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Sceptique
14 avril 2016

LA LOI ANTI-GHETTOS ET LA LIBERTÉ.

C'est un projet qui dégouline de bons sentiments, que le gouvernement finissant de François Hollande et de Manuel Valls se dépêche d'élaborer et de sceller, pour en faire une trace irréversible de leur passage, à défaut de toute autre.

"Il" veut aller à l'encontre de la tendance naturelle des sociétés humaines de s'organiser en niveaux hiérarchisés par les poids économique et politique (au sens large). "Il" s'appuie sur le principe d'égalité politique (un homme, une voix), que ne respecte pas l'inégalité de fait, de moyens, de destins, d'instruction, qui structure les sociétés humaines.

L'histoire de l'urbanisation de la France, rivale de la féodalité*, comme celle de toutes les nations du monde, montre une tendance généralisée des villes, et même, de leurs quartiers, à se classer dans une hiérarchie fondée sur l'argent. À celle des revenus s'associe la densité de l'habitat, sa qualité, son environnement. Le peuplement se conforme à cette hiérarchie. La liberté de choix, d'accès à une ville, ou à un de ses quartiers, s'appuie sur les moyens qui les permettent.

La vie en ville est devenue une situation majoritaire, accompagnant la mutation des activités principalement agricoles aux activités industrielles et de services. Entre la campagne, dont les habitants se séparaient entre propriétaires et ouvriers agricoles, regroupés en villages, hébergeant quelques artisans et commerçants, et les villes nettement plus peuplées, regroupant des activités plus diverses, commerciales, artisanales, industrielles, et de services, publics ou privés, le poids économique et politique s'est déséquilibré très tôt, en faveur des villes. 

Entre les villes, la taille, et son corollaire, le nombre d'habitants, établit de nouveaux niveaux hiérarchiques. Plus une ville est grande, plus elle attire, les services les plus divers, les commerces, les activités culturelles, artistiques, sportives. Les "commodités" les plus variées sont garanties aux habitants. L'ensemble, organisé, structuré, attire en permanence de nouveaux habitants. Le retour de citadins vers la campagne est rare, et anecdotique. Les facteurs principaux de ces retours sont la nostalgie (retraités), et le prix des logements (familles). Car les services y sont désormais déficitaires ou inexistants.

L'inclination vers l'entre-soi existe à tous les niveaux, même si celle des classes aisées est plus voyante, et...consciente.

La demande de mixité sociale est elle réelle, exprimée par les "exclus de fait", ou idéologique? "On" invoque, du côté des pourfendeurs de cette ségrégation de fait, le déséquilibre des charges qui pèse sur les communes populaires, celles qui se garnissent d'HLM pour accueillir tous ceux qui ne pourraient financer eux-mêmes les logements qui leur sont attribués. La dépendance de ces populations ne s'arrête pas à la mise à disposition d'un logement décent. D'autres compensations s'ajoutent à la première, aggravant l'inégalité entre les communes.

Les lois contraignantes, assorties de sanctions financières collectives, ne donnent pas les résultats attendus. Ces communes, solidaires, préfèrent payer l'amende, plutôt que de risquer une sanction électorale. La tentation de passer outre aux votes des mauvais électeurs, n'est pas moins humaine.

Il reste une année à cette majorité, ressoudée autour d'un projet conforme à son idéologie, pour créer de l'irréversible inversant la tendance naturelle. Est-ce possible? Peut-on faire de l'homme ou d'une collectivité humaine, ce qu'on veut? Alors même qu'on salue, ou qu'on déplore, l'ingouvernabilité de l'homme d'aujourd'hui?

Sceptique

*Les villes offraient la même sécurité que les châteaux-forts, avec moins de contre-parties. De plus, elles étaient mieux vues par le roi, qu'elles soutenaient...et réciproquement.

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