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Sceptique
8 janvier 2017

MUTINERIE EN CÔTE D'IVOIRE.

Si je rédige un billet sur une affaire qui va laisser sans réaction un grand nombre de français, c'est par ce que je fais partie de ceux qui se sentent encore responsables des suites lointaines d'une colonisation "mimétique"*et d'une décolonisation bâclée, de part et d'autre.

Je ne peux rien y faire, l'histoire est l'histoire, mais je souffre pour les victimes de ces désordres, trop souvent meurtriers.

Un certain recul fait apparaitre une différence entre deux grands groupes de colonisations, celles qui furent le fait de nations protestantes, et celles accomplies par des nations catholiques. Sans être parfaites, les premières s'en sortent plutôt mieux, et surtout, les ex-colonisateurs n'éprouvent pas de remords, ne cherchent pas à se faire pardonner en jouant les arbitres.

Parmi les secondes, la France a encore les moyens et la tentation d'intervenir, au moins pour se porter au secours de ses ressortissants. Ce faisant, elle fait pencher la balance au profit du pouvoir établi. Les autres colonies "catholiques", celles de la Belgique, du Portugal, et de l'Espagne (pour mémoire), restent seules face à leurs drames inter-ethniques ou religieux.

Ce qui fait une différence entre la mutinerie en Côte d'Ivoire**, et ce que beaucoup de pays d'Afrique subissent régulièrement, c'est qu'elle ressemble plutôt à une "grève-sur-le-tas", comme la CGT aime en réaliser en France. Il ne s'agit pas d'une tentative de putsch au profit d'un officier ou d'une ethnie, mais d'une protestation sur les salaires et les conditions de travail. 

C'est nettement moins grave, pour le proche avenir, mais un tel comportement d'une armée est totalement impensable pour nous. Les forces armées ou de police, non syndiquées, pour les premières, hyper-syndiquées, pour les secondes, accomplissent toujours leur mission. Les premières forment la "Grande Muette", les secondes font entendre leur voix, tout en faisant leur travail.

Il serait préférable que nous cessions,nos anciennes colonies et nous, de nous surveiller mutuellement, mais l'affectif, réciproque, ambivalent et, en même temps, puissant, fait de l'ensemble une grande famille, terminant ses réunions par des engueulades et des brouilles, toujours réversibles. 

C'est, selon moi, un trait culturel, la non-indifférence, ou l'incapacité à l'indifférence, qui a l'inconvénient d'exacerber nos sentiments vers les deux extrémismes "défensifs", la haine rejetante, ou la solidarité indéfectible.

Sceptique

*La seconde Révolution Industrielle a, à la fois, creusé le fossé technologique entre les peuples concernés et les non concernés, et les besoins de marchés et de matières premières, spécifiques des pays industrialisés. La compétion s'est étendue aux conquêtes territoriales ou aux prises de contrôle sous d'autres formes, comme le protectorat. Avant la première guerre mondiale, les principales nations développées se sont taillées un domaine aux dépens des autres. L'Afrique, particulièrement faible, politiquement, militairement, a été dépecée. C'est la seconde guerre mondiale qui a annoncé la fin de cette situation. Encore en cours, pas vraiment achevée.

** La Côte d'Ivoire se remet avec peine de sa guerre civile, opposant les populations du Sud et du Nord.

 

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