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Sceptique
3 août 2015

LES ENFANTS N'AIMENT PAS L'ÉCOLE. VOUS NE LE SAVIEZ PAS?

Grand émoi à Melun, où dans la nuit du 2 au 3 Août, quatre classes d'une école maternelle ont été saccagées, vandalisées, par une bande d'une quinzaine d'enfants, pris sur le fait, âgés seulement de 13 à 5 ans.

Comment est-ce possible, se disent les adultes, enseignants, édiles, parents, suffoqués? Ce n'est pourtant pas la première fois que se produit ce type d'événement, le plus souvent dans des quartiers difficiles.

Qui témoignent de quoi? D'une carence éducative, bien sûr, le respect de l'outil de la connaissance n'étant plus arrimé à celui du contenu, le savoir.

Mais pas d'un changement du vécu scolaire des enfants, sages, ou non. Non, spontanément, l'enfant n'aime pas l'école. Il sait que "ce n'est pas bien", et mentira facilement sur ses vrais sentiments. 

À mon âge, j'ai toujours en tête le "Chant du Départ", spécifique des écoles, entonné le dernier jour de classe par les élèves:"Gai, gai, l'écolier, c'est demain les vacances, Adieu les analyses, les verbes et les dictées, tout ça c'est d'la bêtise...." Vous trouverez la suite sur Google, ainsi que les traitements sadiques promis à la maitresse et aux personnels de l'école. Rien d'un amour, gratuit, laïque, et obligatoire!

L'instruction n'est, dans l'esprit des adultes qui l'ont conçue et organisée, qu'une nécessité, permettant que les connaissances acquises par une génération ne soient pas intégralement perdues par la suivante. Il y a des siècles que nos sociétés ont fait du savoir une valeur, un facteur de force et de cohésion de la société, de plus en plus nombreuse et structurée au fil du temps. Les souverains, les églises, ont éprouvé la nécessité de disposer de cadres ou de pasteurs , et d'élèves destinés à les remplacer. 

Mais il est vrai qu'il ne leur paraissait pas indispensable de former tous les sujets, par une instruction massive, obligatoire, jusqu'à un niveau minimum, comme le fut l'enseignement primaire, voulu par Jules Ferry.

Nos ancêtres n'ont pas tardé à s'apercevoir que cette "chance" offerte à tous les enfants restait relative dans ses effets. Si, dans une famille, l'émergence d'un "bon élève", accédant à un niveau professionnel inespéré, transformait le destin de cette famille, le bouleversement de la société ne pouvait être fulgurant. Un cas particulier n'a pas échappé aux témoins: les premiers instituteurs recrutés ont été à l'origine de familles accédant aux études supérieures, formant la base de la classe moyenne. Le phénomène est encore observable, mais s'est décalé vers le haut. Les bénéficiaires d'études supérieures reproduisent l'ambition pour leur progéniture, telle qu'elle les a portés eux-mêmes.

La conclusion dépitée de ceux qui attendaient de l'instruction publique, comme le sociologue Bourdieu, une réelle égalité, des chances, au moins, est, qu'en fait, "elle" reproduit telles quelles les strates de la société.

Deux évolutions de l'enseignement public semblent des tentatives d'adaptation, ou de neutralisation, de ce constat cruel. La plus visible est l'abaissement des exigences pour accéder aux niveaux supérieurs, permettant d'obtenir des pourcentages de succès au baccalauréat, dignes d'élections soviétiques. Les illusions tombent à l'Université.

L'autre est l'abaissement des exigences de la formation depuis le niveau primaire, jusqu'au secondaire, pour ne désespérer, ni Billancourt*, ni Neuilly. L'exigence de perfection a été abandonnée aux familles, qui compensent, quand elles le peuvent, les insuffisances, par les cours particuliers, ou le recours à l'enseignement privé. Il est évident que le niveau de revenu, donc le statut professionnel et social, sera déterminant dans la reproduction du niveau social.

Pour en revenir au point de départ, l'école laïque, gratuite et obligatoire, résulta d'un acte politique fort, et non d'une demande. L'exigence venait d'en haut, des enseignants. Pourquoi ceux-ci la formulent moins vigoureusement, n'accompagnent plus la demande des parents, se soumettent à la démagogie des politiques? Je n'ai pas de réponse. Tout le monde se plaint, les chiffres sont accablants. Tandis qu'il n'est question que d'allègement des programmes des enseignements fondamentaux, de recherches d'enseignement ludique.

Sceptique

*Billancourt était le lieu d'une importante usine des automobiles Renault. Certaines décisions politiques y semaient un émoi converti en grève. D'où cette expression devenue obsolète, car l'usine est fermée.

 

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