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Sceptique
21 septembre 2014

L'HOMME PROVIDENTIEL: HASARD? OU NÉCESSITÉ?

Notre histoire en relève un certain nombre. Les plus récents sont les mieux connus, les plus adulés, et les plus honnis. Bonaparte, De Gaulle, Pétain, sont apparus comme tels.  De nos jours, c'est à propos de Nicolas Sarkozy que la question, pieuse, ou rageuse, revient sur toutes les pages, imprimées, numériques, proférées.

En médecine, la répétition d'un symptôme enclenche la recherche d'une cause,directe ou indirecte, pouvant mener à un diagnostic et à un traitement de la maladie.

La psychanalyse postule que la répétition, d'un symptôme simple (angoisse, insomnie), ou plus complexe (échec, erreur, conduite), a le sens d'une nécessité, exprime un conflit interne entre la demande de la société et le "sujet" qui doit s'exécuter. Par l'échec, le sujet se saborde. Mais il survit!

Ëtre, devenir, homme providentiel, ne résulte pas d'un destin, d'une programmation particulière qui se révèle dans une situation particulière.Leurs biographies sont épluchées, à la recherche de bizarreries, de circonstances présumées favorables, ou de handicaps surmontés. Le catalogue établi est rarement convaincant. Il n'y a pas d'apprentissage particulier, de formation spéciale, d'excès, ou de déficit, du futur sujet d'une telle aventure. Un "point aveugle" me parait plus probable qu'une acuité particulière de perception de la réalité. Ce point aveugle va protéger le sujet du doute, de l'analyse critique de SA vision des événements.

Il y a au moins deux façons d'entrer dans l'histoire comme homme providentiel. La plus commune est le concours de circonstances à une même échelle, de part et d'autre, du sujet, et de l'environnement événementiel. Ce fut le cas de Bonaparte, général expérimenté, ayant dépassé le stade d'officier subalterne, gagné par les idées révolutionnaires, mais rêvant d'un destin corse, auprès de son héros, Pascal Paoli. Ce fut le cas de De Gaulle, officier en vue en raison de ses travaux théoriques et de leurs applications sur le champ de bataille, dans les circonstances impossibles de la débacle de Mai-Juin 1940. Nommé général de brigade "à titre temporaire", pour pouvoir figurer dans le gouvernement de Paul Reynaud, objet de l'intérêt du Général Spears, attaché britannique auprès du gouvernement français, il tenta de convaincre Weygand de l'avantage politique d'une capitulation des armées françaises, libérant le gouvernement de ses obligations, et lui permettant de s'exiler pour continuer la guerre. Sa "vision" de l'avenir le fit passer pour fou. Il choisit de s'exiler losque que Pétain remplaça Reynaud, et il put user de son grade pour son appel du 18 Juin, dans les heures qui suivirent la conclusion de l'armistice.

Ce fut le cas de Pétain, aussi, dernier survivant des maréchaux de la première guerre mondiale, qui bénéficiait de la confiance des français, et du respect des généraux allemands.

Hors ces situations historiques confuses ou périlleuses, que furent la Révolution* et ses guerres, et l'invasion de la France par les armées d'Hitler**, il ne devrait pas en exister dans les circonstances difficiles, mais banales pour une démocratie, qui font notre actualité. 

C'est, je pense, notre système présidentiel, avec son élection au suffrage universel direct, qui "dramatise", dans les esprits, ceux des candidats, ceux des commentateurs, ce scrutin, exceptionnel dans les pays modernes. De potiche, le Président de la République est devenu la clé de voute de notre système politique. Il est nécessaire aux candidats d'y penser longtemps à l'avance, de s'y voir comme si ils y étaient, de considérer la présidence de la République comme la pièce maitresse le leur personne. Moi, Président de la République, Je, ne peut plus quitter leur conscience, avant, et après l'élection.

Depuis l'instauration de ce mode d'élection, il n'est pas de successeur du Général De Gaulle qui ne s'y soit vu longtemps à l'avance: Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, et, bien sûr, François Hollande. C'est la condition pour être candidat, c'est la condition qui accompagne l'élu.

Il est forcément l'Homme Providentiel pour ses électeurs. De moins en moins longtemps.

Sceptique

*La Révolution fut un formidable ascenseur social. Desservant aussi les sous-sols.

**Jeanne d'Arc fut cet "homme providentiel" à l'orée du 14ème siècle. Elle ne pouvait se penser autrement que l'outil de la Providence. Mais son projet se forgea dans sa tête.

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Commentaires
S
Merci pour votre visite et pour vos remarques. J'ai bien connu la IVème. Le défaut de notre constitution de la Vème République se démultipliait au niveau des partis et de leurs personnalités, pour une efficacité nettement plus réduite. Je pense que notre peuple présente des particularités de fonctionnement et de structuration. Les modèles qui fonctionnent chez les autres ne lui conviendraient pas.<br /> <br /> Mon "dada" est de rappeler nos "modèles" successifs: la ruralité, originaire, la monarchie, apportée par les envahisseurs germains, le catholicisme, vainqueur de la guerre des religions. Ce qu'on sait des peuples gaulois, soumis par les romains, n'est pas incompatible avec le premier modèle.
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P
Très bonne analyse et aperçu de notre histoire complexe, à méditer... <br /> <br /> Il me semble en effet que notre système présidentiel, avec son élection au suffrage universel direct, qui "dramatise", est en décalage avec d'autres systèmes politiques démocratiques, plus modernes, plus simples et donc plus efficaces, car les hommes y prennent moins de place. Je voudrais davantage développer mais n'ai pas le temps et le ferai peut-être sur mon blog.
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Sceptique
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