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Sceptique
9 août 2015

QUELQUES RÉFLEXIONS (LIBRES) SUR L'ARME NUCLÉAIRE.

Les soixante dix ans, de la bombe A sur Hiroshima, puis, sur Nagasaki, viennent d'être commémorés. Il me semble qu'avec le temps, la raréfaction des témoins des événements, le sentiment de la nécessité de les utiliser s'est affaibli, celui de la culpabilité s'est amplifié. "On" se demande si c'était bien nécessaire, si l'arrêt rapide de la guerre, qui a suivi, leur doit quelque chose.

Je suis un survivant de cette période, j'avais 14 ans en 1945, et je m'informais avidement des événements. J'étais déjà un "sujet*", et je ne désavoue pas ce que j'ai pensé à l'époque. La résistance japonaise était acharnée. Aucun combattant japonais ne se rendait. La conquête des îles qui rapprochait l'armée américaine du sanctuaire que devait être l'archipel nippon, se comptait en mètres. Le prix, pour cette échelle de distance, se comptait en milliers d'hommes. C'était le temps où les jeunes pilotes japonais ne se formaient qu'à la manoeuvre des bombes volantes, qu'ils conduisaient directement sur leur cible. Une bombe, un pilote. Leur nom commun, kamikaze**, s'est gravé dans l'histoire des hommes. Sous d'autres formes, le procédé fait partie définitivement des formes de combat.

Le monde ordinaire était dans l'ignorance de la préparation de cette arme secrète, application logique de la science de la physique nucléaire. Si quelques savants savaient de quoi "elle" serait capable, c'était leur secret bien gardé. L'aviation américaine, dûment préparée, largua successivement les deux prototypes construits à partir des calculs théoriques. Un essai à El Alamo, resté secret, avait confirmé que "ça" marchait.

Leur effet, confirmé par les reconnaissances aériennes, et par les actualités japonaises, fut assez terrible pour faire douter d'une absence de réaction des maitres militaires et politiques du Japon. Elle se fit pourtant attendre; et les propres doutes du président Harry Truman furent renforcés. C'est pourquoi il tenait tant à l'entrée en action sur le front asiatique des forces soviétiques.

L'empereur Hirohito prononça enfin l'annonce de la capitulation du Japon. Mais qu'elle ait été obtenue à ce prix continua à ronger les consciences. L'arme nucléaire devint le symbole du bellicisme, du militarisme, bannis de l'humanité normale, saine. Candeur!

Il y avait eu un avant, et il y eut un après. Avant, ce furent les efforts des nazis pour parvenir avant les alliés à la mise au point, déterminante, de l'arme nucléaire, et de ses vecteurs, que la Luftwaffe ne possédait pas. Les alliés menèrent toutes les actions secrètes nécessaires pour empêcher les allemands d'atteindre le but.

Après, ce furent les efforts, tenaces, de l'Union Soviétique, aidée par des espions professionnels, et les bénévoles, soucieux de ne pas laisser l'arme nucléaire entre les seules mains des américains. De toute façon, le secret de fabrication était devenu "de Polichinelle", et s'en donner les moyens était une question de volonté.

De nos jours, l'équilibre des arsenaux nucléaires est devenu tel, que l'arme ne peut plus servir, sauf à accepter son propre anéantissement. Sa possession incite à la sagesse. Les conflits ne sont plus que rarement frontaux, et remplacés par des actes de terrorisme, qui ont cette particularité de ne pouvoir être dissuadés à partir des cibles menacées. Il faut tenter d'atteindre les bases d'organisation. Le renseignement l'emporte sur la puissance de feu.

Alors, disent les sages, pourquoi ne pas renoncer, tous, collectivement, possédants de la bombe, et tentés de la posséder, à leur existence, dans nos arsenaux, nos "forces de dissuasion"? Une humanité SANS LA BOMBE.

Une telle décision n'est de la compétence et de la sincérité que des puissances nucléaires. Mais je me demande si c'est une vraie bonne idée. Si l'existence de "gendarmes" n'empêche pas la petite délinquance, les phénomènes de la première moitié du précédent siècle, fait d'invasions, de conquêtes, d'exterminations idéologiques semblent quand même s'atténuer, se raréfier, ne pas aller jusqu'au bout. "On" préfère "les coups fourrés", les drones, moins coûteux que les engagements terrestres. Et l'ONU, qui ne coûte pas trop de sang, rend de réels services.

Est-il nécessaire d'en demander plus? Je suis sceptique, eh, oui!

Sceptique

*"Sujet" sentiment de parler "de sa place", de s'autoriser une opinion, un "point de vue".

**Conduites désespérées, et bien vues par le Commandement, consistant à jeter son avion, avec sa bombe, contre le navire attaqué, ou son sous-marin, muni d'une charge. Des engins spéciaux, à usage unique, avaient été conçus, mais pas fabriqués en assez grand nombre pour remplacer les chasseurs-bombardiers en service.

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