TERRORISME: LA POLITIQUE DE L'AUTRUCHE SERAIT-ELLE MEILLEURE?

Pour les esprits chagrins, peut-être. Il y en a une proportion constante dans toutes les sociétés. Ne pas couper l'appétit, ne pas troubler le sommeil, des humains normaux et ordinaires.

Ils ont leurs défenseurs, des sociologues titrés, qui constatent le retour de cette demande à chaque horreur qui nous est infligée par les terroristes. Depuis quelques années, ceux de l'État Islamique.

En fait, cette demande, peu bruyante, entendue par ceux qui ont l'oreille fine, n'a pas commencé avec le terrorisme. Les faits-divers, en proportion de l'horreur qu'ils suscitent, provoquent ce jugement:"On" ne devrait pas parler de ça à l'heure des repas. C'est aux esprits sensibles, aux phobiques du sang, que "On", pense.

Un autre argument, plus récent, invoque la publicité, le faire valoir, la glorification des auteurs des crimes, surtout s'ils sont morts en même temps que leurs victimes. C'est trop d'honneur qu'on leur fait, en citant leurs noms, avant celui de leurs victimes.

Une société sans informations serait-elle meilleure? Le silence sur ses malfaiteurs en serait-il un pilier?

Ces sociétés ont existé. Celles qui ont précédé le développement de la presse, succédant à celui de l'imprimerie*. Mais il est sûr que la généralisation des moyens électroniques, Radio, Télévision, Internet, Réseaux sociaux, a sumergé d'informations les sociétés, sans les rendre meilleures ou plus mauvaises, d'ailleurs. Pour certains, c'est devenu excessif, mais c'est l'offre qui doit diminuer drastiquement. Que la société compte sur la force de caractère des auditeurs**est une injure."Elle" est responsable des souffrances morales de ses ouailles.

Le point particulier posé par le terrorisme, est que les terroristes en attendent la gloire, posthume par principe. Ils sont sincèrement croyants en la promesse d'être récompensés dans l'au-delà, mais il veulent laisser quelque chose à leurs proches qui resteront en vie. La diffusion de leur nom et de leur visage sera ce message, la matière première de leur souvenir.

Les priver de cette renommée vient à l'esprit de leurs victimes potentielles. Qu'ils n'aient pas tout, le paradis et ses délices, et la gloire!

Je m'apprêtais à conclure en donnant mon avis, mais après tout, chaque lecteur pourra le faire!

Sceptique

*L'imprimerie n'a pas servi tout de suite à diffuser des journaux, dont le lectorat était forcément réduit.

**La diffusion en temps réel est le fait de la radio et de la télévision.

Source: Maurice Merchier, "Contre la vague terroriste, débranchez tout" La Lettre de Causeur du 5 Août 2016.