DES EMPRUNTS RUSSES AUX EMPRUNTS GRECS, ENTRE BRAS DE FER ET POKER MENTEUR.
"Plaie d'argent n'est pas mortelle" énonce le dicton, et c'est vrai, tant que la perte ne concerne que l"épargne. Personne n'est mort du refus de l'Union Soviétique d'honorer les dettes contractées par le Tsar de toutes les Russies pour équiper son immense empire. Le nouveau régime en profitait pourtant.
Les créanciers de la Russie ont été réduits à garder leurs beaux titres d'emprunt, à réclamer de temps en temps leur dû. Ceux qui avaient été patients ont obtenu une obole symbolique de la Russie post-communiste, sans rapport avec la valeur en monnaie d'origine des titres.
Les grecs pourraient faire la même chose, et je ne doute pas qu'ils en soient tentés, et que, finalement, ils le fassent. Leur problème particulier est leur place dans l'Union Européenne. Si la France, au nom de ses citoyens créanciers de la Russie, n'a pas insisté auprès du pouvoir russe pour qu'il honore ses dettes, c'est d'abord parce qu'il s'agissait de créances privées, conjuguées avec une habitude de ne pas protéger avec acharnement ses citoyens. Il n'y avait pas, jusqu'il y a peu, la médiatisation abondante des turpitudes et des manquements des gouvernements ou des hommes politiques qui les composent, faisant sur eux une pression insupportable.
Le défaut grec leur ferait perdre toute confiance de leurs partenaires et créanciers. C'est ce qu'une Allemagne austère, travailleuse, et près de ses sous, leur rappelle à chaque instant. On sent que la France n'est jamais loin de laisser tomber ses banques, détentrices des titres pourris. Son propre endettement ne la pousse pas à jouer les "mères-la-vertu". Elle est la seule à plaider l'indulgence.
Dans l'état actuel de leur situation, les grecs, leurs nouveaux dirigeants, proches, idéologiquement, de ceux qui ont envoyé aux pelotes les créanciers français du Tsar de toutes les Russies, ne peuvent qu'emprunter encore, ne faire vivre leur pays et ses habitants qu'avec la pension versée par le FMI et l'Union Européenne. Prendre l'argent et le distribuer aux pauvres ferait mauvais effet...à Berlin! Ils ont pourtant une forte envie de le faire, car ils ont été élus sur cette promesse. À cet égard, les grecs, appartenant à l'espèce "homo sapiens", sont aussi candides que tous les électeurs des pays qui pratiquent la consultation populaire. "Demain, on rase gratis", est une pièce à succès infini. "Yaka" est un mot universel ! Mais "yakapapayer" est par contre ordurier, inacceptable.
L'enfumage des créanciers est la seule solution acceptable par eux. Que, surtout, les grecs ne leur signifient pas brutalement, et par écrit, qu'ils ne paieront pas, et qu'ils feront ce qu'ils voudront avec la rente servie.
Tout peut se perdre, sauf l'honneur!
Sceptique