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Sceptique
20 septembre 2014

SIXIÈME RÉPUBLIQUE: LA NOSTALGIE DE L'IMPUISSANCE, LA PASSION DU BORDEL.

J'ai connu la IVème République, des années d'après-guerre, la reconstruction plus lente que partout ailleurs, la fin des rationnements, itou. L'omni-présence des gendarmes et des policiers pour empêcher les paysans de travailler, avec, comme conséquence, un "marché noir" moins cher que l'officiel. À quelques kilomètres de ma région natale, la Belgique avait retrouvé une vie "normale". Et nos douaniers fouillaient les adolescents que nous étions, à la recherche d'une tablette de chocolat, immangeable ou fantomatique en France. Quatre ans plus tard, le rationnement était fini, mais beaucoup de champs de ruines, intacts.

La seule certitude était que nous resterions un pays libre. La guerre froide, après le blocus de Berlin, était installée. Nous étions sous la protection garantie de l'Amérique, et le Plan Marshall avait accéléré notre restauration économique. Coalisés, les partis modérés contrecarraient la pression pro-soviétique du PCF. Notre armée tentait même la reprise du contrôle de l'indochine.

J'avais l'âge d'être combattant en Algérie quand cette dernière guerre coloniale, dont l'enjeu dépassait les précédentes, a fini par avoir raison de notre République instable, ingouvernable, et profondément divisée par ce conflit "de taille".

De Gaulle rafla la mise, installa la Vème République, ses institutions conformes à son projet, et imposa alors une solution politique douloureuse au pays. Dans sa quasi totalité, la population ne se reconnaissant pas comme algérienne se rerouva en France "métropolitaine", laissant tout, maisons, fermes, champs, tombes,derrière elle.

Les dix ans qui suivirent virent l'absorption plutôt facile de ces réfugiés, et un développement très rapide de nos infrastructures diverses, de notre développement technologique, civil et militaire. L'économie marchande surfa sur cette rénovation à marches forcées du pays.

La fin de l'intermède gaulliste s'ouvrit sur une "digestion" de la provision laissée, et le début d'un ralentissement de notre expansion, pour finir par son inversion globale, dans les années 1970, marquées par les "chocs pétroliers", qui révélèrent notre dépendance des fournitures du Moyen-Orient, déstabilisé par le conflit israélo-arabe. Nous eûmes à payer notre sympathie pour une partie du conflit.

La présidence centriste et polytechnicienne de Valéry Giscard d'Estaing nous avait légué un programme de centrales nucléaires, qui compenseraient le renchérissement du pétrole. Son successeur socialiste, François Mitterrand, commença à faire de la distribution, larga manu, qui obligea rapidement à faire machine arrière, toute, à reconvertir le Palais de Dame Tartine, en celui de Dame Pain sec. Une cohabitation avec la droite gaullo-centriste sauva la Présidence socialiste. François Mitterrand fut réélu après deux ans de purgatoire, et une gestion socialiste plus prudente, mais émaillée de scandales divers, fit ses cinq ans minimum. Une nouvelle cohabitation aboutit à l'élection "ric-rac" du gaulliste Jacques Chirac, après une "primaire" ,avant la lettre, contre Edouard Balladur.

Deux ans après son élection, une fausse manoeuvre du président Chirac, soufflée par son conseiller préféré, le contraint à une cohabitation avec le parti socialiste et Lionel Jospin pour Premier Ministre. La catastrophe fut frôlée le 21 Avril 2002 avec Jean-Marie Le Pen, leader du Front National, second, au premier tour, derrière Jacques Chirac, mais devant Lionel Jospin. Le front républicain assura à Jacques Chirac une réélection triomphale, suivie d'un quinquennat impuissant. En 2007 le pouvoir présidentiel fut conquis par Nicolas Sarkozy, porté par les attentes d'action des électeurs de droite et du Centre.

Nous vivons la suite, la défaite de Sarkozy, la victoire du socialiste François Hollande, son enlisement rapide dans les difficultés produites par la crise, attribuées à tort à la mauvaise gestion de Sarkozy. Si cette gestion avait été en cause, la "bonne" de François Hollande aurait du donner un résultat rapide. Tout le monde s'accorde, y compris les intéressés, pour reconnaitre que la crise ajoutée aux archaïsmes structurels de la société française est responsable de la situation. Il y a eu erreur de diagnostic et de thérapeutique, à base de sirops divers, pour les uns, de purges violentes pour les autres.

Ce sont justement nos institutions qui permettent la manoeuvre de changement de cap, sans celui du capitaine, ce qui serait impossible pour un régime parlementaire, surtout amélioré par une bonne dose de démocratie directe, de pouvoir de la rue, comme l'espère l'extrême-gauche.

Une VIème République, copie de la IVème, est à éviter absolument.

Sceptique

Sources: le "Monde" daté du 19 Septembre 2014, pages 20 et 21, "Débats".

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