LA FRANCE DOIT-ELLE ÉVOLUER VERS LE "VÉGANISME"?
Le titre de l'article collectif publié par "Le Monde" daté du 21 Septembre (page 21), est affirmatif. Il est combiné avec un éditorial condamnant la dérive de notre société vers une dissimulation honteuse d'une phase majeure de l'offre de viande, l'abattage. Ce passage nécessaire est caché, non représentable, et si nos besoins sont satisfaits, toute une partie, inévitable, allant de nos prés à nos assiettes, est soigneusement occultée.
De temps en temps, des héros, micro en main, ou camera à l'épaule, se faufilent dans ces lieux secrets, inavouables, et font parler ceux qui se chargent de transformer des bêtes vivantes en viandes de toutes sortes et de tous prix. Ces humains marginalisés accomplissent cet acte machinalement, le coeur et l'âme blindés. Un ratage du geste sera corrigé plus loin, la bête à moitié morte agonisera jusqu'à ce qu'un autre tueur l'achève.
La publication du reportage fera son effet, elle soulèvera les coeurs, et fera rougir de honte les omnivores qui sont devant leur télé. Quelques uns se convertiront au végétarisme. Pour un temps, ou pour toujours.
Ils deviendront végétariens, continueront à manger du poisson, des "fruits" de mer, des oeufs, et boiront du lait, sans dommage pour leur santé.
Mais l'homme, doublement sapiens, se contente de moins en moins souvent de cet accommodement. Les plus logiques étendent le raisonnement. La suppression de la souffrance animale a un prix, l'éradication de l'offre d'alimentation carnée, de tous les produits secondaires de l'élevage, comme le lait et les oeufs. Et pour qu'il y ait une suppression de l'offre, il faut celle de la demande.
La disparition de la demande ayant peu de chances de résulter d'un consentement unanime, il est indispensable de légiférer. La solution est forcément politique, et il faudra au préalable convaincre une majorité, prévoir des poursuites et des sanctions dissuasives envers les entêtés.
Les signataires, présumés "de stricte observance" de ce nouveau régime, ne comportent aucun médecin. La contestation sérieuse de cette voie ne peut venir que d'eux. Ils invoqueront les besoins des enfants, dépendants, pour leur survie et leur croissance, de protéines que seuls les produits d'origine animale peuvent leur apporter. Des cas de morts d'enfants soumis par leurs parents à ces carences, ont rendu vigilants ces professionnels. Comment appliquer le régime, assumer ses conséquences, et les dissimuler à une société devant être soupçonneuse? L'article ne dit pas un mot de ce risque, qui n'est pas immédiat actuellement*. L'adhésion au véganisme se produit encore au bout d'une assez longue réflexion, ou d'une "sommation" par la lecture renouvelée de prescriptions alimentaires émanant de multiples gourous, parfois médecins en rupture, d'ailleurs. Ce sont forcément les plus convaincants.
On retrouve à propos de ce problème, celui de la possession de la Vérité. Il faut passer par cette prétention, avec aplomb, pour être convaincant et efficace.
Sceptique
*Les cas que j'ai évoqués ont entrainé des poursuites et des condamnations dissuasives. Ces chapitres de la loi devront être annulés en cas de légalisation de la pratique alimentaire. Comment punir un usage généralisé?