PARIS POLLUÉE, PARIS À VIDER?

Tous les médias, écrits et audio-visuels, sont en émoi: Paris, notre future ex-capitale*, est menacée par les ravages de la pollution, tout particulièrement par les particules fines produites par les moteurs Diesel, des gagne-petits et des radins.

Les parisiens, dans leur grande majorité, ne sont pas en cause, ne sont que victimes innocentes. Beaucoup n'ont pas de voiture, ou ne s'en servent que pour fuir à la campagne les fins de semaine. Les jours ouvrés, ils utilisent les transports publics, bus et métro.

Quant aux services publics du transport, bus, trains et métro, ils utilisent l'électricité, ou le gaz de pétrole.

Alors, quels sont les galeux criminels qui tuent du parisien en l'asphyxiant avec de l'extrait de gazole? LES-BAN-LIEU-SARDS! Tout simplement!

Pêle-mêle: les taxis, les livreurs, les artisans, les maçons, couvreurs, plombiers, électriciens, serruriers, dont les parisiens ont suffisamment besoin, pour faire des travaux, ou réparer les injures du temps, ou les bêtises des occupants. Et tous ces gens se transportent avec leur matériel dans des véhicules utilitaires motorisés au diesel, par souci d'économie. Le prix du carburant pèse sur leur prix de revient.

De plus, leur nombre encombre les rues, pratique le stationnement irrégulier, le "n'importe comment",la double file, attirant les contractuelles, qui verbalisent sans pitié et à tours de bras.

Cette situation ne date pas d'hier, et même du temps de la circulation hippomobile, on parlait des embarras de Paris. 

Quelles solutions à ce problème? L'actuelle municipalité de Paris, à ses débuts, avait simplement considéré la circulation à Paris comme un phénomène à la fois anormal et inutile, produit par l'horreur du vide. Il y avait des boulevards et des rues, les possesseurs de véhicules s'y engouffraient pour s'y promener.

"Elle" entreprit donc, dans une imparable logique, de rétrécir toutes les voies, de façon à limiter la circulation de loisir à une seule file. Seuls les taxis et les bus, vite accompagnés par les deux-roues et les vélos, avaient leurs aises.

Dans un corps humain, le rétrécissement des artères entraine une hypertension, un risque d'apoplexie. Dans une grande ville le résultat fut le même. Si la vitesse moyenne des bus augmenta, celle des véhicules privés de toutes sortes, tomba gravement.

La grande grève totale des transports publics, en Décembre 1995, créa une situation particulièrement grave, une circulation gelée de longues heures, dans toute la ville. C'est pour le coup que les parisiens respirèrent du gaz d'échappement à peine dilué.

Elle mit en évidence la dépendance totale des villes envers leurs transports publics, pas seulement pour la commodité des habitants, mais pour leur santé. La santé dépend des hôpitaux, et pour cette raison, les personnels hospitaliers ne font pas de grèves effectives, entrainant l'interruption des soins. Le prolongement logique de ce constat devrait être l'interdiction faite aux transports publics urbains de faire grève, au même titre que les services de santé et de sécurité. On en est encore loin!

Botter en touche, ou le train des banlieusards, indispensables et indésirables tout à la fois, n'arrangera rien. La solution disponible existe: un service de transports publics étoffé et disponible en permanence, sauf aux heures vraiment creuses de la nuit, de plus nécessaires à la maintenance des voies et du matériel.

Sceptique**

*Si j'emploie cette formule étrange, c'est parce que si la municipalité de Paris persiste dans son ostracisme, la vie deviendra impossible dans la capitale, pour tous ceux qui veulent exercer une profession. Ils ne pèsent pas lors des élections, mais ils fournissent à la ville une bonne part de ses ressources. 

**ex-parisien, à la santé retrouvée à la campagne. Il est pourtant établi qu'un habitant rural pollue plus, individuellement, qu'un citadin. Mais la densité n'est pas comparable.