Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
18 juin 2019

LE MEURTRE DE SARAH HALIMI DOIT-IL ÊTRE RE-JUGÉ?

Sarah Halimi était une dame âgée, juive, qui a été subitement été agressée par son voisin, et assassinée par défénestration.

Son agresseur était musulman, et malade mental reconnu, suivi épisodiquement par les services de santé mentale. Après cet acte, il a été reconnu comme ayant agi sous l'impulsion de sa pathologie connue et en crise, ce qui altérait sa responsabilité, et écartait des poursuites judiciaires habituelles.

Une telle décision est globale. Le facteur aggravant d'un antisémitisme verbalisé n'était pas discutable, mais n'a pas été considéré comme dissociable de la pathologie mentale connue, en crise active au moment des faits. L'irresponsabilité pour troubles mentaux au moment du passage à l'acte a été reconnue, et le non lieu  remplacé par l'internement psychiatrique.

L'anti-sémitisme, ou tout autre sentiment haineux globalisant, n'est pas par lui-même pathologique et irresponsable. Une association à des troubles de la pensée et du jugement, reconnus comme l'expression d'une maladie mentale authentique, contribuent à la décision de responsabilité ou d'irresponsabilité. L'assassin de Sarah Halimi a été reconnu comme ne disposant pas de l'intégrité de son jugement, donc de sa responsabilité, et n'a donc pas été jugé (non lieu), mais confié à la psychiatrie publique, pour traitement, et  protection des victimes potentielles de ses troubles mentaux.

La prise en compte des troubles mentaux, altérant le jugement, est systématique en matière de justice criminelle. Elle aboutit à un "non lieu", le criminel étant supposé avoir agi sous l'influence de son trouble mental, créant un déficit de l'entendement, un état d'irresponsabilité pénale. Il ne pourra y avoir un procès aux assises, mais une décision d'internement comme malade dangereux. C'est la décision qu'ont prise les juges d'instruction.  Elle a été examinée et discutée, et le non lieu confirmé.

L'antisémitisme n'en a pas pour autant été nié, tenu pour rien. Mais sa place de symptôme dans l'état pré-morbide a empêché la poursuite. C'est ce que refusent certains, qui affirment que la pensée de cet ordre est par essence, intention criminelle, intolérable dès ce degré, équivalente à l'acte, justifiant la sanction.

Il y a eu franchissement de la limite entre représentation mentale, et action, mais la sagesse humaine examine les conditions qui ont fait passer  de la représentation à l'action. Il y a eu un délai, en partie, de  réflexion. Il apparait que l'état mental de l'assassin était altéré, affaibli.

L'excuse de la maladie mentale n'a jamais fait l'unanimité. Elle est, de nos jours, dans nos sociétés modernes, majoritaire, mais, pour chaque cas, contestée. L'évolution des esprits la confirme, la consolide, sans atteindre l'unanimité. Il ne semble pas possible d'introduire une exception, difficile à justifier.

Sceptique

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Pendant longtemps j'intervenais dans un Master à Paris 5 sur les relations entre droit et psychanalyse avec l'intitulé: Droit et psychanalyse : une relation « illégitime » ?<br /> <br /> Voilà le plan de mon intervention où tout cela était débattu sous une perspective épistémologique, historique et notionnelle. Loin de chercher à épuiser le sujet, ces considérations ne faisaient qu’insister sur ce qui reste encore inexploré, quant à une relation complexe, qu’on serait tenté de qualifier d’ « illégitime », vu l’hétérogénéité de ces deux champs du savoir, aux objectifs et aux enjeux tellement éloignés. La fécondité pourtant de leur dialogue, ne peut qu’encourager une réflexion commune et une collaboration déjà ancienne. <br /> <br /> <br /> <br /> Plan de l’exposé:<br /> <br /> <br /> <br /> 1. Présupposés épistémologiques : comment faire dialoguer droit et psychanalyse? <br /> <br /> <br /> <br /> 2. Un Freud « juriste » ? de l’emprunt du modèle juridique et/ou judiciaire, pour « penser » l’appareil psychique, à la rencontre avec la criminologie<br /> <br /> <br /> <br /> 3. La psychanalyse face aux témoignages des victimes, au niveau individuel et collectif: « réalité psychique » contre « réalité matérielle » ? débats et controverses actuels autour de l’affaire Benjamin Wilkomirski
Répondre
S
Un orage inopportun m'a contraint à débrancher l'ordinateur et la box, retardant ma réponse.<br /> <br /> Je constate la persistance de l'antisémitisme, mais il me désole, car l'évaluation de certaines situations en est affectée. On peut ne pas s'y vautrer, le laisser aux amateurs.<br /> <br /> Merci pour votre sollicitude en matière de pathologie mentale. Elle constitua le socle de ma spécialité. C'est pourquoi je réagis à ses dénégations. Le conflit entre les deux religions, l'islam et le judaïsme est aussi vieux que l'islam. Selon une des biographies du prophète que j'ai lues, la rupture est contemporaine de la vie de Muhammad. Admirateur du judaïsme, proche de ses principes, méprisant, au contraire, le christianisme, jugé idolâtre, il se sentit humilié par les juifs, auxquels il suggéra qu'il était l'envoyé qu'ils attendaient. Ils se moquèrent de Lui, il ne leur pardonna pas.
Répondre
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité