18 novembre 2008
Requiem pour un parti
Il était bien malade, sous l'emprise de la drogue, qui lui faisait du bien, comme toutes les drogues, mais le dealer, pris ailleurs, ne fournissait pas la dose nécessaire, toujours plus élevée. Les états de manque se traduisaient par une démence furieuse, une sorte de schizophrénie, le bras gauche frappant et griffant le droit, qui le lui rendait bien. Puis les deux bras, soudain coalisés, se jetaient sur une jambe, ou l'autre. Ou encore sur le ventre, qu'ils labouraient, cognaient, couvraient de bleus.
Seul son dos et ses fesses restaient hors de portée des coups. Vu de face, il était pitoyable.
Jusqu'au jour...
Le dealer était toujours aux abonnés absents, faisant du tourisme vers tous les points cardinaux du monde.
La crise fut horrible. Un jour et une nuit entière de cris, de coups sur les murs, les vitres, toutes brisées. Le sang coulait de partout. Il tenait dans sa main gauche un couteau. Car il était gaucher.
Subitement, d'un coup sec, il trancha sa main droite. Il s'était souvenu:"si ta main droite te scandalise, arrache-la et jette la au feu". Faute de feu, il laissa tomber le couteau, ramassa la main honnie, et la balança par la fenêtre.
Perdant tout son sang, il finit par tomber, sombra dans un délire, heureux. Il n'était plus que gauche, sans partage.
Il mourut le sourire aux lèvres.
"Requiescat in pace"
Sceptique
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