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Sceptique
9 juin 2015

UNE CROYANCE ET SA LOGIQUE: LE CAS RAÏF BADAWI

Une théocratie ne reconnait de droit qu'au dieu qu'elle révère et au nom duquel elle gouverne. L'Arabie Saoudite, héritière de la conquête  militaire, politique et religieuse du Roi Ibn Saoud, n'a pas d'autre droit que la charia, qu'elle applique par dévotion.

C'est au nom de ce code pénal, inséparable du Coran, que le blogueur Raïf Badawi, auteur de contestations d'Allah et de son Prophète, des textes inspirés au second par le premier, a été condamné à une peine lourde et barbare, qui révolte les occidentaux que nous sommes. Ce n'est pourtant que depuis un peu plus de deux siècles seulement, que nous sommes libérés de la dépendance du pouvoir politique au pouvoir religieux, impliquant de lui prêter main forte. Le supplice du Chevalier de La Barre, pour cause de blasphème, c'est quelques années avant notre Révolution. 

L'émancipation de notre pouvoir politique, sa laïcité, datent, en fait, de cette date, le 14 Juillet 1789. Le Concordat négocié par Bonaparte a permis la renaissance officielle du culte catholique, mais n'est pas revenu sur la séparation de fait de l'Église et de l'État. En particulier sur l'assistance de la force publique dans les litiges entre l'Église et un de ses baptisés.

Non seulement un état musulman ne peut en être là, mais plus encore, la charia et la peur qu'elle inspire sont les derniers remparts contre la pression qu'exerce notre liberté, notre droit de l'homme, "sans considération de race ou de religion". La peur d'un détricotage de son ordre social taraude le monde musulman, dont tous les gouvernements qui le composent reconnaissent l'Islam comme religion d'État*.

On peut penser que la suspension de la peine la plus cruelle prévue pour le blogueur, les mille coups de fouet, par séances de cinquante, est le fait du prince, aidé dans sa décision à la fois par l'appel interjeté et examiné par la justice saoudienne, et la pression "amicale" exercée par les alliés occidentaux de l'Arabie Saoudite. Mais sa Justice, appliquant la charia, n'a pu que confirmer les chefs d'accusation, et les châtiments qui en résultent. 

Il ne reste pour sauver cet homme qu'une décision du  Roi, le seul à pouvoir donner un poids à l'intérêt politique du Royaume. Il a, autour de Lui, des rivaux, des ennemis, et malgré notre dépendance au pétrole, le sien est maintenant en concurrence avec d'autres fournisseurs, que les états occidentaux n'ont pas intérêt à tenir pour rien. "Ils" font même les objets de chantages complexes. Son prisonnier, irrespectueux d'Allah, y gagne un poids qui n'a rien à voir, en fait, avec les droits de l'homme. La mise sous le coude de la peine de fouet, "pour raisons médicales", une expulsion vers le Canada, une fois obtenue la discrétion de tous les intéressés, serait la solution espérée la plus élégante. 

La comparaison entre les degrés d'évolution des civilisations ne peut être une raison.

Sceptique

*L'échec de tous les "Printemps arabes", sauf un, de justesse, témoigne de la solidité du pouvoir des pères, dans les sociétés musulmanes. Les jeunes y sont réduits à rêver. Ils ne trouvent aucun soutien des vieux au pouvoir. La fissuration du nôtre a commencé au 18ème siècle. Je recommande la biographie de Diderot, par Jacques Attali, qui illustre bien le problème, qui ne nous concerne plus.

Note du 9 Juin 2015: Le Président des E.U. Barack Obama a réagi officiellement à cette affaire, demandant expressément au Roi d'Arabie Saoudite de ne pas appliquer la peine du fouet. Pouvait-il se contenter d'une démarche directe, non publique? Je le pense. À sa déclaration publique, le monarque a réagi par l'éloge de sa justice. Ce qui, en quelque sorte, l'oblige à faire exécuter la peine.             S'il a le droit pour lui, le Roi a l'opinion internationale contre lui. Peut-il la braver sans risque, ne serait-ce qu'économique? À suivre, avec discrétion, tant que la peine du fouet n'a pas été reprise.

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