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Sceptique
20 juin 2015

EUROPE ET RUSSIE: TANT QU'IL Y AURA DES SOUS!

"Face à Moscou, le front européen se lézarde", titrait le Monde daté du Jeudi 18 Juin, p.2. Le forum économique organisé à Saint-Petersbourg va attirer des patrons européens préoccupés par les sanctions économiques décidées par les européens pour exprimer leur désapprobation des vraies incursions des armées russes en Ukraine, aggravées par les mesures de rétorsion prises par Vladimir Poutine.

Le Président russe reçoit aussi des homologues de l'Union Européenne, et il ne manque pas de les plaindre des conséquences sur leur propre économie de ces sanctions et contre-sanctions, se présentant,lui aussi, comme une victime d'une politique "absurde" des européens. 

Plusieurs personnalités européennes, en vacances de pouvoir, sont attendues au Forum. Parmi elles, François Fillon, ancien Premier Ministre du quinquennat de Nicolas Sarkozy, et candidat à la présidentielle de. 2017.

Se réclamant du gaullisme, et de la pensée de Philippe Seguin, François Fillon s'est nettement démarqué de la décision de sanctions économiques prises contre la Russie, en raison de son non-respect de ses engagements à la Conférence de Minsk, devant mettre fin au soutien russe à la rébellion de l'Ukraine russophone, à l'est de ce pays. Contre de multiples preuves, Vladimir Poutine nie l'implication de ses troupes, dépourvues de tous signes d'identification, mais armées comme une guérilla peut difficilement l'être. Des "faits d'armes" comme la destruction d'un avion de ligne malais passant au dessus du champ de bataille à dix-mille mètres d'altitude, sont bien sûr imputés aux bidasses ukrainiens.

Pour une partie minoritaire de l'opinion française, c'est Poutine, le gentil, le type "bien", qui doit servir de modèle au sauveur que nous recherchons. Il a une idée de lui-même suffisamment élevée pour ne pas avoir besoin de l'approbation des européens, des minables dans son esprit, on le sent bien.

Pour les mêmes, à l'inverse, les brutes oligophrènes sont les américains, avec leurs variantes paranoïaques mises en actes dans le monde.

Quand j'examine l'histoire de nos relations avec la Russie, je constate d'abord qu'elles ont été tardives et tragiques.Tardives, la Russie a pris part à la coalition contre les armées révolutionnaires françaises.Tragique,  l'expédition de la Grande Armée pour la contraindre d'appliquer le blocus continental, notre défaite et notre retraite coûteuse. C'est réellement à cette occasion que la Russie a été mêlée à l'histoire de la vieille Europe. Paris a connu son contingent de cosaques. Le mot "bistro", "vite", serait la trace de leur passage.

Par la suite, la Russie a été notre alliée, faisant contrepoids à la montée en puissance de l'empire allemand. Elle a malheureusement subi des revers militaires face aux allemands, et la Révolution de 1917 a entrainé son retrait du conflit, et quelques soucis à notre État-Major. De plus, notre aide financière à son développement, sous forme de prêts privés, n'a pas été reconnue et remboursée par les successeurs bolcheviques. À cette époque, encore, indépendamment de cette affaire de sous, nos politiques ne se sont pas trouvé d'atomes crochus avec les bolcheviques. Nous avons aidé l'Armée Blanche. En vain.

La trahison d'Hitler, avec lequel elle s'entendait si bien, et l'invasion fulgurante de son territoire par les armées allemandes, ont placé l'URSS, remplaçante des tsars, dans le camp allié. Les américains ont mis leur puissance industrielle au service de ce nouvel allié, malgré le fossé idéologique. Les énoncés théoriques des communistes suffisaient à faire dresser les cheveux américains. Mais entre les communistes et les hitlériens, il n'y avait pas photo. Les ennemis de notre ennemi sont nos amis.

Dès avant la résolution du conflit, annoncée par le recul des nazis sur tous les fronts, le bras de fer américano-russe paraissait inévitable, les vues de Staline sur l'est de l'Europe étant très loin du droit des peuples. La guerre froide prit la suite de la IIème guerre mondiale. Le monde libre avait commencé à respirer dès les premiers signes d'affaiblissement du système. Son effondrement, avec la chute du mur de Berlin, ouvrit une nouvelle ère, marquée par la dislocation de l'Union Soviétique, l'émancipation des états de l'est européen, et plus tard, leur adhésion à l'Union Européenne.  Après quelques années de désordre politique en Russie, la personnalité de Vladimir Poutine se fit de plus en plus visible, de plus en plus autoritaire, et la confiscation du pouvoir validée par des élections bien préparées.

Le premier acte de reprise en mains de l'empire fut l'action en Géorgie, dont deux enclaves rattachées par Staline déclarèrent leur indépendance. La réaction du pouvoir géorgien se heurta à des forces bien russes, malgré l'absence de signes d'identification. La médiation de Nicolas Sarkozy évita le coup de force contre le pouvoir politique de Sakachvili. Mais force resta...à la force. L'Abkhasie et l'Ossétie du Sud se mirent sous la protection du russe.

Les "bras de fer" suivants impliquèrent l'Ukraine, dépendante du gaz russe, mais ayant quelques difficultés à le payer à un tarif non préférentiel. L'Europe de l'Est pâtit de la fermeture des vannes de Gazprom, le bras  "bionique" de Poutine. La probabilité d'une mise au pas de l'Ukraine commença à inquiéter l'Europe et son allié américain.

Une révolte "de droite", contre la potiche chargée de tenir une Ukraine très attirée par l'Union Européenne voisine, dégénéra en "révolution", la fuite du titulaire, et l'élection d'un oligarque ukrainien, Petro Porochenko. L'enthousiasme des ukrainiens nationalistes fut vite refroidi par une "contre-révolution" déclenchée par les mineurs russophones de l'est ukrainien. Les partisans, en uniforme impeccable, sans insignes,mais à l'armement dernier cri, les mouvements de troupes et de blindés à la frontière, troublaient tous les esprits. Grâce à un appui russe évident mais nié, l'Ukraine a été contrainte de renoncer, "de facto", à sa souveraineté sur ses provinces de l'Est, et les violations réitérées du cessez-le-feu maintiennent le doute et la tension. Poutine s'est payé grassement de ses services: il a annexé la Crimée.

Poutine est le restaurateur de la tradition tsariste, et stalinienne, d'usage de la force, d'usage de l'exil ou de la déportation en Sibérie, la grande conquête, fabuleuse, mais aux hivers terribles, des tsars.  C'est cette brutalité, l'usage délibéré de l'assassinat des contestataires, qui sème le trouble dans nos esprits. L'ouverture qui a suivi la "glassnost" n'a pas duré. Il est vrai que les divers désordres, économiques, financiers, sociaux, rendaient désirable un retour de l'ordre. Une fatalité? Il est possible que la Russie reste à jamais différente de l'Europe occidentale, qu'il soit vain d'attendre son évolution vers nos libertés fondamentales. Mais dans ce cas, "elle" ne peut être un vrai partenaire. "Elle" n'est, ni asiatique, ni européenne. Simplement, russe.

Il lui revient exclusivement de démontrer le contraire. Nous devons éviter d'y "croire", à sa place.

Sceptique

 

 

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