UN "GREXIT" (DE LA ZONE EURO)? ET SI C'ÉTAIT L'ALLEMAGNE QUI MÉRITAIT D'ÊTRE VIRÉE?

C'est la thèse, surprenante, mais logique, que développe Stéphane Foucart, l'écologiste "maison" du "Monde", dans sa chronique "Planète" datée du 7 Juillet 2015 (p.28).

Aux 320 millions d'euros empruntés par une Grèce, bucolique et cigale, au long des années qui ont précédé son admission dans l'Union Européenne, puis, dans la zone euro, et que sa faillite avouée d'aujourd'hui désigne comme insolvable à court terme, notre censeur patenté de l'humanité énergivore a établi la facture de la pollution que la puissante industrie allemande, plus encore la chimique que la métallurgique, commet sur une bonne partie de l'Europe du Nord-Est.

S'appuyant sur une étude, auto-saisie, évaluant l'impact d'une pollution chimique, composée d'une quantité notable de "perturbateurs endocriniens"*, sur la santé et la fertilité des mâles européens, tout en reconnaissant que ses résultats ne font pas l'unanimité des scientifiques, il reprend l'évaluation du coût de cette pollution à 1,13% du budget européen, soit une somme de 157 millions d'euros par an. Ce qui ferait un total de 1.570 milliards d'euros, pendant le temps qu'il a fallu à la Grèce pour arriver à ses 320 millions de dettes.

Brandir ces chiffres sous le nez de la dure Allemagne, qui se veut la fourmi de la fable, qui défend les portefeuilles de ses citoyens, appelés par les bien-pensants à donner encore plus pour le maintien de la Grèce dans la zone euro, est voué à l'échec. Le "c'est beau, c'est grand, c'est généreux, la France", ne concerne que nous. Le problème est que nous n'en avons plus les moyens, notre involution nous ayant placés à mi-chemin entre l'Allemagne et la Grèce.

Évaluer une pollution de l'air, de l'eau, du sol, est à la portée des chimistes. L'extrapolation de quelques uns de ses dosages à l'ensemble des territoires concernés, "sous le vent" des lieux de production, peut provoquer le dressage des cheveux sur la tête de personnes bien conditionnées. Mais prouver leur impact sur la santé, contre les chiffres de la mortalité, de l'espérance d'une vie active et agréable, est plus délicat. La dénatalité allemande est un problème de société et non d'infertilité. Les immigrants en quête d'une vie meilleure, permise par un travail, préfèrent une Allemagne "irrespirable" à une "douce France" de chômeurs xénophobes.

L'attribution de l'augmentation de certaines pathologies, parallèlement à l'amélioration de l'économie permise par le développement industriel, aux pollutions que cette industrie entraine, est un raccourci facile. L'amélioration du niveau de vie, celle de l'offre alimentaire, quantitative, n'est pas immédiatement suivie, pour des raisons de goûts et de coûts, par une amélioration qualitative. Le plaisir de manger passe avant la préoccupation des conséquences sur la santé. Un emploi est une meilleure garantie du niveau de vie, que l'existence d'organisations caritatives. 

Redevenir un état européen non membre de la zone euro peut être vu comme humiliant, mais ne sera pas mortel pour la Grèce si elle en profite pour améliorer enfin sa gestion, se doter d'un état, mettre en valeur ses atouts, plutôt tournés vers le tourisme, ou l'accueil des retraités nordiques. Il faut bien, un jour, sortir de la fiction, être ce qu'on est, et non faire semblant d'être ce qu'on aimerait être.

Sceptique

*Les "perturbateurs endocriniens" sont des produits chimiques, dont la structure est proche de celle de nos hormones sexuelles, testostérone ou oestrogènes. Mais leur présence résiduelle, dosable par les méthodes d'aujourd'hui, est à un taux très inférieur à celui de nos hormones dans notre corps. Aucune pathologie, endocrinienne, ou cancéreuse, n'a pu leur être imputée formellement. Il ne s'agit que de suppositions, de soupçons. Nous vivons mieux, et plus longtemps, mais il est vrai que, le plus souvent, nous tombons malades avant de mourir.