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Sceptique
4 juin 2015

L'OPINION FAIT-ELLE LES ÉLUS, OU LES ÉLUS FONT ILS L'OPINION?

J'aurais pu ajouter un troisième facteur, les médias, écrits et télévisés, mais je suis loin d'être convaincu de leur rôle réel. Ils sont "suivistes" de leurs lecteurs ou auditeurs, surtout les premiers, les journaux, qui dépendent étroitement des abonnements et des ventes au numéro. Ils fonctionnent comme des miroirs dans lesquels leurs lecteurs se reconnaissent et se voient intelligents.

C'est un article de Gérard Grunberg, un politologue que j'apprécie beaucoup, diffusé par le site Télos*, qui m'inspire. L'auteur analyse les résultats de divers sondages, et en tire la conclusion d'une atténuation sensible du clivage gauche-droite, qui caractérise notre vie politique depuis...notre entrée en démocratie. 

Je ne situe cette entrée, non discutable, qu'avec la IIIème République, après le Second Empire et la guerre de 1870-1871. Les expériences précédentes ont tourné court, vers la dictature ou le rétablissement temporaire de la monarchie.

Gérard Grunberg observe une "droitisation" de l'opinion, à partir de la hausse de la demande d'autorité, d'une remontée du souhait de voir rétablir la peine de mort, d'une intolérance grandissante de l'immigration et de l'implantation de la religion musulmane.

Les personnes interrogées en tirent plus souvent la conclusion que les politiciens des deux camps devraient pouvoir s'entendre sur des mesures indispensables. 

Par contre, il ne signale pas un recul des simplismes en matière économique. Il ne suffit pas que les riches soient privés de paradis. Il faut leur prendre leur argent. La majorité des français continuent à les définir à partir de leur propre situation: "mon revenu multiplié par deux."

Cette évolution pourrait-elle suffire à affaiblir le clivage gauche-droite et à réduire ses effets? Je ne la perçois pas du côté de la classe politique, même si une frange des parlementaires de chaque camp vote au cas par cas pour des projets de loi de la majorité au pouvoir.

Les hommes politiques ne peuvent pas toujours maitriser les singularités de certains des leurs, les "courants" dans leur propre parti. Mais ils ne sont que résignés, ils font "avec".

Nos institutions ne favorisent pas les coalitions trop disparates, les mélanges d'idées "contre-nature". Et des dispositons constitutionnelles font obstacle aux conflits entre les gouvernements et leur majorité. Le dernier mot est réservé à l'exécutif. Ses décisions ne sont sanctionnables qu'au terme du mandat. Il peut arriver qu'elles ne plaisent, ni à la majorité, ni à l'opposition. 

La "rue" peut elle faire fléchir l'exécutif? C'est arrivé, à plusieurs reprises, depuis que nous sommes en République. "Elle" met à l'épreuve le sentiment de légitimité du gouvernement. Il dépend du chef de l'État qu'il y cède, ou non. La République gagne davantage à ce qu'il ne cède pas.

Même si la majorité des citoyens reconnait que la démocratie est "le moins pire" des régimes, c'est du bout des lèvres, c'est de mauvaise grâce. Je ne pense pas que les français soient à la première place, ou dans les cinq ou six premières, de la fibre démocratique. Des atavismes historiques constituent des obstacles, bousculés temporairement lors de la Révolution et des quelques réactivations qui l'ont suivie. Intimement, chaque citoyen pense qu'il est le seul à avoir raison.

Sceptique

*Ma lecture de l'article de Gérard Grunberg est personnelle. Je la recommande. J'ai installé un lien avec ce site (Blogs à Penser).

 

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Commentaires
S
En France, le clivage, le rejet réciproque, et le sentiment de détenir la Vérité sont trop absolus, alors qu'il est évident que les deux opinions comportent des erreurs et des dogmes rigides. Chaque partie a ses gardiens de l'orthodoxie. Chaque partie cultive la passion plutôt que la raison, et exclut l'autre.
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P
Une droite et une gauche distinctes me semblent toutefois nécessaires en démocratie.
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Sceptique
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