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Sceptique
9 octobre 2016

LES GENS DES CHAMPS, ET LES GENS DES VILLES.

Ils ont un point commun:"Ils" gémissent.

Mais pas pour les mêmes raisons. À la campagne, pour ceux qui en vivent, "ça eut payé, mais ça paye plus!"*

Et pour ceux de la ville qui s'y promènent, "Ils" nous pompent l'air!" Et chaque Dimanche, en saison, ils y ajoutent du plomb. En petite quantité, mais en mouvement rapide. Et chacun apprend vite que la force d'impact d'un plomb en mouvement, égale 1/2xMxV2. Pas très loin de la sortie du canon de fusil, ça peut faire mal.

Si le gibier n'a pas une connaissance aussi précise de ce qui peut lui arriver, les gens de la ville se plaignent de ne pas pouvoir se promener le Dimanche, en période de chasse, à la campagne. À quoi leur sert la bagnole qui leur permet de s'y rendre?

Alors, certains gémissants ont eu une idée, faire une pétition pour faire interdire la chasse le dimanche.

C'est une initiative récente. J'habite dans une Région de chasseurs, et le journal local n'en parle pas ce matin. C'est un bulletin d'information télévisé (BFM), qui a évoqué cette possibilité,  comme si elle allait de soi.

Elle sera forcément très mal accueillie. Personne n'est plus susceptible qu'un chasseur. Minoritaires à l'échelle du pays, de plus en plus désavoués par les citadins, les chasseurs sont en permanence sur la défensive. La règle, "un homme, une voix", est une menace permanente. Dès que la majorité attaque, la minorité attaquée pointe ses fusils sur les empêcheurs de chasser en rond. La société change, dans son ensemble, et le nombre des chasseurs diminue, d'année en année. Quel sera le nombre fatidique, amorçant leur disparition imminente? Le nombre des armuriers sera un indice.

C'est un symptôme, il y en a d'autres, de la rupture profonde entre la majorité urbaine et la minorité rurale, qui s'élargit et s'approfondit , peut-être pas d'année en année, mais sûrement. La cohésion, la solidarité, désirable par les plus sages, de notre nation, est réellement menacée. Politiquement.

Notre principe est le nombre, la majorité. En toute logique, la majorité, urbaine, serait en mesure de dicter sa loi, sans discussion, à la minorité rurale. Dont la force résiduelle s'est réfugiée dans sa mécanisation. Ses tracteurs restaurent sa puissance, par l'asphyxie de tout le pays. Le rapport de forces n'est pas plus juste que le rapport des nombres. 

J'ai observé, trop souvent, que le Ministre de l'Agriculture ne peut être le défenseur du monde rural, auquel il n'appartient pas, de près, mais seulement un plénipotentiaire, délégué par le chef du gouvernement (en fait le Président de la République, le chef réel du gouvernement).

Le maintien d'une agriculture (culture, et élevage) ne relève maintenant que de l'action politique, qui s'appuie sur une opinion divisée. Entre une simple mission d'entretien des paysages, les productions devenant secondaires, et la prise en compte du poids économique dans l'ensemble mondial, participant à la balance commerciale. Selon les bases idéologiques, les conclusions sont à l'opposé. Mais les hommes impliqués n'ont plus le même poids politique.

La ruralité est elle bien défendue par ceux qui s'en chargent? Le résultat, les crises graves qui se suivent, toutes liées à l'inadaptation des ruraux à l'évolution des sociétés occidentales, n'est pas concluant. Ce n'est pas le seul, politiquement, et économiquement. Notre ruralité est "larguée", comme bien d'autres activités humaines. Elle est devenue bien trop dépendante du bon vouloir, de la complaisance, des "gens de la ville"**.

Il arrive aux ruraux ce qui est arrivé aux activités citadines, la professionalisation de ceux qui les défendent. Je m'explique: les syndicats ne représentent leurs mandants que formellement***. La proportion de syndiqués est faible, comme dans les autres secteurs de l'économie. La surenchère remplace le dialogue, car le protagoniste professionnel n'a pas beaucoup de poids réel. Il n'a que celui qui lui est accordé. C'est à son préféré que le pouvoir réel dira "oui".

Le remède serait l'obligation d'adhérer et de cotiser à un syndicat pour bénéficier de son activité, des "avancées" obtenues. L'augmentation du poids des adhérents s'accompagnerait d'un engagement d'un plus grand nombre dans son action. Le taux voisin de 8% de syndiqués, en France, explique à la fois la faiblesse des syndicats et leurs outrances. Et les non syndiqués s'en sortent à trop bon compte.

Le blocage, dans les esprits, de cette grave question, s'auto-entretient. À quoi bon s'engager, il suffit d'attendre.

Pour le moment, en cette période pré-électorale, personne n'en parle, tant à gauche qu'à droite.

Sceptique

*Après avoir laissé filer leurs coopératives vers les entreprises "capitalistes", les producteurs de lait ont compris leur douleur. Quelques uns ont repris l'unique méthode, s'unir, et ont réussi à obtenir un prix acceptable de leur production (le Courrier Picard du 10 Octobre 2016)

**Bien que sous représentées, politiquement, les villes ont quand même plus de poids.

***Les responsables syndicaux qui négocient, sont des permanents, qui font leur "job". Dont les paramètres purement politiques pèsent lourd.

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