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Sceptique
22 juillet 2016

DÉSERTS MÉDICAUX: FAUT-IL ABAISSER LE NIVEAU DES ÉTUDES?

C'est un "collectif" de mandarins, qui lance cette proposition inattendue dans le "Monde" paru hier, Mercredi 20 Juillet 2016.

"Il" relève, comme argument, que 25% des inscrits à l'Ordre des Médecins cette année, ont obtenu leur diplôme à l'étranger. Et, parmi tous les inscrits, combien de généralistes s'engageant dans l'exercice libéral, en zone rurale, ou dans des villes petites ou moyennes? Probablement très peu!

La "rentabilité" des études médicales, intenses et exigeantes, engagées à l'issue d'un concours classant très difficile, est elle à la hauteur chez les praticiens effectivement engagés dans l'exercice de la médecine générale?

Il faut reconnaitre que la pratique, majoritairement "bobologique", ne met pas souvent à l'épreuve la sagacité du diagnostic. Mais l'aspect "cafre" du cas pousse alors le praticien à se tourner vers le spécialiste ou l'hôpital*.

La formation médicale continue offre aux généralistes des conférences par des médecins hospitaliers, des stages dans des hôpitaux, voire des "congrès" sympas. Je ne suis plus informé de la fréquentation de ces sources de formation continue. Je doute qu'il ait beaucoup augmenté depuis la fin de mon propre parcours, où il ne concernait qu'une minorité stable, assidue.

J'ai eu le temps de constater que l'exercice professionnel, en intensité, en quantité, n'était pas proportionnel à la fréquentation de la formation continue. Celle-ci n'est vécue comme nécessaire que par les anxieux, les perfectionnistes, ou encore les ambitieux, voulant participer à la formation des étudiants.

C'est pour cette raison qu'il me parait nécessaire de créer chez les étudiants en médecine la conviction d'avoir à "bosser". Les effets concrets du concours national classant, déterminant le sort professionnel des étudiants, sont un soutien puissant de l'effort. Après, peut-être, pour ceux que leur classement écarte des spécialités, la motivation en prend un coup. Mais le socle de leurs connaissances a un volume et un poids conséquents. Il en restera forcément quelque chose.

Les propositions du "collectif" s'écartent franchement de cette préoccupation. "Ils" n'hésitent pas à contester le modèle en vigueur, à envisager des passerelles vers les études médicales pour des formations ou des professions très éloignées, de ne plus exiger le baccalauréat, même pas le scientifique! Une révolution!**

Je pense que si l'esprit de cette réforme régressive est de rendre moins "chichiteux" les jeunes diplômés, face à l'offre de postes à la campagne et dans les petites villes, elle se plante. Ce qui rebute les jeunes médecins, hommes ET femmes, ce sont les heures de travail des médecins libéraux. Les 35 heures y sont inconnues. Et la rémunération des 70 heures, confortable, ne vaut pas la souffrance attendue.

Ce collectif ne développe pas une réforme révolutionnaire. L'ajustement de l'offre à la demande par la réduction des exigences de compétence est très "tendance". De toute façon on maintient nommément les programmes de formation. On les dilue pour rassasier plus de demandeurs, qui de leur côté, augmentent leurs chances à effort égal.

Ce n'est pas des médecins aux pieds nus qu'il faut former, mais introduire plus de libertés dans le mode d'exercice, comme l'assistanat, de durée variable. Si le goût du métier vient en l'exerçant, le passage au temps plein pourra être décidé. Le tout ou rien actuel, hérité de la médecine libérale du siècle dernier, n'est plus adapté. Du moins, "ils", les jeunes des deux sexes le pensent. Ils n'ont pas nécessairement raison, mais ils doivent le découvrir par eux mêmes.

Les contraintes, dont rêvent nos politiques (de tous bords), ça ne marche plus.

Sceptique

*Avec lequel la communication est toujours aussi difficile, la réforme de 1958 ayant créé un "apartheid", la formation de deux systèmes imperméables l'un à l'autre.

**Les officiers de santé, à la formation plus courte et allégée, ont précédé la généralisation du doctorat en médecine, accompagnant le progrès médical, mais aussi économique. 

 

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