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Sceptique
15 mai 2016

L'AFFAIRE DU CONCERT DE VERDUN.

"Il" s'intégrait dans le centenaire de cette grande bataille de la première guerre mondiale, la Grande Guerre, par l'ampleur de ses pertes et de ses destructions, limitées aux lignes de front.

Mais si les destructions peuvent être réparées, les pertes humaines, elles, ne le peuvent pas. Les familles sont brisées, certaines, anéanties. Ce constat terrible n'a pas empêché la suivante, et l'envie d'en découdre reste bien humaine, sous d'autres formes.

Pour calmer ces envies, par l'entretien du souvenir, les sociétés touchées par la grande guerre ont inventé les commémorations, les cultes périodiques rassemblant les survivants et les descendants autour des monuments aux morts, qui parsèment notre territoire, mais se concentrent près des grands champs de bataille.

Ces cérémonies tentent de restaurer les souffrances, les deuils, les émotions, qu'ont vécues les contemporains, civils et militaires rescapés. Là où ils sont, les morts sont supposés apprécier le souvenir que leurs descendants continuent d'entretenir. C'est du grave, du sérieux, qu'il faut.

Au milieu de cette componction générale, le maire de la ville de Verdun, qui a donné son nom à la bataille, a voulu, semble-t-il, donner une note de jeunesse à sa participation aux cérémonies du centenaire, en organisant un concert, qu'il a confié à un rappeur à succès.

Cet art, dont les jeunes raffolent, a été inventé par les artistes africains, qui débitent leurs paroles à une grande vitesse, et à une cadence rapide, donnée par les percussions. Il n'y a pas de musique à proprement parler. Tout est dans les paroles, difficiles, voire, impossibles à comprendre. Ces paroles expriment habituellement leur insolence envers notre société, ses institutions, ses dominants. Il vaut mieux ne pas comprendre, si on n'aime pas que nos oreilles sifflent. 

Mais les jeunes aiment à la fois la cadence et l'insolence, qui, à elle seule, ravit les masochistes. Si les paroles ne sont pas audibles "in live", le texte est mis à la disposition des auditeurs.

Ce sont les textes connus du rappeur qui ont posé problème. Ils ne sont pas tendres pour notre peuple, ses institutions, son histoire, sa religion. De quoi donner des boutons à nos conservateurs et à nos susceptibles.

Qui ont fait le "foin" nécessaire, interpellé le maire de Verdun, menacé de manifester. Campagne qui a eu une résonnance au delà des fidèles du Front National. L'opinion majoritaire a été que le rapp n'était pas l'expression la plus appropriée* aux circonstances. Il plait aux jeunes, mais ne pousse pas au recueillement, à la gravité de l'évocation, celle des 300.000 morts de Verdun. Le maire a donc reculé et annulé le concert.

Au grand émoi, cette fois ci, des défenseurs de ce mode d'expression. Non des moindres: Jack Lang, premier ministre de la culture des années Mitterrand, et la toute fraiche nommée à ce poste par François Hollande.

J'ai l'impression qu'il n'ont pas perçu l'incongruité de cet art dans le contexte. S'il est évident que les morts ne ressentent rien, ce sont leurs descendants, invités à leur évocation, qui pouvaient légitimement s'en offusquer. Prévenus par le tam-tam du Front National, ils auraient, si le concert n'avait pas été annulé, probablement ressenti un manque de respect.

Le climat de pré-campagne présidentielle, créé par l'intéressé, candidat à sa succession, a probablement troublé ses partisans locaux. Qui ont voulu faire coup double, commémorer, mais aussi, donner des envies de Hollande!

Politique, quand tu nous tiens!

Sceptique

*Mot très...approprié.

 

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Commentaires
S
correction: "tout peut se faire"
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S
Les jours qui ont suivi ont montré le clivage politique et idéologique provoqué par cette affaire. Il y a une totale incompréhension par la gauche des raisons de l'émotion de notre population "traditionnelle"? D'un côté "ça ne se fait pas", de l'autre," tout peu se faire".<br /> <br /> François Hollande, dans le cadre de sa pré-campagne auto-élogieuse, a ajouté son couplet: si le maire de Verdun en fait la demande, il imposera le concert avec l'appui de la force publique, comme à Rennes et à Nantes. Une deuxième bataille de Verdun, mais cette fois-ci sur le thème "Ils passeront!"
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Sceptique
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