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Sceptique
27 janvier 2010

Martine Aubry fait voeu d'obéissance*

Cuisinée par le trio de tortionnaires du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Martine Aubry avait reconnu la nécessité de revenir sur la mesure irréaliste et démagogique de la retraite à 60 ans. "Jusqu'à 61,...62," avait-elle consenti.

Si ce réalisme a pu convenir à quelques socialistes pragmatiques, il a provoqué la colère de l'aile gauche du parti, qui a l'avantage de tenir le porte-voix. Et aussi, celle des alliés préférés, à la gauche du Parti Socialiste. Quant aux Verts, qui se positionnent comme rivaux et remplaçants futurs du PS dans un paysage politique bouleversé, le réalisme n'est pas dans leur catalogue. Sur ce genre d'affaires ils prennent le sens du vent.

Donc, huit jours après son faux-pas vers la raison, Martine Aubry, succédant à Nicolas Sarkozy au journal de 20 heures de TF1, fait machine arrière. La retraite à 60 ans, c'est un tabou, un acquis du passage des socialistes au pouvoir. Les milliards de déficit du régime général (dit aussi, "de base") qui s'accumulent, en raison du chômage, du raccourcissement des carrières, de la durée de la survie après la retraite, ne sont pas un argument. Tout au plus admet-elle qu'il y aura lieu d'augmenter la durée des cotisations, donc, de la durée de l'activité avant d'atteindre le droit de "liquider" sa retraite à son taux plein.

Tout va bien, alors!

C'est oublier qu'en France, la retraite est très inégalitaire. Les fonctionnaires et les agents des services publics sont très avantagés en matière de calcul du montant de leur retraite. Et le déficit des systèmes particuliers est épongé par des prélèvements sur les ressources de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse, qui assure le régime de base, d'un niveau notoirement bas. Les "bonnes" retraites reposent essentiellement sur les caisses complémentaires, propres à chaque profession.

Le combat difficile des gouvernements de droite pour assainir le système par répartition, en corriger les inégalités, est loin d'avoir assuré son avenir, en raison des actions menées par les privilégiés, et la difficulté très répandue à comprendre le système par répartition**. La conviction que la retraite versée est une rente acquise par les cotisations versées pendant la vie active, contribue à faire ressentir comme injuste la faiblesse de l'allocation, et surtout, à faire mal accepter les modifications imposées par l'évolution de la démographie et de l'économie. Il a été courant d'observer, lors des conflits, des salariés ou des retraités du privé, soutenir les actions dures des agents des services publics, alors que les concessions qui leur seraient faites pour qu'ils reprennent le travail ne les concerneraient jamais.

Sceptique

* Il semblerait que sur certains points abordés lors de son entretien avec des français, le Président Sarkozy se soit laissé aller à des promesses qui se résument aussi à une obéissance au discours populaire sur le protectionnisme ou la garantie de l'emploi.

**Dans des conditions économiques normales, le système par répartition, inspiré par celui des assurances, est le plus juste et le plus solide, protégeant contre l'inflation, les spoliations, les malversations des gestionnaires de capitaux. À condition que le rapport entre le nombre de cotisants et d'allocataires soit autour de trois à quatre cotisants pour un allocataire. Dans certaines professions, on en est maintenant loin. On s'approche de un pour un, et on prédit un passage sous ce seuil, si aucune mesure n'est prise. L'augmentation des cotisations ampute le pouvoir d'achat des actifs, la diminution des pensions atteindrait celui des retraités (déjà entamé par la non-revalorisation en fonction de l'inflation). Il ne reste donc que l'allongement de la durée des cotisations, du nombre de trimestres nécessaires pour une liquidation au taux plein. Cette réponse "a minima" n'est pas audacieuse et ne sera pas suffisante, et le chantier devra être repris dès que d'autres conditions politiques et économiques seront réunies.

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