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Sceptique
1 mars 2017

BARBARIE RÉELLE, BARBARIE SPECTACLE.

La barbarie a été le fait spécifique de l'homme pendant des millénaires. Bien que conscient, accessible à la distinction entre le bien et le mal, il a cultivé sa cruauté tout en pouvant la nommer, et la pousser au delà du nécessaire.

Le nécessaire, c'était se nourrir, tuer à la chasse, puis des animaux d'élevage.  C'était se défendre, des animaux prédateurs, des semblables rivaux.

L'au-delà du nécessaire, c'était ajouter de la cruauté et de la jouissance dans l'acte de tuer, dans toutes ses situations. Les étapes de son développement technologique avaient leur double dans celui de sa violence gratuite.

Le développement de l'homme, en nombre et en capacités, s'est accompagné d'une hiérarchisation au profit des guerriers, chargés de défendre le groupe et ses biens. La puissance du groupe dépendait de la leur. Leur gouvernance lui assurait la sécurité, et la domination des groupes plus faibles.

À l'étape suivante, la domination, la conquête, ont prévalu sur la simple défense. Les premières guerres, les premières exterminations, ont laissé des traces sur les lieux, et, plus tard, dans la mémoire transmise.

La barbarie subie a-t-elle laissé plus de traces que la barbarie triomphante? Elle a fait la renommée des chefs et des peuples les plus féroces. Mais elle a donné à réfléchir aux survivants des attaques. Son appartenance au mal a été reconnue. Le mot "barbare" est devenu le synonyme d'infréquentable, mais, aussi, de révolu.

Pourtant, comme signifiant, il est de retour, et revendiqué par ceux qui le légitiment .

À l'échelle du monde, elle est le mode d'expression, de faire valoir, de ceux qui subissent la domination des grandes entités politiques et militaires. Ne pouvant les contenir, sur leur propre territoire, ils s'attaquent à leurs citoyens imprudents, qui s'aventurent pour leur plaisir au delà du terain protégé. Malheur aux globe-trotters inconscients.

À l'échelle des nations, il suffit de leur simple désaveu pour justifier des actes de destruction, ou de tentatives de meurtre sur les plus symboliques des bien-pensants. 

Comme l'anonymat constitue une sécurité, l'attaque "barbare" cible les personnes et les biens qui sont simplement sur le passage. Ils symbolisent "les autres", haïssables par essence. Leur pacifisme signe leur complicité avec l'ordre public, et justifie la sanction, brutalité corporelle, ou destruction de biens.

Puisqu'elle exprime une haine de l'ordre, l'attaque physique de ceux qui en sont satisfaits, ou celle de leurs biens (vitrines, voitures) constitue une barbarie réelle. Mais sa reprise par les médias, écrits et audio-visuels, en fait en même temps une barbarie spectacle. Son avenir est garanti, dans l'état actuel de la réaction publique. On a du mal à l'imaginer plus sévère.

Sceptique

Post-scriptum: Le modèle initial appartient toujours à la révolte étudiante de Mai 1968, et les épisodes qui ont suivi le répètent. La mort d'un manifestant à l'occasion d'une des reprises du modèle, oblige les forces de l'ordre à contrôler rigoureusement leur réaction. Car elles seront systématiquement fautives d'une bavure, quelle que soit l'intensité de l'attaque qui les cible.

Comme les institutions ont résisté en 1968, elles ont fait de même lors des épisodes suivants. Les attaquants ne semblent pas avoir de projet révolutionnaire. La mise en échec de l'État sur un champ de bataille suffit. Il y a trop de risques à le mettre en danger, car ce qui le remplacerait pourrait être pire.

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