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Sceptique
13 septembre 2015

L'ART EST-IL ...MORT?

"L'ART SE MEURT, L'ART EST MORT!", ne semble pas loin de dire le "Monde", dans son supplément Culture et Idées du 12 Septembre 2015. L'art "officiel", peut-être, celui qui est convenu entre gens de bonne compagnie.

L'art est une aptitude humaine. Apparue avec Lui, l'homo sapiens. Peu fréquente. Mais atteignant "rapidement"* un grand degré de perfection. La place sociale de l'art et des artistes est toujours très réduite, car elle nécessite pour chaque artiste un important travail de maitrise et de perfection de l'art choisi.

Tous les arts ont une place dans la société, déterminée par son niveau de développement. Les artistes ne peuvent exister que par le mécénat des plus riches ou de la société dans son ensemble, appelé "État". 

Pendant des siècles l'art a été décoratif, répétitif, et soumis au goût des payeurs, les Religions et les Rois, longtemps fusionnés.

Dans notre civilisation, ce n'est véritablement qu'au dix-huitième siècle que les artistes, y compris les plus grands, secouent leur statut de domestiques, et revendiquent la propriété de leur oeuvre. Au prix de la misère, pour certains d'entre eux, trop inventifs, bousculant les goûts du moment.

C'est un acquis aujourd'hui. Toute création est le bien en partie inaliénable de l'artiste créateur. Mais il dépend toujours du "Marché", qui le fait pauvre, en moyenne, ou riche, parfois. Ce n'est intéressant que pendant sa vie. Ce sont les plus en vue, les plus en vogue, qui proclament le bon goût, le prix de leurs oeuvres.

Il est un fait que la masse du public potentiel ne suit plus l'évolution de l'art officiel, s'en est décrochée. Elle n'écoute plus docilement les arbitres du bon goût, n'est plus convaincue du génie des créateurs. Ce génie se décide en cercle fermé. Il est relayé par les fonctionnaires du Ministère "ad hoc", et les critiques favorables.

Au sein du public obligé, des mauvais esprits se révoltent, comme les artistes maltraités d'il y a trois siècles, et osent dire:"c'est nul, c'est moche!". Ça concerne tous les arts, à l'exception de la littérature, dépendante de la faculté présumée commune de lire.

L'étape suivante est la profanation des oeuvres déclarées sacrées. Plus elles sont en vue, gigantisme oblige, plus elles sont offensantes, plus elles sont vulnérables. 

Que s'est-il passé? L'indépendance des artistes, le passage par leurs mains du bon goût à adopter, les a contraints à définir les caractéristiques uniques de leur  oeuvre, de n'en copier aucune autre, propriété d'un autre. 

Il en est résulté l'atteinte rapide de la limite du "beau", en tout cas du côté du public exigeant. Coincés par le risque de la copie, du "déjà vu", les artistes ont commencé à explorer les possibilités du laid. Vaste et surprenant, il passa par le stade "du laid embelli", et à ce titre, il plut, pimenté par l'audace. En moins d'un siècle cette zone intermédiaire a été franchie par quelques générations chanceuses, et la création a vu son champ de possibilités, de "jamais vu", se réduire, tandis que sa dépendance au mécénat du pouvoir augmentait. Le "bon goût", que dis-je, le "génie", est maintenant porté par une politique. Il a vocation à être rejeté avec elle.

C'est, je pense, ce qui arrive avec les oeuvres prises en charge par le pouvoir du moment, sur lesquelles ses échecs rejaillissent. La confusion est foncièrement injuste, mais les exemples d'injustices de masse ne manquent pas.

Sceptique

*Le millénaire est l'unité de mesure du temps d'alors.

 

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