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Sceptique
13 septembre 2014

LA NÉVROSE POLITIQUE (II)*

Le jeune général Bonaparte aurait répliqué à Barras, le véritable Directeur...du Directoire, qui le trouvait trop jeune, pour lui confier des responsabilités, "On vieillit sur les champs de bataille, et j'en viens!"

Ceux qui aiment l'histoire ne peuvent que s'étonner de cette "tranche" de la nôtre qu'a été la Révolution. Si, réellement, son choc n'a pas immédiatement, ni même, "réellement", modifié le fonctionnement de notre société, elle a été un formidable révélateur de talents et de turpitudes, un "ascenseur social" avant même l'invention de cette machine.

Le "névrosé" politique d'aujourd'hui ne peut plus compter sur un contexte semblable. Si la fibre politique vit en lui, elle peut le guider, maintenant, vers la filière spécialisée, dont l'offre s'est enrichie, en raison même de son succès. Et cette filière est en passe de fermer la voie aux autodidactes qui rêvent encore de se hisser au sommet de la hiérarchie politique, grâce à leurs seuls mérites.

La vraie compétition existe encore, mais elle part de plus haut. Au niveau de la partie la plus haute et la plus pointue de notre enseignement supérieur. Condition nécessaire, mais non suffisante, faisant beaucoup de déchets, comme tout le système, d'ailleurs.

Je parie que l'histoire de l'époque que nous vivons retiendra comme exemple le passage de François Hollande par la case "Président de la République". À l'intérieur de cette case, celui du passage du fantasme à la réalité.

Tout a déjà été dit sur sa problématique difficulté à se faire respecter et obéir, au niveau le plus ouvert de la compétition, l'exercice de la Politique. C'est celui où chaque malade de la "névrose politique" se voit compétent en tout. Et a du mal à digérer le choix du peuple en faveur d'un rival présumé nul. Si l'élu a lui-même idéalisé sa pratique de la politique, refusant ses vices reptiliens, il va s'interdire de commander, de dire non, de "virer" le casseur....qui mérite le "Kärcher"!

Par contre, la mise en oeuvre, sans hésitation, sans tergiversations, de la force militaire, au service de la liberté, des victimes des ennemis de cette valeur, a constitué une surprise. L'opération d'un commando de nos forces spécialies sur la côte somalienne, pour arracher un de nos agents, captif des "shebab" depuis trois ans, a échoué, mais l'opération Serval, portant un coup d'arrêt aux djihadistes d'AQMI fonçant sur Bamako, a été un vrai succès. "Sangaris", se portant au secours des centrafricains massacrés par les bandes armées vivant sur le pays, s'est avérée plus difficile, mais les massacres ont diminué en nombre,en fréquence et en victimes. Et maintenant, l'irruption dans la conscience mondiale de l'horreur constituée par les djihadistes de l'État Islamiste met en demeure les responsables du monde de détruire radicalement ce cancer. François Hollande s'est porté immédiatement volontaire, au nom de la France.

Enfin, cerise sur le gâteau**, un article du Point.fr nous apprend que c'est le Président François Hollande, informé par la DGSE d'un déplacement inopiné d'Ahmed Godane, le chef des shebab, geôler et assassin de l'agent Alex, qui a averti Obama, et fait déclencher un raid de drones qui a réduit en fumée le chef de bande. Faute de ces engins, dont nos propres militaires ne voyaient pas l'intérêt, il avait fallu conclure un "contrat" avec les américains. 

La souffrance du névrosé, en fait, de l'homme "normal", est de ne pas être comme il se préférerait. Il s'efforce de rejoindre "l'idéal du moi", programme de sa perfection. Mais pour commencer, il doit accéder à un pouvoir. Soit celui que donne l'argent, soit celui que donne la compétition politique. Pour "faire le président", il faut d'abord être élu président. 

À partir de quoi le combat change, mais continue. Les supporteurs exigent la réalisation du contrat. Dès les premiers coups de canif, les applaudissements se raréfient. Les rivaux supplantés glissent à l'envi les peaux de banane. Les opposants rêvent de coup de grâce.

La déception produite par l'exercice du pouvoir est inévitable. Sa perspective ne décourage aucun postulant. Le passage par le haut de l'affiche suffit au Président, futur ex-Président. Si le pays qui a fait son choix....vite regretté, n'avait pas un réel besoin d'être gouverné, parfois même, remis debout, un seul passage, comme un seul titre olympique, constituerait un précieux souvenir, nécessaire et suffisant.

C'est pourquoi la possibilité d'une réélection, d'une seule, a été maintenue. Le second mandat est souhaité pour sa possibilité, imaginée, de faire mieux après une première expérience, jalonnée de quelques échecs. Mais la plupart des vraies démocraties ont bouclé à deux le nombre des mandats. Le troisième est réellement lassant.

Sceptique

*"Elle" se définit par la conviction que la politique apaisera le sentiment diffus d'inachèvement.

** Poussé à écrire ce billet par ce fait d'armes....je l'avais oublié!

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