, évidemment !).

Le mandat de député exige des dispositions mentales particulières, facilitant le rôle d'intermédiaire entre l'électeur et le niveau décisionnel du gouvernement. Rassurer l'électeur, inquiet des conséquences sur sa vie des décisions politiques, faire remonter vers les décideurs les désiderata particuliers de l'électeur, sans lui garantir imprudemment le succès de sa démarche. Se faire remarquer, cependant, à l'échelle de sa circonsription, par son efficacité, par sa générosité au profit de communes méritantes. Un pareil mandat se soigne, s'entretient, pendant toute sa durée. Je ne me moque pas. Ce sont les députés qui peuvent rendre la République aimable. Ils ont cette obligation de moyens.

Le cas de Thomas Thévenoud, qui vient d'éclater à la figure de la "Majorité", est éclairant. Entré à l'Assemblée Nationale sur la vague rose de 2012, sa vivacité, son éloquence, probablement, l'ont tout de suite institué "mouche du coche", y compris dans le débat déclenché par le scandale "Jérôme Cahuzac", un saint homme au service des finances publiques, possesseur, secrètement, d'un gros compte en Suisse.

Grâce à sa bonne mine, à son zèle, à ses qualités intellectuelles, il a été récupéré par le Premier Ministre pour occuper une place de Secrétaire d'État dans son gouvernement remanié. Mais cette nomination a automatiquement déclenché la transmission par les services fiscaux des particularités de sa conduite en la matière. Et elles n'étaient pas bonnes. Il avait multiplié les ardoises! D'autres fouines que les agents du fisc se sont lancées dans la chasse aux péchés, mignons, ou non. Il avait eu, aussi, des douleurs intolérables à payer son loyer. La crampe de l'écrivain, dès qu'il touchait un chéquier! Ou, "ça lui fendait le coeur"**. 

Il s'en est excusé, humblement. Oui, il avait une phobie "sociale", lui faisant éviter les tâches banales de la vie....sociale, précisément. Les déclarations de revenus, une fois par an, la rédaction d'un chèque à l'intention de son propriétaire, mensuellement. La phobie ne doit pas s'étendre à l'usage de la carte bancaire.

Ce symptôme met-il en cause son aptitude à un mandat de député? Peut-être pas, à la réflexion. Ses courriers sont dictés à une secrétaire, mise à sa disposition par l'Assemblée Nationale. Ses études et rapports sont rédigés par son,ou ses assistant(s) parlementaire(s). Je ne pense pas que la phobie puisse s'étendre au parapheur. De plus, la personne qui lui présente le parapheur tient lieu d'objet contra-phobique!

Ce sera l'affaire de ses électeurs. Il a raison sur ce point. Doit-il "se soigner", comme l'a suggéré le grand frère, Henri Emmanuelli? C'est son affaire. "Ça ne nous regarde pas!"

Sceptique

*Les hommes sont ambitieux par conviction de leurs mérites. Les femmes, par conviction de leur devoir.

**César (trilogie de Marcel Pagnol)

 

 

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