La mondialisation, un avatar du masochisme!...
ou:"Le bonheur est dans la diète, cours-y-vite, cours-y-vite...."
Sous la cravache cruelle du millénarisme climatique, notre monde gémit de douleur, mais il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il se pose la question:"ces coups ne seraient-ils pas mérités?"
Oui, c'est bien fait pour nous, répondent Bruno Fay et Stéphane Reynaud en page 20 du "Monde" du 12 Décembre 2009.
Car c'est de notre faute si la Chine est devenue le second pollueur du monde, ou si le Maroc épuise ses nappes phréatiques. C'est parce que nous courons tous (français et autres "visages pales"), non pas après le meilleur rapport qualité-prix, mais après le plus bas coût possible. Et, pour nous satisfaire, il n'y a que les pays en voie de développement, ou, "émergents", dont les travailleurs sont payés au lance-pierres. Résultat, nous impo rtons de très loin, et malgré le coût en monnaie du transport, le prix final est encore avantage ux pour notre bourse, réellement plate, ou simplement radine.
En fait, ce qui fait l'essentiel de notre dépense n'est pas délocalisable et doit être payé à son prix. Loyer, transport quotidien, fourniture d'énergie, soins médicaux, bagnole, week-ends et vacances, quelques impôts quand même, n'ont pas un prix négociable et il faut bien se rattraper sur les fringues courantes et la nourriture de base, qui ont pris une place nettement plus modeste, mais irréductible, dans notre budget.
Bon, admettons, arrêtons de pécher, faisons repentance et pénitence, et....fermons nos frontières aux tentations du monde!
Que chinois, marocains, tunisiens, kenians, indiens, vils tentateurs, suppôts du démon, aillent se faire voir ailleurs! Qu'ils se gardent leur camelote, qu'ils mangent leurs tomates, leurs haricots verts, leurs asperges, leur filets de perche du Nil...
Nous mangerons de la brioche, nous, na! Et nous irons, à vélo, en vacances à la campagne, qui sera bien heureuse de nous revoir. Nous en profiterons pour faire nos courses à la ferme, comme sous l'occupation.
Plus de bateaux, de pêche, de transport de marchandises ou même de pétrole. Plus d'avions, sauf ceux du GLAM, car il faudra quand même maintenir nos relations internationales avec nos complices d'Amérique du Nord et d'Europe de l'Est.
Il est vrai que nous avons vécu avant la mondialisation, et pas si mal que ça. L'orange à Noël était un luxe dont le coût en CO2 était modeste par comparaison avec la gabegie d'agrumes que nous pratiquons aujourd'hui. Je n'ai pas de mon enfance, qui ne date que de soixante-dix ans, le souvenir d'avoir eu faim. Un peu froid l'hiver, mais la maman bassinait le lit avec les braises du poêle à charbon, et l'édredon conservait la chaleur. Le bain n'était pas quotidien. J'allais à pied à l'école. Mes vacances, à la campagne, exclusivement, m'ont laissé un meilleur souvenir que mes quelques voyages.
Comme ça, à première vue, et je l'entends confirmer autour de moi, nous survivrons au grand ménage que nous ferons dans nos soit-disant besoins. Pour commencer, adieu à la bagnole. Même les trains seront supprimés. "Pédibus comme jadis" disait mon adjudant qui avait des lettres. Nous pourrons nous débrancher sans souci d'EDF et de GDF. Le gros sel remplacera le congélateur, les veillées remplaceront la télé. Avantage, nous ne serons rien des malheurs du monde (ni même de ceux de nos compatriotes citadins). En particulier de ceux qui nous auront approvisionnés pendant nos années de folie, hystérique, disent les auteurs, et qui retomberont de tout leur poids (on ne peut pas maigrir très vite) dans leur misère millénaire.
Autre avantage, ni moi, ni même mes descendants*, ne saurons jamais si ce retour à l'autarcie aura eu un quelconque effet sur la planète, sa température moyenne, le niveau de ses mers, la transparence de son air, l'espérance de vie plus raisonnable de ses habitants. Mes descendants s'enfonceront tout doucement dans l'ignorance la plus crasse, renouant avec ce que nous avons retenu de la mésaventure d'Adam et de Ève: la Connaissance est subversive**. Elle n'est qu'objet de tentation et notre intérêt est qu'elle le reste.
Sceptique***
*Même pas jusqu'à la septième génération. C'est trop loin pour ma tête.
**C'est ce que semble avoir compris le christianisme, en tout cas. Et si ce n'est pas comme ça qu'il a compris, le fait est là, pour les prophètes d'aujourd'hui, c'est la Connaissance scientifique qui nous a foutu dans la M....!
***Si j'étais sincère en écrivant ces mots, je serais de ceux que De Gaulle désignait comme "les nostalgiques de la lampe à huile et de la marine à voile". Cependant, si ce dernier parti devient majoritaire, il faudra bien s'y faire!