TERRORISME ET MIMÉTISME.
Sydney, Joué-les-Tours, Dijon, des passages à l'acte se proclamant terroristes, et faisant des blessés et des morts, ont provoqué leur lot d'émotions et de commentaires perplexes. Quelle est la part d'un fanatisme tout frais, ou recuit, ou d'une suggestibilité mentale pathologique, dans ces passages à l'acte?
Doit-on, du côté des responsables politiques, mettre ces actes dans le bilan de l'ennemi djihadiste, admettre les critiques attendues des médias et des citoyens alarmés, ou apaiser les mêmes en soulignant la "responsabilité" de la maladie, frappant le discernement des auteurs?
Il me semble que les responsables de notre sécurité ont le droit, et le devoir, de prendre en compte les deux interprétations possibles. Car le fanatisme n'est pas le propre d'un esprit équilbré, même si le choix parait conscient. Par contre, le fanatique cherchera le renfort d'autres fanatiques de la même cause. Il a la conviction, absolue, de la justesse de son jugement, de la nécessité de l'acte, mais pas le sentiment de toute puissance libérant le passage à l'acte individuel. Le malade mental se méfie des "autres", garde secrètes ses ruminations, et passe à l'acte sans en référer à personne. Par contre, il est influencé par l'actualité. Un mimétisme est à l'oeuvre dans sa pensée, il s'identifie aux auteurs d'actes spectaculaires, réels, mais, parfois, aussi, fictifs. La médiatisation des actes terroristes privilégie les actes réels, en ce moment.
Il y a un lien inévitable entre la réalité d'un danger terroriste, et celle d'une amplification artificielle par mimétisme. La lutte préventive, efficace, contre le premier diminue les risques propres au second, dont le "recrutement" est limité.
Il n'y a pas d'exemple dans nos sociétés normalement "policées" d'un terrorisme exogène chronique. Quand il n'y a pas de solution politique, quand le recrutement des terroristes n'est pas inépuisable, les mesures sécuritaires en viennent à bout. Depuis les attentats des années 1990, la réactivité de l'État se maintient à un niveau satisfaisant, limitant les mauvaises surprises.
Sceptique