DRAME AUX URGENCES DE LARIBOISIÈRE: MAIS OÙ TRAVAILLENT NOS JEUNES DIPLÔMÉS?
Une femme de cinquante ans, trouvée morte dans la salle d'attente des urgences de Lariboisière, douze heures après son arrivée, ça produit un choc, et replace la quantité, et la qualité, de l'offre de soins, au premier plan.
La première réponse est:"les urgences sont submergées". Et pour cause: c'est le meilleur système mis au point par ses inventeurs et les politiques qui les ont écoutés.
Mais le résultat, c'est le réflexe de tous ceux qui sont appelés pour une urgence, à domicile ou dans la rue, amener la personne en souffrance ou en détresse, au service d'urgences désigné comme étant "de garde".
Dans une ville comme Paris, ça représente plus d'une dizaine de cas chaque heure, et une centaine ou plus par jour.
Chaque arrivant est enregistré, questionné, si possible, examiné par un interne, ou par une infirmière, comme ça l'était ce jour là. À partir de cet acte initial, selon l'évidence, ou son contraire, la perplexité, les soins sont entrepris, ou les rendez-vous sont pris pour les examens complémentaires, labo, radiologie classique, ou "moderne", scanner, IRM.
La phase du soin qui suit peut poser la question, "oui, mais par qui?" Toutes les spécialités ne sont pas représentées dans l'équipe de garde. Il faut partir à la chasse, ou à la pêche. Problématique.
Il ne faut pas compter sur la médecine de ville pour compenser les insuffisances du système. Le médecin parisien est un piéton. Il reçoit à son cabinet, et s'il doit faire des visites, il les fait à pied. Son rayon d'action est court. Il ne peut pas courir jusqu'à l'hôpital pour donner un coup de main.
Quelles solutions, alors. Étoffer les équipes de garde a une limite: la place. Se marcher sur les pieds aggraverait le problème.
Je suppose que la situation que j'ai connue a évolué, forcément dans le sens d'une densification de l'offre, mais sans parvenir à rattraper la demande, comme ce drame le montre. Et une limite, des locaux, des équipements, des personnels, médicaux et non médicaux, s'est opposée à l'inflation de la demande. Il faut créer d'autres services d'urgence, dans des sites adéquats, et recruter le corps médical qui va les faire fonctionner.
Je crois comprendre qu'il n'y a pas assez de candidats capables d'occuper les postes créés. Comme il en est de même pour les cabinets de ville ,et des campagnes, je me demande où atterrissent les jeunes médecins formés par nos facultés, quelques milliers chaque année. Ils semblent se limiter, pour la plupart, au remplacement, à temps très partiel, des praticiens en exercice, surmenés. Si ces derniers peuvent accomplir cinquante heures ou plus chaque semaine, leurs remplaçants n'y parviendraient pas, ou pire, ne le voudraient pas.
Cette fracture de la motivation, entre un passé de disponibilité bien au delà des 35 heures, d'un amour du métier,pour les patients fidèles, et le refus global de l'exercice du métier choisi, se présente comme sans solution, même financière. Celles qui sont proposées ne séduisent pas les jeunes docteurs. L'argent ne les motive pas.
Certains commentateurs de la situation, politiques, ou non, en arrivent parfois à imaginer des contraintes. De quel niveau? Pour quel résultat? À coup sûr, nul.
Le recrutement de médecins étrangers va s'imposer, s'étendre. Il pourrait prendre le rôle d'aiguillon.
Sceptique