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Sceptique
4 juillet 2015

UN VENT DE PESSIMISME SUR LE MONDE "LIBRE".

Le souvenir de leurs premiers revers face aux fascismes, des menaces très concrètes et sérieuses de l'impérialisme communiste, contenues jusqu'à l'effondrement inattendu, est tenace chez les peuples d'Europe, en première ligne de presque toutes les crises. Ils sont les premiers à douter de leurs valeurs, à se contraindre, aussi, à "comprendre" l'hostilité ou le mépris des hommes qui fonctionnent sur le mode traditionnel, "naturel", des rapports de force.

On ne peut leur reprocher de s'astreindre à ne pas" faire aux "autres" ce qu'ils n'aimeraient pas qu'on leur fasse". Et de se diviser sur ce point, dès qu'il s'agit de se défendre, d'entrer en lutte contre ceux qui se démasquent comme ennemis.

Les dits ennemis ne se gènent pas de mettre le doigt sur leur contradiction:"vous prétendez à des valeurs que vous n'accordez pas automatiquement à ceux qui vous combattent." Au nom, justement, de la supériorité que vous postulez aux vôtres.

Leur argument "massue" est que nos valeurs sont l'aboutissement d'une réflexion d'hommes sur eux mêmes, sur leur histoire jalonnée de crimes, d'abus de pouvoir, de la force. Tandis que les leurs ont été dictées par leur Dieu, pour l'éternité, et ne souffrent aucune discussion.

Cet argument nous laisse sans voix, sans autre droit que celui que nous nous accordons, soit comme non-croyants, soit comme adeptes d'une religion différente..

Nous avons rejeté de notre interprétation de la réalité humaine toute idée de destin, contraire à la liberté, et aux droits de l'homme. Mais nous sommes impuissants face à l'inégalité de fait entre les hommes, dont la tendance lourde est de se reproduire de génération en génération, avec très peu d'échappées. Liberté et égalité apparaissent comme incompatibles. Il faudrait, en principe, limiter la liberté, s'opposer à la volonté individuelle, pour aboutir à une égalité contrainte. Tout le monde ne se satisfait pas de la notion d'égalité des chances, incalculable.

La promesse d'un destin enviable en échange d'une soumission à un ordre divin peut être séduisante pour ceux qui ne se sentent pas la force de le réaliser eux-mêmes, ou se sentent rejetés par la sélection humaine. C'est ce qui arriverait à ces jeunes, qui, grandis dans notre société individualiste, compétitive, peu solidaire en profondeur, se sentent victimes d'un destin négatif, les excluant de la partie nantie, soit du fait d'une réussite sur plusieurs générations, soit du fait d'une protection statutaire, appréciée par la famille et recommandée par elle.

Ce n'est pas seulement en raison de son laxisme idéique et moral que notre société est haïe ou méprisée par les traditionalistes des diverses religions. C'est aussi parce qu'elle masque l'identité originaire , au profit d'un autre conformisme. Il se trouve aussi que des personnes, hommes ou femmes, ne supportant pas le vide du surnaturel éprouvent le besoin d'une religion, et sont séduits par l'offre salafiste, à la fois totale et simple. La demande de sacrifice vient après.

Une fracture franche de la communauté française s'est établie entre cette frange absolue et fanatisée, qui a mis en actes son projet de guerre entre elle et la société impie que nous constituons. Sa récompense devra être, à terme, la prise du pouvoir, légitimé par le soutien divin. La valeur militaire s'acquiert, pour le moment, sur les théâtres d'opérations où la perspective de victoire ne connait pas encore de faiblesse, malgré l'engagement des forces aériennes des occidentaux. Ceux qui en reviennent vivants ont l'expérience du combat, la passion nécessaire pour convaincre et recruter, et l'esprit de sacrifice pour des attentats qui frapperont les esprits, mais  mettront à leurs trousses les meilleures polices de France. 

Comme la situation sur le théâtre de référence, le Moyen-Orient, est encore favorable à l'E.I. (ou Daech), malgré quelques coups encaissés de la part des kurdes ou de l'armée régulière syrienne, elle nourrit la crainte d'un pourissement de la situation en Europe, où la France semble maintenant en première ligne. Et l'échec de l'Union Européenne sur ce plan de la solidarité défensive, au niveau des opinions en tout cas, est patent. 

Les fantasmes d'une nouvelle bataille de Poitiers, cette fois-ci gagnée par les vaincus de 732*, vont bon train.

Sceptique

*Qui ont, en fait, décroché au lendemain d'une bataille confuse, mais marquée par la mort  de leur chef.

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