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Sceptique
19 novembre 2017

LE PROCHAIN VOYAGE DU PRÉSIDENT MACRON À ALGER.

Le précédent voyage d'Émmanuel Macron à Alger, comme futur candidat à la présidence de la République, avait fait un bruit douloureux. Dire que sa conquête, au début du dix-neuvième siècle, avait été un "crime contre l'humanité", concept vieux de quelques décennies seulement, a fait mal aux français de presque toutes les opinions.

La prise de conscience de la péremption de l'idée même de la colonisation, d'un territoire occupé et annexé, par un autre peuple possédant un avantage militaire, date du constat de son échec, un paquet de siècles de pratique plus tard, à l'échelle du monde.

Il a fallu ce temps pour que l'homme, colonisateur ou colonisé, élève son niveau de conscience (Glucksman) et aboutisse au renoncement de la pratique. Si celle de la décolonisation n'est pas glorieuse, elle est entre les mains des intéressés, et il ne viendrait à l'idée de personne de revenir en arrière, même pour un sort meilleur des populations.

L'Algérie a été conquise à partir de 1830, au moyen d'une guerre aux motifs immédiats douteux, mais sur fond de rancune tenace pour le passé de piraterie de l'ensemble des pays du Maghreb, formant l'Afrique du Nord. Peut-être, aussi, une séquelle des habitudes napoléoniennes, faisant partie de la mémoire des chefs de l'expédition.

L'Afrique du Nord, encore romaine, a été conquise à partir du 7ème siècle par les arabes, porteurs de la nouvelle religion qu'était l'islam. Conquêtes, conversion, et piraterie pour se pourvoir en main d'oeuvre, constituèrent le souci des monarchies européennes, héritières de l'Empire Romain disloqué, tout au long des siècles suivants, jusqu'au numéro 18 (XVIII), bon poids. Les progrès des marines occidentales, imposés par les conflits navals en haute mer, ont permis le surclassement définitif de ces marines de guerre, sur celles des pirates nord-africains, du Maroc jusqu'à la Libye. Pour la France, la conquête (purificatrice?) fut choisie.

À tort. Elle fut coûteuse et difficile à réaliser, et difficile à parfaire, le terrain, son relief et son climat, étant particulièrement hostiles par eux-mêmes.

La deuxième guerre d'Algérie fut féroce de part et d'autre. Les conditions matérielles des troupes françaises étaient sûrement meilleures qu'en 1830, mais les conditions morales totalement différentes. La réprobation  concernait une bonne partie de la population française, et aussi la majeure partie du monde, et pesait sur notre pays et ses dirigeants. La colonisation n'avait plus la cote nulle part.

Dans ce contexte, profitant de la solidité politique qu'il avait rétablie, le Général De Gaulle a entrepris la réalisation d'une solution politique, l'indépendance de l'Algérie. Pas glorieuse, ni pacifique, marquée par l'exode massif des populations d'origine européenne,la lutte de certains sous la bannière de l'OAS, et l'abandon de harkis, supplétifs des armées françaises, à la vengeance des algériens.

Plus de cinquante ans sont passés. Les rancunes ne sont plus qu'artificielles, entretenues pour masquer les déceptions nombreuses et durables. La situation politique de l'Algérie est immobilisée par l'infirmité de son Président, dont le frère, en bonne santé, mais sans mandat, s'est fait le porte-parole. L'économie, qui ne repose encore, principalement, que sur la rente pétrolière, subit l'effet négatif du prix du brut, et de l'épuisement des gisements.

Le gel de la vie politique est sûrement le handicap principal, et l'obstacle à une efficacité d'un soutien extérieur, que le Président Macron pourrait proposer. Quel sera le pouvoir des personnalités qu'il rencontrera? Son caractère, à la fois souple et fort, la clarté de ses idées, pourront-ils servir?

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