ET SI NOUS CESSIONS D'ATTENDRE UN MONDE MEILLEUR?

Attendre, espérer, souhaiter, sont le propre de l'homme, de tous les temps. Pas seulement le 1er Janvier. On ne peut que conclure, d'une part qu'il ne se passe rien qui semble exaucer nos voeux, mais, au contraire, que les maitres du monde ne travaillent qu'à la prolongation de leur pouvoir.

C'est un article de Brice Pedroletti, correspondant du Monde à Pékin, qui réveille mon scepticisme. Le journaliste nous explique que le nouveau maitre de la Chine trouve très conciliables les ambitions de première puissance mondiale du monde, en remplacement des États Unis, et le maintien des limites à la liberté d'expression. De penser est plus difficile, mais l'essentiel est d'en dissuader l'expression (publique) pour tous les chinois sans exception. 

La démocratie et ses libertés ont constitué la norme souhaitée, parfois imposée, par les États-Unis. La puissance économique, militaire et politique, de la Chine, ses principes de coercition exercée sur les esprits rétifs, constitueront tout naturellement le modèle choisi par les états qu'Elle prendra sous son aile. L'extension de cette coercition aux états associés, par choix, ou par nécessité, se traduira sous forme de sanctions économiques, décidées, adaptées, et mises en oeuvre par le protecteur. Car il n'est pas question d'expéditions punitives, d'intrusions dans la gouvernance de ces états.

Il faut retenir notre étonnement. Il y a quelques millénaires que le monde humain égrène des modèles de domination, définis par le dominateur. L'Égypte des pharaons, l'Assyrie babylonienne, les grecs d'Alexandre le Grand, Rome, unie, puis divisée entre Rome et Bysance, ont marqué leur temps et ses cultures. 

Puis ce fut le monde arabe, et le monde ottoman, qui se succèdèrent sur les rives est et sud de la Méditerranée, et, à la place de Rome, les royaumes germaniques, réunis en empires, de Charlemagne, de ses successeurs germaniques après sa mort et le partage de son territoire. Une constante se dégage de l'examen des événements, la volonté de puissance,consciente, lucide, la soumission des tribus indépendantes, la conquête et l'unification religieuse comme politiques. Le pré carré, le "samsuffit", ne sont pas des vraies valeurs humaines.

Les dernières expressions dans notre monde occidental de cet impérialisme sont les passages à l'acte du nazisme, du fascisme, puis la "guerre froide", soutenue par l'URSS et ses satellites pendant plus de trente ans. Les actes de la Russie d'aujourd'hui sont-ils défensifs, tournés contre l'Union Européenne prosélite, les États-Unis se prétendant gendarmes du monde, ou nostalgiques de la poigne stalinienne? L'opinion se divise sur ce sujet.

Derrière toutes les prétentions à la vraie indépendance, refusant la discipline internationale, il y a le rêve d'une accession au grade supérieur, de "caïd" local, au moins.

Je constate que les dirigeants du monde sont conscients de cette compétition, de cette répétition, malgré leurs "ronds de jambes", leurs discours apaisants. Ce sont les peuples, absorbés par leur vie quotidienne, qui prennent du temps à distinguer le mal que leur veulent d'autres, sous la direction de leurs maitres. Ils seraient volontiers pacifistes, et prompts à lâcher quelques morceaux de leur souveraineté, pour calmer les revendications.

Les démangeaisons chinoises, aussi bien emballées qu'elles soient, ne devraient pas nous surprendre, mais nous faire sortir de nos rêves, quand même.

Sceptique