LE MEURTRE DE SARAH HALIMI DOIT-IL ÊTRE RE-JUGÉ?
Sarah Halimi était une dame âgée, juive, qui a été subitement été agressée par son voisin, et assassinée par défénestration.
Son agresseur était musulman, et malade mental reconnu, suivi épisodiquement par les services de santé mentale. Après cet acte, il a été reconnu comme ayant agi sous l'impulsion de sa pathologie connue et en crise, ce qui altérait sa responsabilité, et écartait des poursuites judiciaires habituelles.
Une telle décision est globale. Le facteur aggravant d'un antisémitisme verbalisé n'était pas discutable, mais n'a pas été considéré comme dissociable de la pathologie mentale connue, en crise active au moment des faits. L'irresponsabilité pour troubles mentaux au moment du passage à l'acte a été reconnue, et le non lieu remplacé par l'internement psychiatrique.
L'anti-sémitisme, ou tout autre sentiment haineux globalisant, n'est pas par lui-même pathologique et irresponsable. Une association à des troubles de la pensée et du jugement, reconnus comme l'expression d'une maladie mentale authentique, contribuent à la décision de responsabilité ou d'irresponsabilité. L'assassin de Sarah Halimi a été reconnu comme ne disposant pas de l'intégrité de son jugement, donc de sa responsabilité, et n'a donc pas été jugé (non lieu), mais confié à la psychiatrie publique, pour traitement, et protection des victimes potentielles de ses troubles mentaux.
La prise en compte des troubles mentaux, altérant le jugement, est systématique en matière de justice criminelle. Elle aboutit à un "non lieu", le criminel étant supposé avoir agi sous l'influence de son trouble mental, créant un déficit de l'entendement, un état d'irresponsabilité pénale. Il ne pourra y avoir un procès aux assises, mais une décision d'internement comme malade dangereux. C'est la décision qu'ont prise les juges d'instruction. Elle a été examinée et discutée, et le non lieu confirmé.
L'antisémitisme n'en a pas pour autant été nié, tenu pour rien. Mais sa place de symptôme dans l'état pré-morbide a empêché la poursuite. C'est ce que refusent certains, qui affirment que la pensée de cet ordre est par essence, intention criminelle, intolérable dès ce degré, équivalente à l'acte, justifiant la sanction.
Il y a eu franchissement de la limite entre représentation mentale, et action, mais la sagesse humaine examine les conditions qui ont fait passer de la représentation à l'action. Il y a eu un délai, en partie, de réflexion. Il apparait que l'état mental de l'assassin était altéré, affaibli.
L'excuse de la maladie mentale n'a jamais fait l'unanimité. Elle est, de nos jours, dans nos sociétés modernes, majoritaire, mais, pour chaque cas, contestée. L'évolution des esprits la confirme, la consolide, sans atteindre l'unanimité. Il ne semble pas possible d'introduire une exception, difficile à justifier.
Sceptique