L'ARGENT DES AUTRES, OU LA VALSE DE LA CALCULETTE.

Pour mettre un peu de baume au coeur de ses députés "pas élus pour ça", Manuel Valls a annoncé un geste: supprimer la première tranche d'imposition, au taux de 5,5%. Ainsi, un certain nombre de ses électeurs, célibataires ou couples gagnant chacun un smic, échapperaient à l'IRPP, alourdi par les soins de ses prédécesseurs. 

Cela ferait un trou de 3 milliards d'euros pour les finances publiques, et, de plus, un syndicaliste de Bercy, compétent en matière d'impôt, soulignait qu'une telle mesure devrait profiter à tous les contribuables, jusqu'en haut de l'échelle (taux à 45%). "Il" révélait, ainsi que si la base d'imposition positive passait directement de B(5,5%) à C (14%), la tranche à zéro%, (A+B), non imposable, ne le serait pour personne.

Cette évidence, relevant de l'égalité, constitutionnelle, des citoyens, devant l'impôt, ne semblait pas prise en compte par le Premier Ministre, commentant sa trouvaille. Il lui semblait évident que la recette de l'IRPP ne serait pas modifiée, du fait du report du manque à gagner sur les autres contribuables. Sa pensée magique, sur fond de non-compétence juridique, se faisait péremptoire.

Il est évident que la majorité de François Hollande, façonnée par le marxisme le plus pur, s'amputant par idéalisme de la nécessaire contrainte, et de la dévolution à l'État de tous les biens immobiliers, de tous les moyens de production, a un mal fou à prendre le virage social-démocrate. Son bord extérieur est jonché de sorties de route. Les dépanneuses sont débordées.

Quelle sera la suite? La fausse bonne idée de Manuel Valls ne passera au Parlement que grâce à l'ignorance du droit partagée par toute la gauche (Principe de Laignel). Elle va se heurter au Conseil Constitutionnel qui ne pourra que la "retoquer". Dans l'état présenté hier par le Premier Ministre, elle ne devrait pas être applicable dès le prochain exercice budgétaire .

Le bateau France prend l'eau, et gite fort, le port de destination est encore loin, la relève du capitaine pas encore possible. Quant au "toujours raison garder", il n'est pas réclamé. La politique se résume à des coups de menton, sans efficacité et sans lendemain.

Pourquoi cet énorme ratage, dont la fin n'est pas encore visible? Ce mode de pensée économique, abandonné par tous les socialistes pragmatiques, réalistes, prend chaque année du retard sur l'évolution du monde. En France,  il a échoué dès 1981. Seule la stabilité constitutionnelle a sauvé ses promoteurs. Son retour "accidentel" en 1997 a fait des dégâts durables. Quant à l'expérience, légitimée par la voix du peuple en 2012, que nous revivons aujourd'hui, plus personne ne doute de son échec, sauf le dernier carré de la Garde.

Notre civilisation est devenue très respectueuse de la vie. Des hommes, mais aussi, des idées. Pour lesquelles aucun musée n'a été réservé. Les anciens combattants rumineront leur défaite, insulteront la Finance, rêveront d'une revanche. 

Qui sait? "L'obscurantisme ne trouve pas son couvert mis qu'aux agapes de droite" a remarqué Jacques Lacan, le grand méchant.

Sceptique

 Post-scriptum: Manuel Valls aurait "résolu" le problème en abaissant les seuils des tranches C et suivantes. Ce qui fait que des contribuables  de la tranche B (5,5%), qui devaient ne plus payer d'impôt, en paieront beaucoup plus, s'ils entrent dans la tranche suivante (14%).  L'abaissement du seuil représente 2.301 euros de revenu annuel.