UNE CRISE SECOUE NOTRE PSYCHIATRIE.
"ON" en parlait, ça ou là, plus souvent dans le voisinage d'un hôpital psychiatrique touché par des grèves, qu'ailleurs.Les causes, le surmenage des équipes, le manque de personnel, ne répondant pas aux offres. Ce qui peut vouloir dire qu'il ne s'en est pas formé, faute d'intérêt pour la profession. En l'occurence, d'infirmier spécialisé.
Une crise de la psychiatrie est un phénomène récurrent. Incomprise, mal aimée, crainte, cette discipline médicale n'a jamais fait bon ménage avec la médecine du corps, qui tient depuis toujours, et pour toujours, le haut du pavé.
Cette domination permanente choque les psychiatres, qui convaincus de la subtilité de leur pratique, se faufilant dans le roman de chaque humain, sa difficulté d'être, son auto-classement dans la société, ses échecs sentimentaux, ses engagements conjugaux, parentaux, professionnels, ou même amicaux. Traités par l'écoute, l'analyse, la suggestion, le réconfort, les médicaments psychotropes, si nécessaire.Ils se verraient bien en haut de l'affiche, sur le podium, en première page des journaux ou magazines.
Et bien, non! Si les responsables politiques de la santé prennent en compte la durée de leurs actes pour établir leur rémunération, ils ne les avantagent pas dans leur gestion de la santé et de ses instruments, formation de spécialistes, investissements publics, hospitaliers ou extra-hospitaliers. J'y pense, et puis j'oublie. Vite.
Faire bonne médecine avec peu d'argent, c'est pour tout le monde, et pour les psychiatres, ce qu'il reste. Il n'y a qu'eux qui protesteront, de toute façon, et les élections n'en souffriront pas. Qui s'en soucierait, pourrait rameuter l'opinion sur cette cause?
S'occuper de la psychiatrie n'est stimulé qu'en cas d'une découverte thérapeutique intéressante, ou d'un fait divers particulièrement commenté. Il n'est pas rare, ausssi, que l'appel au savoir psychiatrique ne fasse pas la majorité. Le déni fleurit rapidement. Impliquer le mental est reçu comme une esquive de la responsabilité.
Enfin, cette discipline médicale ne peut garantir une guérison compète et définitive, et recommande, même, un traitement maintenu sine die. La maladie a un début, mais n'a pas de fin. Difficile à comprendre et à accepter.
Même si les maladies mentales peuvent s'enraciner dans le corps, sous forme d'une vulnérabilité (le génétique permet, mais ne détermine pas), une fois déclenchées, elles s'insèrent dans l'existence, ne se laissent pas oublier, se représentent. Elles ne sont pas qu'une coupure, mais un changement du vécu, de l'histoire.
Que ses victimes se voient autres, que les témoins se sentent engagés autrement, n'est, ni surprenant, ni un échec.
Sceptique