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Sceptique
30 décembre 2016

LE DROIT DE GRÂCE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DOIT IL ÊTRE MAINTENU?

L'usage du droit de grâce par le Président François Hollande en faveur de Madame Jacqueline Sauvage appartient-il à la raison, ou à la passion?

Les pressions exercées par ses filles et les associations de défense des femmes maltraitées, submergeant les faits et leurs circonstances, ont joué un rôle important dans la décision prise. Il est donc permis de placer dans la catégorie "passions" la décision du chef de l'État. L'accueil de cette décision par le public confirme son caractère sentimental. C'est sur un sentiment, et non sur une erreur ou un doute portant sur les faits, qu'Il s'est appuyé. Il a désavoué deux jugements de cours d'assise, aboutissements de procès irréprochables. C'est la justice qui est victime d'une erreur judiciaire.

Il y a cependant une cohérence entre sa position personnelle à propos de ce droit, hérité de la monarchie, et la "corde sensible" qu'il a choisie pour guider sa décision. Un sentimentalisme, un narcissisme, se retrouvent dans d'autres décisions contestables au cours de son mandat. Ainsi que pour la faute grave commise au profit des journalistes du "Monde". L'ensemble relève d'un trait de caractère peu compatible avec la fonction qu'il a sollicitée et obtenue du peuple.

L'usage du droit de grâce a plutôt servi, jusqu'ici, à régler des risques d'erreur judiciaire, liés à des fautes de procédure non rattrapables. Un enchainement de recours, plombés chaque fois par la même faute, pouvait être évité par la grâce présidentielle. Elle a aussi servi, dans un but d'apaisement, après une cassure grave de la société française. La décision, très politique, de mettre une fin, "politique", à la guerre d'Algérie, prise par le Général De Gaulle, avait entrainé la sédition d'officiers de notre armée, dont quatre généraux. Condamnés à la peine de mort, ils ont été graciés par le chef de l'État, confronté, à sa gauche, à une autre fracture, bien civile, ouverte par l'opposition, surfant sur l'agitation des étudiants, et les grèves politiques. Une fois cette crise passée, et la légitimité du pouvoir du Général consolidée par un vote législatif inespéré, le Général-Président a gracié "en bloc" tous les membres de l'O.A.S. emprisonnés ou en exil.

L'actualité confirme notre tendance à mettre en actes d'insubordination, de rupture du pacte républicain, les situations conflictuelles. Notre contrat national est en permanence disqualifié par des groupes de mécontents, de décisions, démocratiquement prises, ou non prises. Le fait majoritaire est révoqué à répétition. Pour un oui ou un non, "on" prend symboliquement le maquis.

Cette "psychorigidité", exprimée, mise en actes, compromet à tout instant notre cohésion nationale, à laquelle tous les partis tiennent...à condition qu'elle se fasse sous leur bannière. Dans ces conditions, il vaut mieux qu'il existe des points de souplesse disponibles, placés au bon endroit. La grâce présidentielle en fait partie, il vaudra mieux la conserver, même si son usage est douteux. Le remède consisterait à bien choisir le Président. C'est difficile, ils sont tellement nombreux à proposer leurs services!

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