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Sceptique
11 novembre 2017

PEUT-ON FAIRE LA GUERRE AVEC PEU D'ARGENT? LE GÉNÉRAL DE VILLIERS S'OBSTINE.

Sur le fond, le Général De Villiers a raison. On ne devrait pas s'engager dans une guerre sans avoir....un trésor de guerre. L'expression est "frappée au coin du bon sens", comme on disait de mon temps.

Mais l'histoire, la détaillée, montre que ce beau principe n'a jamais été placé en travers de nos démangeaisons guerrières, ou des nécessités imposées par nos ennemis. Les apitoiements de Bonaparte pour ses grognards, "l'intendance suivra " du Général De Gaulle, sont des goutelettes d'humour sur des coffres vides, avant même l'entrée en campagne.

L'histoire est maintenant mieux connue, grâce à l'indiscrétion des journalistes, qui ne pourraient pas vivre sans ces entorses au secret (toujours préféré par les politiques et les militaires). Pour commencer avec ce qui fait partie de mes lointains souvenirs, la guerre de 1939 a débuté avec une armée non préparée, un armement très en dessous, en quantité et en qualité, de l'indispensable. Cette fois là, nous en avons payé le prix.

Les "barouds d'honneur", réagissant aux soulèvements armés de nos colonies, indochine, puis, Afrique du Nord, ont achevé d'épuiser les surplus de l'effort de guerre américain, des années 1940-1945. La guerre d'Algérie, la seule à laquelle j'ai participé, a encore largement puisé dans ces stocks d'armes et de matériels américains. L'appui aérien y prenait sa part.

Le retour au pouvoir du Général De Gaulle en 1958 a été suivi par une amélioration, quantitative, et qualitative, de la situation de nos armées*. La force de dissuasion, permise par la maitrise de l'armement nucléaire, a remis nos forces armées à leur niveau de grande puissance. Mais il semble bien que la suite n'a bénéficié que de "l'énergie cinétique" des dix ans de l'ère gaulliste, et de son accalmie en matière d'opérations extérieures. Notre pays s'était débarrassé au prix fort de ses fardeaux coloniaux.

Qui sont réapparus avec les conflits internes  de ces colonies, promues "nations", sans en avoir l'histoire, l'unité sociale, linguistique, religieuse. Le serment, unanime, de conserver les frontières léguées par les colonisations, s'est avéré intenable. Elles ont tenu bon, mais pas les peuples qu'elles forçaient à cohabiter. Les conflits ethniques sont toujours aussi ardents et féroces. Dès qu'ils passent aux actes, nous devons intervenir,** sans fixer de terme à notre intervention.

En ce qui nous concerne, par exemple, la cohabitation forcée entre les ethnies sédentaires et les nomades, se traduit par des luttes inégales, les nomades dominant, par leurs traditions guerrières, les laborieux sédentaires.

"Berkhane", modèle, s'il en est, d'intervention sans issue autre que politique, rompant avec le fixisme post colonial, n'aura jamais l'accord de la majorité malienne, pour laquelle nous combattons. Ce n'est qu'un exemple parmi les autres, réels, concrets, ou potentiels.

C'est une autre question que celle du financement, me direz-vous. C'est vrai pour le volume de la dépense, mais pas pour sa durée, son renouvellement, année après année.

"En même temps", tic de langage prêté au Président Macron, on ne voit pas d'issue satisfaisante à ces conflits sournois. Tant qu'on doit combattre, il faut s'en donner les moyens. Mais dans quelles poches se cachent-ils?

Si les français accordent une justification politique et morale à ces interventions, sont-ils d'accord avec leur enlisement? On est en droit d'en douter, et les convictions sur ces questions sont fragiles. Un attentat lié avec le problème élève le niveau des doutes. Les décisions purement politiques ne sont pas arrêtées.

Et il n'y a que le politique qui puisse décider que la guerre s'arrête, ou qu'elle continue, à son prix coûtant, qu'on peut suivre, ou non. S'il faut le prolonger, "au rabais", "on" le continue.

Que ça "fende le coeur" des généraux est une autre histoire.

Sceptique

*Mais aussi de nos finances, par une meilleure gestion.

**La contestation du pouvoir légitime(à notre sens) n'est pas toujours le fait de l'ethnie majoritaire, mais parfois, celle de l'ethnie dominante, plus "guerrière". La "démocratie" prend des coups.

