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Sceptique
28 juillet 2016

RELIGION CHRÉTIENNE: DAECH EN VEUT-IL PLUS?

Le "Monde", édité hier, inscrit le meurtre du Père Hamel dans le programme de destruction des autres religions du Livre, supplantées et remplacées par la version de l'Islam que porte l'État Islamique.

Bien que l'assassinat du prêtre catholique soit le premier du genre, et présente un caractère d'opportunité, offert par son instigateur à l'organisation qu'il a ralliée, on ne peut écarter le jugement qui en fait un acte logique pour Daech.

Car les religions ne se tolèrent mutuellement, dans notre monde libre et moderne, que parce qu'elles ne peuvent faire autrement. Elles n'ont plus d'influence sur la société qui les héberge, les tolère, les protège, également.

Or, l'égalité entre les doctrines ne peut faire partie de l'esprit des religions, plus particulièrement quand elles sont révélées, attribuées à Dieu lui-même, par le truchement d'un prophète, ou, dans l'exemple spécifique du christianisme, par l'incarnation de Dieu dans le corps d'un homme.

Les mythes fondateurs ont en commun d'être des oeuvres de refonte, la version précédente ayant été dévoyée par les hommes qui l'avaient reçue en don. Il tombe sous le sens que c'est la dernière réforme accomplie qui compte, et non le socle primitif commun. Dès la réforme proclamée, tout ce qui l'a précédé n'est plus valable isolément, aux yeux des réformateurs, en tout cas..

La situation se complique des versions différentes de la nouvelle prédication, qui se forment presqu'instantanément, la parole divine transcrite ne pouvant être comprise uniformément.

Comme il y eut une floraison de versions du Christianisme, il y en eut plusieurs de l'Islam, dont la solidité, et l'incompatibilité, ont franchi les quinze siècles écoulés. Les luttes pour la préséance furent féroces et longues, et aboutirent généralement à une ou plusieurs séparations territoriales. D'autres conflits, purement "séculiers", remirent en cohabitation des versions incompatibles de la religion commune. À ce stade nouveau, des conflits meurtriers reconstruirent les rapports hiérarchiques entre les versions.

La situation actuelle des états "occidentaux" est marquée par l'affaiblissement global des religions, dominées, de droit, par le pouvoir séculier, qui ne met plus sa force à la disposition d'aucune religion qu'il héberge, que ce soit pour un contentieux privé, ou inter-religieux. Les religions vivent en paix, parce qu'elles y sont contraintes. Leur supériorité fondamentale ne peut plus être exprimée. À ce titre, ne pouvant faire valoir le droit de domination qu'il s'est attribué, l'État Islamique est clandestin partout où il ne domine pas, et il est coupé des autres formes de l'islam pour la même raison.

Le futur est marqué par la nécessité de chasser l'État Islamique du territoire européen, et même de sa base moyen-orientale, en raison de sa posture guerrière à l'égard des autres religions musulmanes, du christianisme et du judaïsme, qu'il entend éradiquer et remplacer par la force, en même temps que la civilisation qui les héberge et les protège.

L'émotion qui accueille chaque acte terroriste n'a aucune portée immédiate, mais rappelle la nécessité et la légitimité de la lutte, à laquelle notre monde est contraint. Il n'a pas d'autre perspective.

Sceptique

Post scriptum: Le retentissement dans les esprits du martyr du prêtre accentue les divisions entre la majorité au pouvoir, et l'opposition, qui met en avant des mesures sécuritaires plus sévères et plus étendues. Il y va de la confiance dans les responsables politiques, interpellés à chaque coup encaissé.

Il y a un facteur socio-économique qui est unanimement oublié, l'état de notre économie, et son corollaire le chômage de masse. Qui ne peuvent pas jouer un rôle mineur dans l'échec socio-professionnel d'une partie de la population jeune. Poussée vers la délinquance en lieu et place d'un travail, et sa conséquence judiciaire et carcérale. Avant dernière étape vers la prise en mains salafiste et le rachat par le terrorisme religieux. 

La société n'a, à ce stade, que le recours à l'action judiciaire et ses conséquences d'exclusion définitive: prison répétitive, ou passage au djihadisme, à une guerre civile dévoreuse.

Une partie de nos politiques et de nos corps intermédiaires refuse de voir cette séquence de causes et effets, et continue de s'opposer aux réformes structurelles visant à libérer les investissements productifs et les embauches qu'on peut en attendre.

S'occuper d'abord des locomotives, afin que les trains ne restent pas en gare, il faudra y penser un jour.

Sceptique

                                                              

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Commentaires
P
De tous côtés on nous promet une guerre très longue contre le terrorisme dans notre pays. Je n'en suis pas si sûr, pour deux raisons:<br /> <br /> 1/ les auteurs des attentats ne sont pas n’importe qui mais uniquement des jeunes hommes de moins de trente ans. Ainsi le danger est localisé. Ce serait beaucoup plus inquiétant pour moi si le danger pouvait provenir de n’importe où. Il serait quasiment impossible de l’anticiper. Par « chance » ce n’est pas le cas jusqu’à présent. Et ces jeunes hommes ont en plus tous à peu près le même profil ; psychologiquement fragiles, mal socialisés, plus ou moins délinquants et en voie de radicalisation. Tous avaient été repérés par la police et/ou par leur entourage.<br /> <br /> 2 / Du coup on est en droit de penser que des actions pour les surveiller et les empêcher de passer à l’acte ne sont pas hors de portée. Surtout comme cela semble être le cas s’ils ne sentent plus soutenus par les jeunes gens de leur milieu. Le tout est qu’ils n’apparaissent plus autour d’eux comme des guerriers mais comme des fous criminels. Et en ce moment la folie de leurs actions apparait de plus en plus visiblement. En frappant comme ils le font de plus en plus indistinctement ils sont à la fois de plus en plus dangereux mais aussi de plus en plus marginalisés. Et bientôt mis à l’écart.<br /> <br /> En d’autres termes je ne suis pas convaincu que nous soyons condamnés à subir les terroristes pendant encore de nombreuses années, à condition de ne pas trop tergiverser sur les moyens à employer.
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Sceptique
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