OBAMA, ET L'INGRATITUDE.
Pour moi, un français, en principe non concerné par la vie politique américaine, mais néanmoins conscient du poids des États-Unis dans la défense de ce que j'appelle toujours le"Monde libre"*, Barack Obama sera retenu par l'Histoire comme un Président intelligent et sage.
Ses vertus, certes, n'ont pas été contagieuses. Les hommes sont particulèrement résistants à ce virus particulier, pourtant inventé par eux, à force de souffrir les uns des autres.
Obama, heureusement pour lui et sa famille, ne subira pas intégralement le sort du Christ, dont le sacrifice n'a pas éradiqué le mal de nos têtes. Lesquelles ont été déclarées sans importance au regard de nos âmes, une autre invention, qui a encore son marché.
Il survivra, bien sûr, à la manifestation d'ingratitude du peuple américain, combinant l'insatisfaction de ses électeurs qui en attendaient trop, et la rage de ses opposants, qui, au contraire, trouvent qu'il en a fait trop, pour les autres qu'eux-mêmes.
C'est la faiblesse de la démocratie, paradigme de l'inconséquence humaine. S'il est vrai que certains dirigeants décevants la méritent, que d'autres, particulièrement nuls, n'auraient pas du être admis à l'examen de passage, rares sont ceux qui ont quitté le pouvoir couverts de fleurs et dans les larmes du regret. Si j'en crois l'histoire, il vaut mieux mourir avant la fin du mandat pour ne pas subir le sort d'un kleenex. La mort réconcilie le mort et les survivants, mais le pauvre, il n'en sait rien!
Si les français avaient le droit de voter aux États-Unis, ils auraient ajouté des millions de votes, gratuits, à ceux que les américains ont donnés.
Si les spécialistes de la politique ont scruté les sondages préliminaires au vote de cette nuit (pour nous), manifestement, les français, obnubilés par leurs problèmes bien à eux, ne seront pas émus par les difficultés qui s'annoncent pour Barack Obama. Notre caractère pessimiste les grossit certainement. Dans notre hexagone en folie, nous avons largement de quoi nous désespérer. Mais ça fait mille ans, ou plus, que ça dure!
Sceptique
*Les États-Unis sont considérés comme des empêcheurs de déconner** en rond par deux catégories de français: l'extrême-gauche, qui sait qu'ils trouveront de ce côté-là une limite à leurs rêves de mise au pas, et l'extrême-droite, qui préfère Vladimir Poutine, son nationalisme débordant, ses méthodes expéditives. "Elle" lui envie la disposition de la Sibérie, car elle ne sait pas où elle pourra mettre ses nombreux ennemis, en cas de victoire. L'extrême-gauche n'a pas moins d'ennemis, mais elle les liquidera sur place, sans trainer.
**Qu'on me pardonne ce verbe osé et violent. Je n'en ai pas trouvé d'autre, plus approprié.