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Sceptique
4 mai 2015

DE OUTREAU À BANGUI, LA PRÉSOMPTION DE CULPABILITÉ.

Une rumeur a éclaté dans le ciel serein de nos ingérences musclées au secours de populations que nous avons eu en charge, et qui sont tombées, en guerre de religion, les pires, avec les civiles.

Celui qui tire l'épée périra par l'épée, aurait dit le Christ. Pour ceux qui usent de la Kalachnikov, il faut la même ou une semblable. Notre intervention à Bangui a fait des morts de part et d'autre. Mais assez rapidement, les tueries ont cessé à Bangui, pour s'enfoncer dans la brousse, car les victimes potentielles se sont agglutinées autour de l'aéroport, où s'installaient en force nos troupes.

Tout donne à penser que nous sommes là pour un moment, car, jusquà nos jours, ce genre de guerre se terminait par une victoire d'un côté, et une défaite de l'autre, contraint à l'exil.

L'objet de cette rumeur se situe au tout début de notre intervention(Décembre 2013), quand nos soldats s'installaient à l'aéroport, en même temps que les civils s'y précipitaient, et y construisaient des abris de fortune. Ils attendaient aussi un secours alimentaire et sanitaire.

Ce serait au cours de cette phase de pagaille, que quelques soldats français auraient monnayé de la nourriture contre des privautés sexuelles. Non pas avec des femmes, mais avec de jeunes garçons.

Ce n'est que plusieurs mois plus tard, après la relève des premiers arrivés, qu'un agent de l'ONU, qui couvre de son autorité l'opération, a adressé aux autorités française un rapport exposant ces faits, dénoncés par ces enfants "victimes". Nos autorités militaires et politiques ont diligenté une enquête "interne", dont n'ont été informées, ni la presse, ni les autorités judiciaires centrafricaines. Et depuis, rien.

C'est alors, que perdant patience, l'employé de l'ONU a livré à la presse l'essentiel de son rapport, déclenchant dans la population une émotion hargneuse envers nos militaires. L'ONU n'aurait pas apprécié le geste de son agent et l'aurait mis à pied. 

En choeur, nos médias et nos politiques responsables, jusqu'au niveau présidentiel, ont gobé l'appat, et ont fait de cette rumeur une Vérité avec un grand V. En l'absence de tout résultat publié de l'enquête.

Difficile de reculer après un tel emballement. En rajouter pour ne pas perdre la figure est tentant. Dans un appel pathétique, le Ministre Le Drian a supplié le ou les soldats impliqués de se dénoncer pour l'honneur de l'armée. 

Selon un témoignage "local" mis en ligne, il ne s'agissait en fait que de prostitution, des deux sexes et d'âges variés. Les "clients" ont été, au pire, imprudents.

Il apparait qu'après nous avoir vu arriver avec soulagement, la population de Bangui, privée de sa bonne guerre, s'ennuie, et a envie d'en découdre. L'envoi dare-dare de nos soldats au confessionnal la distraierait, et lui permettrait d'ouvrir le feu sur les voisins.

Ce qui m'époustoufle, c'est la naïveté de nos responsables politiques, pourtant pas tous "enfants de choeur", qui jouent les rosières, et ne mettent pas en doute la dénonciation et la pureté de son intention.

J'ai approuvé à peu près toutes nos "ingérences", surtout dans nos anciennes colonies en guerre civile*, dont j'estime que nous sommes encore responsables, et nous oblige à répondre à leur demande. Nos militaires sont des guerriers, acceptant d'en prendre tous les risques, et ont droit à notre solidarité, et surtout, à celle des politiques qui ont la responsabilité de leurs interventions.

Sceptique

*Lorsque les nations européennes, au cours de la deuxième moitié du 19ème siècle, se sont partagées l'Afrique, à partir de leurs comptoirs côtiers, elles ont pris en charge des populations très diverses par leur langue ou leur religion. Un siècle plus tard, ces colonies ont pris ou reçu leur indépendance, sans avoir eu le temps de réaliser une véritable unité nationale. Ne pas pouvoir "s'en laver les mains",  est-ce une vertu, ou un vice?

Note du 5 Mai 2015: L'éditorial du "Monde" daté du 5 Mai 2015, est consacré à ce dossier et à son enlisement apparent. Selon ses informations, l'enquête entreprise par "la prévôté"à la suite du rapport de l'ONU,en Juillet 2014, n'aurait pas encore été transmise à l'autorité judiciaire (le TGI de Paris). L'hypothèse que l'enquête soit vide n'est pas soulevée. Il n'y a peut-être rien d'étonnant. En Juillet 2014, les soldats interrogés par les gendarmes n'étaient plus les mêmes qu'en Décembre 2013. Il est peu vraisemblable que les enquêteurs n'aient pas disposé des identités et des localisations des militaires présents sur l'aéroport de Bangui à l'époque des faits dénoncés. Ils n'ont pas récolté d'aveux, ni de dénonciations de camarades. Restait l'interrogatoire des "victimes". Mais l'ONU aurait refusé de nommer les plaignants et de les laisser interroger par les enquêteurs français.

Si cette affaire se révèle un pétard mouillé, des larmes amères couleront en abondance!

 

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Commentaires
S
Très récemment, l'envoyé de l'ONU auteur de la dénonciation, réitérée, a été "licencié" par Ban Ki Moon, Secrétaire général de l'ONU, tandis qu'aucun fait avéré n'était sorti des enquêtes. Ce qui conforte l'hypothèse d'une malveillance, prolongée en calomnie.<br /> <br /> Nos bouillants politiques s'en remettront, comme d'hab!
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Sceptique
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