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Sceptique
17 juillet 2015

"LE PAPE FRANÇOIS EST-IL UN GAUCHISTE?"

La tournée sud-américaine du Pape François, lui-même originaire de ce continent, aurait fini, tôt ou tard, par faire surgir la question. Car il n'a cessé de fustiger les inégalités de ces sociétés, issues de la colonisation, pour l'essentiel hispanique et portugaise, et donc catholique. Le libellé de mon titre était dans la lettre du Point de ce matin.

L'inégalité au sein des sociétés nombreuses, contraintes à un développement économique minimum, et à une structuration sociale hérarchisée, semble bien un fait de nature. Humaine. Mais la capacité de l'homme à se juger lui-même, individuellement, et collectivement, a permis le développement d'une auto-critique, parallèlement à celui des sociétés.

L'homme résiste à la résignation. À l'imperfection, à l'inégalité, à l'injustice. Mais ces défauts....lui résistent. Obstinément.

Les tentatives de correction collective des sociétés imparfaites, ont, l'une après l'autre, sombré dans la caricature sanglante. Les sociétés parfaites dans leurs principes deviennent perverses dès leur application concrète.

Pour les religions, toutes les religions, là encore, dans leurs intentions, la prise en compte de l'imperfection des hommes et des sociétés qu'ils constituent,  est un préalable, et c'est sur les réactions individuelles aux diverses formes d'inégalité et d'injustice, qu'elles comptent. Il appartient aux riches de redistribuer une partie de leur richesse, la plus large possible. La récompense sera versée à leur âme*.

Il faut bien constater la constitution d'une différence d'application de ces principes fondamentaux, entre le catholicisme, et ses schismes protestants.

Le premier attribue la richesse à un comportement anormal d'acquisition et d'accumulation, et aboutit donc à la stigmatisation de ses riches, et à leur réflexe de dissimulation. Ils se contraindraient à la générosité, ils en seraient récompensés par davantage d'opprobre. Du coup, la redistribution n'est pas leur fort. La menace de l'enfer fut nécessaire.

La réforme protestante a modifié l'analyse du phénomène d'enrichissement, sans pour autant modifier le jugement moral de l'inégalité créée. La richesse est une faveur divine qui oblige le bénéficiaire à davantage de charité envers ceux qui sont restés pauvres. La limite est le maintien de la situation de riche, créatrice d'une mission, et du devoir de l'accomplir.

La différence des points de vue est radicale. La richesse résulte d'un péché dans la première vision, et son maintien l'aggrave. Dans une société catholique, la pensée de gauche est cohérente. Les gauchistes peuvent se reconnaitre dans les imprécations du Pape François.

Leur différence est dans les moyens. Saisir le superflu par la confiscation fiscale pour les politiques, rappeler aux hommes leurs devoirs pour les religieux. Le pouvoir est extériorisé, et le réflexe est de lui résister. Les sociétés catholiques ont une difficulté évidente à pouvoir compter sur les valeurs qu'elles sont censées avoir enseignées. Elles restent inégalitaires et doivent se fustiger. Le Pape les exhorte à plus d'efforts, condamne leur dureté de coeur. 

Les sociétés protestantes, je le rappelle, défendent la primauté de la responsabilité individuelle. La contrainte ne doit pas compenser ses défaillances. Elles sont donc, en fait, plus profondément inégalitaires, mais la conscience d'un avantage sans mérite particulier crée des obligations supplémentaires. L'impôt y est mieux accepté, comme contribution ajustée à la bonne marche de la société. Car il n'est pas vu comme un instrument punitif, de nivellement, de redistribution sociale forcée.

La modernisation des deux modèles de société, et l'individualisation qui en résulte, les a forcément rapprochées, et obligé leurs politiques, de part et d'autre, à s'interroger sur leurs valeurs, sur leurs manquements à celles-ci.

Les chercheurs de puces en trouvent de plus en plus. Leur traitement se fait plus contraignant. Mais le Pape n'engueule que les catholiques.

Sceptique

*"Ils" doutent de plus en plus de la réalité de cette menace. Pour beaucoup de monde, la religion n'est qu'une vague assurance-éternité. À la discrétion de l'assureur.

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