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Sceptique
4 janvier 2016

LA FAUTE DE L'ARABIE SAOUDITE.

Dans le monde musulman, jusqu'au début du présent siècle, le 21ème, il y avait pour chaque nation une religion officielle, l'islam, dans sa version orthodoxe, la sunnite, pour la plupart, et dans quelques autres, comme l'Iran,  le chi'isme, un schisme très précoce de l'islam. 

Pour donner une description simple de cette séparation, le sunnisme, bien qu'originaire, a des traits communs avec notre protestantisme, tandis que le chi'isme en partage plusieurs avec notre catholicisme.

Au début du siècle précédent, jusqu'à la déclaration de la première guerre mondiale,  le sunnisme régnait sur tout le monde musulman, du Mahgreb à l'Orient, tant au sein de l'Empire Ottoman, que dans la Péninsule arabe. Les chi'ites vivaient en paix sans problème majeur ou permanent, l'ordre ottoman contrôlant les conflits

La dislocation de l'Empire Ottoman à la suite de l'engagement turc du côté des allemands n'a pas eu immédiatement des conséquences sur la paix religieuse. En Arabie, la conquête d'Ibn Séoud, et sa version rigoriste de l'islam (wahabite), n'ont pas été suivies de troubles de cet ordre.

Le chi'isme s'est subitement affirmé à partir de la Révolution iranienne, qui a porté au pouvoir les dignitaires de la religion, et fait de cette dernière un instrument politique, de domination et d'ordre.

L'Iran s'est institué le protecteur de tous les chi'ites présents sous forme de communautés, plus ou moins bien tolérées par leur environnement sunnite. Le conflit latent s'est allumé au Liban, en Irak, au Pakistan. Terrorisme et contre terrorisme ont commencé à faire des ravages dans ces pays sans état et également fatalistes

En Irak, l'intervention en 2003 des États-Unis de George W. Bush a eu un effet inattendu. Le maitre américain a donné le pouvoir à la majorité chi'ite, jusque là exclue du jeu politique. Une guerre civile s'est installée, avec ses échanges de bombes et de massacres, d'enlèvements, d'exécutions sommaires. L'Irak, fracturé de fait, a peu de chances de retrouver une unité définie par les alliés vainqueurs de la première guerre mondiale. La prise d'indépendance par les kurdes d'Irak a encore compliqué le problème, mais aussi réservé des lieux protégés d'un nouveau belligérant, formé par les sunnites frustrés, et usant d'un islam revenu aux sources, devant ranimer la conquête du monde, ambition du Prophète, le Califat de Bagdad ou Daech.

La logique de ce nouveau mouvement est d'attaquer tous les impies à leur portée, les chi'ites en Syrie et en Irak, les chrétiens, ennemis jurés, dans l'ensemble du monde à conquérir, qu'ils soient pieux ou tombés dans l'impiété.

L'Arabie Saoudite, dont il est question aujourd'hui, est naturellement entrée dans la guerre de religions sous jacente aux conflits politiques, comme défenseure de sa version rigoriste du sunnisme, qui a été le ferment de sa conquête de la Péninsule Arabique. Cette conquête, qui s'est ébauchée au début du 18ème siècle, a été longtemps contenue par l'Empire Ottoman, maitre de l'Arabie et de ses lieux saints. La décadence de l'Empire ottoman, sa défaite en 1918, entrainée par celle des ses alliés, les Empires Centraux, a fait sauter les derniers verrous empêchant la conquête totale de la péninsule, en particulier les lieux saints de l'islam et le Hedjaz, sur son bord ouest.

Le pouvoir de Ryad n'est pas absolument libre de ses choix et de ses mouvements. L'alliance avec son garant américain, dont sa sécurité dépend, lui est essentielle. En même temps, les intérêts économiques et financiers ne coïncident plus. Et les minorités ch'ites, longtemps méprisées, revendiquent maintenant leur place dans le pays, ou mènent la vie dure aux sunnites dans d'autres parties de la péninsule arabique, le Yemen, actuellement. Les américains préféreraient arbitrer ces conflits, maintenir la paix, mais les belligérants veulent tous leur victoire. Les dieux sont exigeants.

Le royaume saoudien vient de jeter de l'huile sur le feu en exécutant un dignitaire chi'ite entre ses mains, offensant, de ce fait, leur protecteur, l'Iran, qu'il faut maintenant prendre en compte, particulièrement depuis qu'il a conclu un accord de renoncement au nucléaire militaire, devant être récompensé par la levée d'un embargo qui asphyxie son économie.

Cet acte absurde survient dans un contexte financier difficile par l'Arabie Saoudite: le pétrole a un cours très bas, et le royaume a du revoir sévèrement ses dépenses et ses libéralités. C'est la toute première fois de son histoire.

L'Iran, au premier rang des offensés, ne donne pas cher de l'avenir de cet état ambitieux, mais rentier, n'ayant pas les moyens de se défendre seul. 

L'allié américain, de son côté ne met plus l'argent et le pétrole au premier rang de ses valeurs. Il veut voir remonter sa note morale.

Sceptique

 

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Commentaires
P
Vous évoquez l'exécution du dignitaire chiite; mais il ne faut pas oublier les 46 autres personnes exécutées en même temps que lui.<br /> <br /> J'en profite pour vous présenter mes vœux.
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Sceptique
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