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Sceptique
16 mai 2015

ENFANTS NÉS PAR GROSSESSE PAR AUTRUI: UN COMMENCEMENT?

Je n'ai jamais hésité à dire et à écrire, que l'enfant n'était pas un "sujet", dans l'esprit de quiconque, avec sincérité. Une confirmation, malgré ses conclusions positives, vient d'en être donnée. Un tribunal de Nantes a accepté, se fondant sur la recommandation de la CEDH, la transposition dans l'état civil français, des actes de naissance d'enfants nés à l'étranger, par "grossesse par autrui", autrement dit, par mère porteuse.

La sentence de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, estimait que la France, en refusant cette transcription, contrevenait aux droits fondamentaux de tout enfant. La position majoritaire en France est encore de ne pas reconnaitre légalement leur existence . Elle est toujours âprement défendue, telle une position sur un front, dont l'abandon aurait comme conséquence un désastre, la disparition de la nation française.

Si les adultes n'accordent que difficilement des droits à l'enfant, ils sont moins réservés dès qu'il s'agit de nouveaux droits pour eux. C'est ainsi que le devoir d'enfanter assigné aux femmes, exprimé sous forme d'interdits symétriques, l'interdiction de la contraception et de l'interruption de grossesse, s'est transformé, une fois balayés les deux interdits cités, en droit à l'enfant.

La société a maintenant le devoir de mettre à la disposition des femmes tous les moyens inventés par la science pour franchir les obstacles naturels ou accidentels à la conception. Parmi les "victimes" des obstacles naturels, les couples d'hommes. Ils ont le droit à l'adoption, mais ses ressources sont très réduites en France, et l'étranger s'est progressivement fermé à l'adoption internationale. 

Il ne reste aux couples d'hommes que le recours à la Grossesse par Autrui, vigoureusement interdite en France. Elle n'est autorisée ou tolérée que dans les pays qui se veulent avancés, et dans ceux où la misère générale oblige à être moins regardant sur les moyens de l'atténuer un peu. Les femmes qui se prêtent à ce "travail" en attendent un soulagement financier. "Elles" n'investissent pas autrement que le souci de "bien accomplir" cette commande qui leur est faite, avec insémination par le sperme d'un des deux parents.

La même opération, un peu plus compliquée parfois, peut se faire au profit de couples ordinaires, frappés de stérilité, confirmée par les échecs répétés de la procréation médicalement assistée.

La société française a le droit de refuser que cette pratique soit autorisée sur son territoire. Elle a raison de considérer qu'aucune femme, en France, ne peut se trouver dans une situation la contraignant à louer son corps pour faire un enfant pour d'autres. Elle a le droit de prévoir des sanctions pour les couples qui transgresseraient leur propre loi. Mais il faut qu'elle limite ses sanctions aux adultes. L'enfant ne choisit, ni ses parents, ni sa façon de venir au monde. La conception inaugure la formation automatique d'un être humain nouveau, qui investira, à sa naissance, les* adultes qui l'attendent. Ce sont eux qui lui diront qui il est, et il ne contestera pas...tout de suite!

Son futur ne dépend que de cet accueil, de cette parole qui le nomme.

Bien sûr, cet accueil n'est pas "gravé dans le marbre". Une adoption peut être réussie, un couple recomposé peut faire aussi bien que l'aurait fait le couple originaire.

Pourquoi notre société est-elle si résistante à toute contestation du présent hérité du passé, à la réflexion rationnelle sur ce qui est, au regard de l'évolution des sociétés. Qui n'obéissent plus, "au doigt et à l'oeil", aux mythes fondateurs, pas si variés que ça, de l'humanité?

Nos sociétés "modernes" sont bousculées par les progrès de la science, ceux de l'économie, qui en majorité, améliorent le sort global des  pays "développés", ceux des moeurs, qui accordent une considération égale à chaque choix individuel, contestent leur positionnement sur une échelle de valeurs. 

La nôtre ( elle n'est pas la seule, mais elle est "notre affaire"), est particulièrement conservatrice, réfractaire à la liberté, plus particulièrement celle des autres. Sa crainte "structurelle", est qu'une liberté accordée devienne une obligation. 

Il y a un partage de la tâche entre ses deux tendances principales: les progressistes défendent toutes les libertés "sociétales", et refusent les libertés économiques, d'entreprendre, de jouir des fruits de son travail, de son audace, de ses talents..

Les conservateurs se cramponnent à la "normalité" en usage, et prêchent la liberté d'entreprendre, qui montre son intérêt ailleurs, particulièrement, il faut le remarquer, là où toutes les libertés sont possibles, dans la limite de celle des autres, bien sûr.

Il n'y a aucune différence, finalement, entre les progressistes et les conservateurs. Aux uns et aux autres leurs libertés sacrées et leurs interdits sacrés.

Sceptique

* "Il" peut être seul, la mère.

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