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Commentaires
D
Je n'ai pas parlé de la résistance grecque qui a commencé apres l'occupation mais de ce court moment en effet. Quant à nous et la France, oui c'est un métier désormais qui recrute beaucoup! En Grèce ce n'est pas encore le cas! Le service militaire est toujours obligatoire. Sur ces questions financières je ne me souviens plus quel est le pourcentage du budget accordé à La Défense.
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S
Merci, Diotima, pour cette brève mais dense histoire de la résistance grecque contre les envahisseurs italien et allemand, et quelques autres, dans les rôles de charognards. Ce n'est pas l'argent qui a motivé les courages et les sacrifices. Ce sont, malgré tout, les moyens engagés qui ont déterminé la phase "d'état" de la guerre.<br /> <br /> Une guerre, hélas, ça se prépare. Offensive, c'est indispensable, défensive, tout autant. Nous avons payé le prix de nos insuffisances, en 1940.<br /> <br /> C'est cependant un peu "normal". Une société en paix privilégie les investissements pacifiques. Il faut une expérience de l'histoire et une détermination pour tenir compte des hypothèses pessimistes, se préparer aux mauvaises surprises.<br /> <br /> Au cours de notre histoire récente, les civils et les militaires se partagent les initiatives prévoyantes. Mais la démocratie intègre un optimisme, une candeur.<br /> <br /> Notre armée étant maintenant, une armée de métier, elle exige d'être en bon état de marche, d'avoir ce qu'il lui faut. Elle dispute le "bout de gras" avec ses chefs civils. Il est malheureusement nécessaire de laisser le dernier mot à l'autorité politique.
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D
Merci de ces précieuse infos historiques cher Sceptique. <br /> <br /> Je vais pourtant me référer à l'exemple de la Grèce qui pendant la guerre de 40 a fait trembler Mussolini avec très peu, voire pas du tout de moyens. L'Italie fasciste attaque la Grèce le 28 octobre 1940 (le 28 octobre c'est un jour de fête nationale aujourd'hui) depuis sa colonie albanaise, déclenchant ainsi la guerre italo-grecque. Dans un premier temps, l'armée hellène parvient à stopper l'invasion ennemie et à repousser les forces italiennes au-delà de l'Épire du Nord, donnant ainsi aux Alliés l'une de leurs premières victoires face aux troupes de l'Axe. Après l'ultimatum italien, et à la surprise générale, les Grecs résistent donc avec une âpreté étonnante à l'invasion et parviennent à repousser les Italiens en s'appuyant sur les fortifications frontalières de la « ligne Metaxàs ».<br /> <br /> <br /> <br /> Mussolini, de dépit, appelle à la rescousse son allié Hitler. Celui-ci consent à retarder de deux mois le déclenchement de l'opération Barbarossa contre l'URSS pour liquider la résistance grecque. Fatale décision : trop tard entrée en URSS, la Wehrmacht sera prise au piège de l'Hiver russe... Les Grecs célèbrent encore aujourd'hui tous les ans le « jour du ochi » (le jour du NON) qui a contribué à la défaite du nazisme !<br /> <br /> <br /> <br /> En attendant, la Grèce n'était pas de taille à résister à l'offensive allemande. La Wehrmacht envahit le pays le 6 avril 1941, sur la frontière macédonienne. Le passage lui est facilité par son allié bulgare, qui rêve de s'offrir un accès à la mer Égée en annexant Thessalonique.<br /> <br /> <br /> <br /> La détermination des Grecs ne faiblit pas pour autant. À Athènes, sur l'Acropole, deux étudiants ont le culot d'enlever le drapeau hitlérien quelques jours à peine après l'entrée des Allemands dans la capitale. Deux mouvements de résistance au nazisme, bientôt antagonistes, se mettent en place : l'EAM-EAS communiste et l'EDES monarchiste.<br /> <br /> <br /> <br /> Après une longue résistance qui se poursuit jusqu'en Crète, tout le pays est finalement occupé et dépecé. La Macédoine orientale et la Thrace sont offertes à la Bulgarie, alliée de l'Allemagne. L'Italie annexe les îles Ioniennes. La famine ravage le pays, causant pas moins de 300.000 victimes. Comble de l'horreur, de nombreux juifs sont déportés et l'importante communauté israélite de Salonique exterminée.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand arrive l'heure de la Libération, en 1944, d'autres épreuves attendent les Grecs, non moins atroces, avec une guerre civile entre les deux mouvements de résistance. Elle ne va prendre fin qu'en octobre 1949, faute de combattants.<br /> <br /> Voilà pour notre cours d'histoire!
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Sceptique
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