Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
26 juillet 2015

UN FÉTICHE.

Un "fétiche", selon la définition que lui a donnée Sigmund Freud, observant son utilité dans certaines situations humaines, peut être celle d'abolir la libre disposition de soi, contre une soumission à un scénario érotique, comprenant un objet obligatoire(vêtement, accessoire). Celle, aussi, de neutraliser les divergences banales, au profit d'une union sacrée, autour d'un objet muet, mais chargé de significations, et, de fait, assigné à ce rôle.

C'est ce qu'est devenu Vincent Lambert, un accidenté de la route, vivant, grâce à une assistance permanente, mais en état de conscience "limite", défini par les observateurs, puisque n'ayant pas d'expression extériorisée par la parole ou un comportement volontaire, assimilable à une communication "analogique".

Par son état, le grand blessé a perdu son statut de "sujet". En supposant qu'il soit conscient de son état et de ce qui est dit de lui, de ce que les uns ou les autres pensent de son présent ou de son avenir, il ne peut en livrer une expression interprétable de manière convaincante. C'est une forme, au mieux, de "locked-in syndrom"*, prouvé chez des victimes d'accidents vasculaires cérébraux, plus difficilement à la suite d'un grave traumatisme cérébral, multi-lésionnel.

Cette possibilité est devenue une conviction pour sa mère, une partie de la famille, et des "supporteurs", animés par la sacralité de la vie, sa non disposition par qui que ce soit, y compris par le sujet lui-même.

C'est au nom de ces principes que ce qu'Il a dit avant son accident, à savoir que s'il en avait un, mettant en doute son futur physique et psychique, il ne voulait pas être réanimé, est considéré comme nul et non avenu par les partisans de la prolongation de l'assistance.

En face de ces partisans, l'autre partie de la famille, dont l'épouse, dont la propre vie est brisée, ses médecins, la justice, à ses plus hauts niveaux, et la majorité de l'opinion, considèrent comme raisonnable de ne pas s'acharner, de le libérer d'une vie de "légume", dont Il ne voulait pas. 

Il suffira que l'hydratation et l'alimentation artificielles soient interrompues pour que la mort survienne "naturellement", au bout d'un "certain nombre de jours". "Il" est dans un état végétatif. Il n'exprime aucune souffrance, aucune "demande". Il devrait "partir" sans souffrance.

Mais cette représentation est difficilement soutenable pour des humains conscients, projetant leur propre angoisse sur le "condamné". Or, notre législation n'admet aucun moyen actif raccourcissant l'agonie. 

Le "scénario" autorisé par les décisions judiciaires met à l'abri l'équipe soignante de toutes poursuites, si "elle" s'y limite. Mais pas des vengeances ruminées par les supporteurs de la mère et de la famille opposée à la mort,  par quelque moyen que ce soit. 

Se sentant sans défense, l'équipe médicale a préféré s'abstenir de l'acte autorisé, et, dans un premier temps, déclencher la procédure de mise en tutelle renforcée, retirant à l'épouse ses responsabilités, sans pour autant permettre à la mère d'accéder à une restauration "de fait" de sa fonction maternelle. Que ce soit un représentant de l'État qui assume la décision, se substituant au "sujet", empêché.

Ce n'est pas une dérobade, mais une précaution, justifiée par les risques propres à tout fanatisme. Le problème est de trouver un tuteur, qui accepte la charge.

Sceptique

* "locked-in syndrom": présentation clinique identique, mais le sujet, conscient et incapable de communiquer par les moyens habituels du langage ou de l'écriture, en invente un, décodable, pour exprimer sa volonté ou son vécu.

Publicité
Publicité
Commentaires
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité