Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
2 décembre 2018

LA FRANCE DANS LA TOURMENTE, UN DÉCEMBRE DE TOUS LES DANGERS.

Trois* samedis d'émeutes, de destructions, d'offenses aux parties les plus belles de Paris, aux monuments les plus symboliques de notre histoire, de ses moments les plus glorieux, des anathèmes adressés à l'élu qui couronne notre pyramide de représentants du peuple, le Président de la République Emmanuel Macron.

Tout ça parce qu'il a mis en actes sa conviction de l'urgence de notre désintoxication de nos chères voitures, de leur carburant irremplaçable, en lui promettant une taxation exponentielle, jusqu'à ce que notre peuple viennne les déposer à ses pieds.

C'est le sacrifice exigé par la nouvelle religion, l'écologie, qui fixe la fin des temps au terme de quelques décennies. Le millénarisme est dépassé, poubellifié.

Des centaines, suivies par des milliers, de citoyens français moyens, aux revenus faibles, assurés par un travail à une certaine distance de leur domicile, que leur automobile permet de parcourir commodément, se sont vues ciblées par une taxe punitive, de plus, promise à un ajustement à la hausse, au vu de son effet, ou au contraire, de son insuffisance dissuasive. Leur sang n'a fait qu'un tour. Leur révolte a pris la forme de blocages de la circulation des indifférents et des résignés.

 Comment leur est venue l'idée? Les "gilets jaunes" qui arborent cet objet vestimentaire, destiné à rendre plus visibles les victimes d'une panne ou d'un accident, transformé en élément d'uniforme,très visible, ne semblent pas le savoir eux-mêmes. Le signe de reconnaissance, la participation muette au mouvement, s'est imposée avec un succès réel.

Trois* samedis de violences à Paris, sur les champs Élysées, sur le rond-point de l'Étoile, avec et contre des groupes concurrents, manifestant et détruisant pour leur compte, ont transformé l'esprit des gilets jaunes. Ils cassent et castagnent à leur tour, aux dépens de la Police, mais aussi des symboles de l'opulence qui abondent dans ces quartiers. C'est par millions d'euros que les dégâts produits par les manifestants les stigmatisent. L'aide apportée par les casseurs de diverses obédiences retombe sur eux. Il ne s'en défendent que mollement, faisant une place au doute.

De toute façon, au fil du temps, se dégage le projet politique non identifié, mais conforme à la radicalité de l'extrême...gauche. L'enthousiasme des journalistes de l'Humanité est attendrissant. Une autre étrangeté est le refus de s'expliquer pacifiquement avec les représentants du pouvoir légitime...en cours. De soi-disant plénipotentiaires du mouvement auprès du pouvoir politique encore légitime ont fait une apparition, puis sont repartis, mutiques. Les personnalités, membres du gouvernement, qui s'étaient vus "blackboulés" ont cru nécessaires d'inventer des échanges foisonnants. Les images les démentaient.

Les politologues réputés perçoivent une intention très claire de ne pas reconnaitre la légitimité des représentants du pouvoir issu des urnes en 2017. Lequel, manifestement, est encore perplexe face à l'offensive, à son sens, à ses objectifs possibles.

La spontanéité d'un tel mouvement, coordonné sur tout le territoire national, est trahie par la puissance et la diffusion de son résultat. Son refus effectif d'établir une communication avec le pouvoir légitimé par les urnes, est un autre symptôme d'intentions plus radicales. Un projet de coup d'État surfant sur le mécontentement d'une catégorie sociale nombreuse et non favorisée peut être rationellement envisagé. Les secrets de l'organisation sont bien gardés.

Crispé sur ses positions depuis le début de la crise, le Président aurait intérêt à prendre au sérieux cette menace, et à différer la mesure qui a été surexploitée, la hausse des taxes sur les carburants, dont la nécessité aurait une justification écologique. Il est très fixé sur cette perspective, qui a justifié une série de hausses se voulant dissuasives à terme. Mais la mobilité de la société contemporaine fait de la résistance. L'organisation des "gilets jaunes" s'en est emparée. Elle a perçu l'effet de levier de cette politique sur l'opinion. Le sentiment de persécution, au nom d'une théorie catastrophiste, aboutit à un "encore un peu de temps, monsieur le bourreau". Dramatisation, ou non, le Président doit rassurer. La planète en est elle à quelques mois de liberté de circulation automobile? C'est plutôt difficile à démontrer, d'une part, le reste du monde ne suit pas, d'autre part. Les français peuvent-ils sauver le monde par leur sacrifice?

S'ils perdent Leur Liberté, confisquée par les organisateurs du mauvais coup, ils verront vite de quel bois leurs nouveaux maitres se chauffent. Il sera trop tard. Cette "neutralisation" du "coup" devrait l'éviter.

Sceptique

* C'est le dernier nombre donné. Leur violence croissante a un effet de loupe! Il vaudrait mieux qu'il n'y en ait plus d'autre.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Je ne vois pas le rapport entre ces analyses et la réalité d'aujourd'hui. L'opacité du mouvement des gilets jaunes, persiste, ce qui empêche d'en connaitre les théoriciens, les vrais chefs, leurs vraies intentions. Je ne suis pas habituellement complotiste, mais la crise que nous vivons n'est pas claire, est hors de proportion avec les raisons invoquées.
Répondre
D
Il est, à mon avis, essentiel de relire Éric Maurin (et Dominique Goux) et d’actualiser ses analyses pour avoir une lecture plus nette du profil des mécontents. Ils soutiennent qu'il s'agit des classes moyennes. Je lis un artice de Stéphane Ménia dans iconoclaste: " Ce que montrent les travaux de Maurin et Goux, c’est que les classes moyennes ne s’en sortaient pas si mal. Une part non négligeable d’entre elles ou de leurs enfants parvenaient encore, de manière presque surprenante, à accéder à la classe supérieure, et dans des proportions non négligeables, depuis les années 1980. Ce que les auteurs montraient aussi, c’est que cela n’allait pas sans douleur. Car, si l’espoir d’une ascension sociale persistait à juste titre, la « peur du déclassement » n’était jamais bien loin. La possibilité de tomber, victime d’un chômage qui relègue nombre de ceux qui y sont confrontés dans cette partie de la population, existait. Cela pouvait arriver. Et tant pis si, en réalité, la probabilité que cela arrive était somme toute limitée. À la même époque, des auteurs comme Louis Chauvel diagnostiquaient pour leur part que la fin des classes moyennes était déjà actée et en cours. Ce qui était faux, mais a finalement eu plus d’écho médiatique que les thèses de Maurin, qui montraient au contraire qu’elles se défendaient plutôt bien. De sorte que plus de dix ans après, l’idée de la dérive des classes moyennes est considérée comme une ancienne réalité dans la psyché collective française."
Répondre
S
La colère est une passion, et, en tant que telle, vaguement thérapeutique, mais inefficace. Elle fait partie de la pensée magique. Elle contribue, cependant, au blocage, au refus des réformes qui pourraient guérir notre société de ses faiblesses structurelles.<br /> <br /> La France est la championne des prélèvements obligatoires et du déficit budgétaire inépuisable. Le projet de Macron est de nos débarrasser d'un maximum de handicaps, mais leurs bénéficiaires font de la résistance.<br /> <br /> Quant aux partis politiques de l'opposition, aucun n'a l'audace de défendre une vraie réforme. Ils se contentent de revendiquer le pouvoir, sans dire ce qu'ils vont en faire réellement.
Répondre
D
Correction: PAS dans ce monde (deuxième ligne).
Répondre
D
Cher sceptique, <br /> <br /> <br /> <br /> c'est la colère qui est "jaune", car comme tu l'insinues si bien (et je vais paraphraser!) la nouvelle religion de l'écologie promet le bonheur mais dans ce monde! en attendant l'autre...sans voiture, ni misère, il faudra bien supporter cette vie et la vie telle qu'on nous l'impose aujourd'hui est une immonde caricature et des sacrifices dont on ne verra jamais les bénéfices.<br /> <br /> Les individus ont le sentiment d’être délaissés, opprimés et dominés. En très grande partie actifs, leurs revenus ne leur permettent pas d’accéder aux moyens de leur autonomie malgré leur épuisement au travail. Cette promesse de pouvoir vivre de ses revenus n’est plus tenue. Pouvoir conduire sa vie à sa guise, faire ses propres choix, se livrer à des activités personnelles, tel était l’horizon. Comment satisfaire à cette norme de l’autonomie si le partage des richesses ne le permet pas ?<br /> <br /> <br /> <br /> Les couples avouent « ne pas s’en sortir » encore moins les célibataires qui ne peuvent rien partager avec personne. Quant aux jeunes travailleurs, ils ne pourront plus quitter le domicile familial faute de revenus suffisants ou stables.<br /> <br /> <br /> <br /> La colère naît de cette équation impossible qui est vécue sur le plan personnel puisque la notion de classe sociale a disparu des imaginaires. Les conditions de vie difficiles relèvent plus d’une expérience personnelle que d’une condition de classe.<br /> <br /> <br /> <br /> Claude Poissenot, Enseignant-chercheur à l'IUT Nancy-Charlemagne qui cherche à comprendre le monde contemporain à partir de l'individualisation de notre société explique dans ses travaux que la colère ’n'est pas blâmable "car elle est vécue comme un moment de rapport à soi". "Et, au fil des barrages ou des conversations sur Facebook, les individus ont l’occasion de rencontrer des alter ego avec lesquels partager et multiplier la colère qui demeure vécue comme personnelle." Mais il ne faut pas psychologiser cette colère. Ce serait trop facile et cette problématique doit être placée au coeur de nos problèmes sociétaux et au coeur du "malaise contemporain" et du lien social. mais je vais rappeler quand-même combien la clère est mauvais conseillère et combien la pédagogie citoyenne aurait intérêt à ne pas la provoquer de manière si brutale. Il ne faut pas oublier non plus que la revendication d’autonomie (de « souveraineté sur soi ») est ce qui confère à la personne sa dignité et donne sens à son existence de sujet.
Répondre
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité