LA MENACE NUCLÉAIRE NORD-CORÉENNE DOIT ELLE ÊTRE PRISE AU SÉRIEUX?

La menace, la provocation, paraissent tellement énormes, hors de proportion, tant du côté du provoqué, que du provocateur, que le premier réflexe est de s'aligner sur l'impavidité de la victime désignée, sur les analyses des explosions annoncées comme "thermo-nucléaires", mais qui sont loin d'en avoir la puissance. Bref, de douter fermement de la fanfaronade du petit dictateur nord-coréen.

Mais un commentateur du "Monde" souligne les réels progrès de la république communiste, en matière de vecteurs, en particulier du retour de l'ogive dans l'atmosphère, détail important de sa mise au point. La mise au point de chaque élément nécessaire à une attaque nucléaire, rendrait techniquement plausible une telle attaque par la Corée du Nord, de la Corée du Sud, le plus sûrement, même si ce sont les États-Unis qui sont désignés comme cible. S'il ne s'agit que d'une bombe A classique, ce sera un acte gravissime, déclenchant un conflit majeur.

Mais une telle attaque est-elle politiquement possible? Même si le Prince héritier fou en a très envie, en rêve, peut-être, est-il libre de mettre le feu au monde? 

Si la Corée du Nord existe encore, c'est par la grâce de ses deux protecteurs, la Russie héritière de l'URSS, et surtout la Chine communiste, qui a volé à son secours quand l'aventure de 1981 a commencé à mal tourner, et la tient, économiquement, à bouts de bras. La Chine voit son intérêt dans ce glacis qui la sépare d'un Occident subversif, mais on le voit mal, étendu à un échange de bombes atomiques avec les États-Unis.

Or, si les États-Unis donnent de la voix contre le provocateur, et doivent être toujours prêts à répliquer, la Chine ne s'exprime pas à haute voix, "urbi et orbi", et on ne peut que souhaiter qu'elle tienne le bras du sale gosse. On ne décèle aucune nervosité de son côté. Comme Poutine, le Russe, ne dit rien, non plus, nous devons nous contenter de la conviction que la Corée du Nord ne passera pas à l'acte, et qu'un simple aller-retour, faisant des dizaines de milliers de morts d'un côté, et anéantissant le pays agresseur, de l'autre côté, n'aura pas lieu.

Mais il est permis de se poser la question du maintien, par les deux puissances nucléaires, de la protection de ce pantin dangereux. S'il lui arrivait de faire la bêtise qui le démange, elles pourraient regretter leur laxisme*.

Sceptique, mais inquiet.

* Des médias signalent la perception d'une activité inhabituelle de l'installation nucléaire de la Corée du Nord. Une simulation, une feinte, ne sont pas invraisemblables. Il en a été fait usage lors de la seconde guerre mondiale.