EN ÉCOUTANT BENOIT HAMON (OU À QUOI RÊVENT LES JEUNES ROUGES?).

Benoit Hamon m'a surpris à un double titre. Je ne le voyais pas, je ne le vois toujours pas Président de la République, mais il a indiscutablement acquis de ce quinquennat, qu'il voit raté, une expérience enrichissante, une relativité de ses convictions. Mais pour le scepticisme, il a encore du chemin à faire, des interdits à lever.

Son compliment appuyé à François Fillon, le vainqueur de la primaire de la droite, porte justement sur l'absence d'ambiguïté, la franchise du programme, assumant d'être de droite. Sous entendu, le programme est mauvais, mais son auteur est franc et sincère. C'est ce qu'il veut être à son tour.

Le candidat de gauche est très critique, disais-je, de la réalisation de la présidence de François Hollande, mais l'attribue à l'absence d'imagination et d'audace. Par exemple, critiquant, avec lucidité, le financement du social par le travail (de ceux qui travaillent), il préconise qu'ils soit financé par les résultats de l'entreprise, et non plus par la masse salariale.

Je lui rappelle donc, au passage*, que les prélèvements sur les résultats des entreprises existent déjà, à un niveau supérieur à celui pratiqué par les autres pays de l'Union Européenne. Donc, comme dissuasion d'investir en France, il n'y a pas mieux. Comme pour tout homme de gauche, l'entreprise privée constitue une contradiction de la théorie, que notre appartenance au "monde libre" nous oblige à supporter. Un mal nécessaire, sans plus, et non un bien**.

Interrogé sur le 49-3, cet article constitutionnel qui permet à un gouvernement de faire passer en force un texte législatif nécessaire à l'action gouvernementale, il n'en voit pas l'utilité pour l'exécutif, quelle que soit sa tendance, mais, par contre, le verrait bien entre les mains du peuple, façon "manifs" ou "Nuit-debout", permettant le transfert de la censure, de la représentation parlementaire au "peuple", organisant lui-même le référendum annulant le travail législatif.

Notre histoire et celle des autres nous informent de façon récurrente les inconvénients et les dangers du populisme, quel que soit le programme du manipulateur en chef***. Mais c'est tellement bon d'en rêver.

Benoit Hamon a gagné en sympathie, mais il ne devrait pas être notre prochain Président. Il a besoin d'un rappel de vaccin anti-illusions.

Sceptique

* Je ne peux imaginer qu'il ignore ce qu'il ne mentionne pas.

**S'il dit le contraire, il bluffe.

***Je ne crois pas à la parité en la matière, ni à l'identité de la méthode.

Note complémentaire du 18 Décembre: J'ai omis de mentionner un de ses rêves: la suppression du sénat tel qu'il est, et qui n'a hamais suscité la sympathie à gauche. Mais son remplacement par cent représentants des départements, tirés au sort !

 À quoi serviraient-ils? De relais de plaintes diverses? Que pourrait il sortir d'un rassemblement, "a priori" hétérogène et massivement non compétent....et manipulable? Et sans aucun droit, sauf bouleversement de la constitution, et lequel?