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Sceptique
5 janvier 2018

UNE CRISE SECOUE NOTRE PSYCHIATRIE.

"ON" en parlait, ça ou là, plus souvent dans le voisinage d'un hôpital psychiatrique touché par des grèves, qu'ailleurs.Les causes, le surmenage des équipes, le manque de personnel, ne répondant pas aux offres. Ce qui peut vouloir dire qu'il ne s'en est pas formé, faute d'intérêt pour la profession. En l'occurence, d'infirmier spécialisé.

Une crise de la psychiatrie est un phénomène récurrent. Incomprise, mal aimée, crainte, cette discipline médicale n'a jamais fait bon ménage avec la médecine du corps, qui tient depuis toujours, et pour toujours, le haut du pavé.

Cette domination permanente choque les psychiatres, qui convaincus de la subtilité de leur pratique, se faufilant dans le roman de chaque humain, sa difficulté d'être, son auto-classement dans la société, ses échecs sentimentaux, ses engagements conjugaux, parentaux, professionnels, ou même amicaux. Traités par l'écoute, l'analyse, la suggestion, le réconfort, les médicaments psychotropes, si nécessaire.Ils se verraient bien en haut de l'affiche, sur le podium, en première page des journaux ou magazines.

Et bien, non! Si les responsables politiques de la santé prennent en compte la durée de leurs actes pour établir leur rémunération, ils ne les avantagent pas dans leur gestion de la santé et de ses instruments, formation de spécialistes, investissements publics, hospitaliers ou extra-hospitaliers. J'y pense, et puis j'oublie. Vite.

Faire bonne médecine avec peu d'argent, c'est pour tout le monde, et pour les psychiatres, ce qu'il reste. Il n'y a qu'eux qui protesteront, de toute façon, et les élections n'en souffriront pas. Qui s'en soucierait, pourrait rameuter l'opinion sur cette cause?

S'occuper de la psychiatrie n'est stimulé qu'en cas d'une découverte thérapeutique intéressante, ou d'un fait divers particulièrement commenté. Il n'est pas rare, ausssi, que l'appel au savoir psychiatrique ne fasse pas la majorité. Le déni fleurit rapidement. Impliquer le mental est reçu comme une esquive de la responsabilité.

Enfin, cette discipline médicale ne peut garantir une guérison compète et définitive, et recommande, même, un traitement maintenu sine die. La maladie a un début, mais n'a pas de fin. Difficile à comprendre et à accepter.

Même si les maladies mentales peuvent s'enraciner dans le corps, sous forme d'une vulnérabilité (le génétique permet, mais ne détermine pas), une fois déclenchées, elles s'insèrent dans l'existence, ne se laissent pas oublier, se représentent. Elles ne sont pas qu'une coupure, mais un changement du vécu, de l'histoire.

Que ses victimes se voient autres, que les témoins se sentent engagés autrement, n'est, ni surprenant, ni un échec. 

Sceptique

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Commentaires
S
Me citer pourrait me rendre célèbre! Je suis preneur. Mieux vaut tard que jamais.<br /> <br /> En attendant, merci pour ton intérêt et tes participations au débat, stimulant l'approfondissement de notre réflexion, son étayage par tes citations d'auteurs.
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D
Oui biensûr! Cet aphorisme me semble excellent et je l'ai repris dans mes cours (sans toujours te citer ! sauf si tu deviens célèbre...rires!). Bref la potentialité peut être là, elle permet ou "favorise" mais ne détermine pas.
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S
La protestation contre l'implication d'une maladie mentale dans un délit grave ou un crime, n'est pas seulement le fait des familles. Il est bien plus large. Je ne lis que les commentaires publiés par les journaux. En majorité, les commentateurs n'y voient que la recherche d'une excuse.<br /> <br /> Il est vrai qu'il n'existe aucune maladie mentale à transmission dominante. Mais les principales, schizophrénie, maladie bipolaire, comportent un "point faible" génétique, composite, plus ou moins résistant. Il y a, le plus souvent, un événement existentiel, ou une affection somatique, dans "l'histoire" de la maladie. La fragilité mise au jour par la maladie ne se répare pas totalement.<br /> <br /> D'où mon aphorisme: le génétique permet, l'événement déclenche, la culture influe sur la forme.
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D
Je vais commenter juste ceci: "Impliquer le mental est reçu comme une esquive de la responsabilité." Il fait rajouter: des médecins! Du côté des malades ou des familles on veut privilégier l'organogenèse (qui déculpabilise et même déresponsabilise; c'est là la véritable déresponsabilisation) contre la psychogenèse ou même la sociogenèse tandis que la maladie mentale est multifactorielle.
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Sceptique
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