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Sceptique
18 août 2016

MISÈRE ET MÉDIAS, LE RISQUE D'EN DIRE TROP?

Grand émoi et grincements de dents dans un des plus pauvres départements de France, la Somme, une des principales victimes de la dés-industrialisation. Une série d'émissions de la chaine M6, Rue des Allocs, sur les victimes de la misère, a débuté par un quartier défavorisé d'Amiens, le chef-lieu. Paradoxe, il est à deux pas de la zone la plus touristique de la ville.

Les victimes interviewées se sont montrés d'une franchise admirable, n'ont rien laissé ignorer du cheminement qui les a amenées à leur misère réelle, à leur situation d'assistés. Alcoolisme pour les hommes, maternités en chapelet pour les femmes, débrouille pour certains, assistance pure et simple pour d'autres. Et impasse générale dans un département cogné par la crise de nos industries de main d'oeuvre, qui ont périclité il y a une quinzaine d'années, face à la concurrence chinoise. 

Certaines, les plus lourdes, se sont battues avec l'arme de la négation, de la pensée magique, et ont fini par faire fuir leurs patrons et leurs actionnaires. Les petites et moyennes ont mis en silence la clef sous la porte.

En attendant le rebond et son effet sur la Somme, la misère est la principale affaire du département, de ses élus. Leur ressources, assurées par ce qui tient encore, ne peuvent être que des rustines, des cache-misères, pour tout dire. Elle reste digne et discrète dans les familles qui peuvent s'appuyer sur quelques emplois.

Quant à ceux qui sont marginalisés par leurs divers handicaps non physiques, comme une absence de formation, générale, et/ou professionnelle, ils ne peuvent compter que sur la solidarité de la société, obligée, elle aussi, de se cacher, tellement elle est méchamment critiquée.

Quel âge n'est pas sans pitié? Je n'en connais pas. La crise ne nous rassemble pas. La crise, c'est l'autre!*

Pour revenir à cette émission, quel est son avenir, après ce cachez-moi cette misère que je ne saurais voir?

Qu'elle continue ou non, la solution ne peut être que politique, et pas n'importe quelle. Ciblée sur l'économie marchande, exclusivement. La laisser se remettre, reprendre confiance, ne pas la rançonner au premier tournant, maitriser les démangeaisons des doigts crochus, ne pas écouter les prophètes et les joueurs de flûte.

Sceptique

* La crise ne nous rassemble pas aussi bien que le terrorisme. Dont l'effet n'est pas pour autant éternel.

Note complémentaire du 21 Août 2016: Dans le Courrier Picard du Dimanche 21 Août, un réalisateur amiénois, Mourad Laffite, spécialisé dans le traitement des luttes sociales, critique vigoureusement l'aspect voyeuriste, indécent, irrespectueux, de la production. Tout en affirmant son attachement à la liberté d'expression, il serait favorable à un contrôle des projets (pré-censure), et un souci des réalisateurs de la dignité des personnes qu'ils observent et filment (auto-censure).

 Considérant l'effet de cette émission sur les journalistes et les responsables politiques de la ville d'Amiens, je pense que par sa crudité, elle a relancé la prise de conscience de la partie cachée de la réalité française, et des propres obligations de la ville d'Amiens, sur l'état des logements dans la zone étudiée, en particulier. Bien sûr, ses responsabilités ne sont pas les principales.

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