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Sceptique
20 mars 2009

Du droit à l'orgueil des nations

Dan le Monde daté du 19 Mars, André Fontaine, ancien directeur du quotidien, analyse les ambitions nucléaires de l'Iran d' Ahmadinedjad. Il se réfère à l'exemple de l'Inde et du Pakistan, qui ont accompli la démarche technologique de l'arme nucléaire, à celui d'Israël, supposé la posséder également, bien qu'il n'ait jamais procédé à un essai sur son propre territoire*. À cette lumière, la volonté du Président iranien, contre l'engagement de l'Iran dans le traité de non-prolifération, de démontrer la capacité de son pays à maîtriser une technique d'une haute valeur symbolique, est une manifestation de pur orgueil. Mais il remonte également vers la décision du général De Gaulle de doter la France de l'arme nucléaire et de tous les vecteurs nécessaires. Et il y voit aussi l'effet de l'orgueil, d'une projection de celui du Général sur une France qui n'en demandait pas tant. Et d'ajouter qu'on peut douter que cette force nucléaire trouve jamais à servir. Évidemment, elle n'est que de dissuasion, et personne ne souhaite que l'arme nucléaire serve à nouveau. Force est de constater que son existence est un facteur de paix efficace entre les nations qui la possèdent**. À l'époque où le Général de Gaulle prit la décision, la guerre froide était encore en vigueur, et le président français pouvait douter d'une intervention américaine en cas d'agression soviétique limitée à l'Europe. L'orgueil n'était pas absent, mais la méfiance également. Depuis, c'est sûr, le système soviétique s'étant effondré, la force de dissuasion n'a plus d'objectif précis. Il faut se rappeler qu'elle n'aurait jamais été capable de dominer la puissance soviétique, mais seulement de lui faire suffisamment mal pour que le bénéfice supposé d'une conquête de l'Europe libre soit réduit à moins que rien. C'est pourquoi, en douceur, la force de dissuasion a été réduite aux sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. Pour en rester à l'orgueil, il faut convenir que le monde arabo-musulman est toujours limité à l'usage du terrorisme et des techniques de guérilla. Dans le conflit qui l'oppose au symbole de la domination occidentale, l'État d'Israël, il prend dix coups, ou plus, pour un, à chaque nouveau départ du feu. Le problème politique n'évolue pas, parce que, entre autres facteurs, l'adversaire n'y gagne qu'un peu plus de compassion. Les rapports de forces sont immuables. Ahmadinedjad peut voir dans cette situation l'opportunité d'une revanche de la minorité chi'ite sur la majorité sunnite qui la considère comme une hérésie méprisable. Parvenir à prouver que l'Iran est parvenu à maîtriser la technologie de l'arme nucléaire lui donnerait au sein du monde islamique humilié un immense prestige. Qu'il prenne des risques insensés n'est pas discutable. Dans le contexte mondial, UNE arme nucléaire ne peut pas servir. Ni même cinq, ou dix. Mais il faut retenir Israël de la tentation d'une action préventive par des moyens classiques, limitant la destruction aux installations industrielles hautement suspectes. Elle ne ferait qu'exacerber le sentiment anti-occidental de ces peuples et provoquer ça et là des déchaînements sauvages. Il faut que nous nous convainquions qu'il ne s'agit effectivement que d'une manifestation d'orgueil et que l'équilibre des forces n'en sera pas modifié. Par contre la version iranienne du "Yes, we can" du Président Obama aura un impact considérable sur l'image que ce monde aura sur lui-même. Il y trouvera au moins la liberté, s'il veut s'en saisir, de renoncer à ses fictions. Il est à prévoir un assagissement de l'Iran, pour commencer, et un mouvement d'opinion, à l'intérieur du monde musulman, en faveur d'une tolérance envers le chi'isme, ce qui ne peut nuire à personne. La peur, la haine, le mépris, sont des sentiments qui n'améliorent pas la marche du monde. Nous n'en sommes pas exempts. Il faut nous en garder. Sceptique *Le territoire ami, où les essais ont pu avoir lieu, est vaste. **L'Inde et le Pakistan, toujours ennemis et méfiants l'une envers l'autre, n'en viennent plus aux mains.
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Commentaires
S
Mais l'histoire montre que les rapports de forces ne sont pas éternels, et que les responsables politiques peuvent être plus raisonnables que leurs peuples. Ne vaut-il pas mieux parier sur le second aspect?
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P
voilà une suggestion bien audacieuse!(après un séjour au Liban (et en Syrie) j'ai pris conscience qu'Israel ne devait sa survie qu'à un rapport de forces qui lui est favorable: il est très impressionnant par exemple de s'entendre interdire de prononcer le nom même d'Israel)
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Sceptique
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