Alors, demain on rase Paris?
Il y a quelques semaines, une série d'articles se donnant l'air d'être sérieux, démontraient avec force que la manière humaine de produire sa nourriture recelait les prémices de la fin du monde: l'élevage d'animaux aux fins d'en mettre la viande à la disposition des êtres humains était un crime contre la nature, en raison de son coût énergétique, et de sa participation à l'effet de serre, et l'agriculture intensive, assurant une ration suffisante, partagée, même, avec les animaux susdits, promis à une belle tranche de vie, en attendant d'être à leur tour coupés en tranches, concourait, dans les mêmes proportions, à la marche accélérée vers la fin des temps.
Il faut croire que ces belles sentences n'ont pas fait chuter le chiffre d'affaires de la chaîne Hippopotamus, car voilà une nouve lle campagne, mais cette fois-ci....pour la défense de la campagne! Menacée d'engloutissement par les villes*, qui veulent notre mort....de faim..
Oui, chaque fois qu'une ville décide de rendre constructible une partie de la campagne qui l'environne, pour construire des logements ou des équipements d'intérêt collectif, elle retire le pain de la bouche aux agriculteurs et aux maraîchers qui les cultivent. La valeur de leur terrain a beau être décuplée ou plus, c'est quand même la MISÈRE! Et la mélancolie. C'est vrai, les paysans ont un sentiment très fort pour leur terre, et leur vente, quelquefois accélérée par une expropriation d'utilité publique, les fait souffrir.
Au rythme où les villes se développent, grignotant quelques milliers** d'hectares chaque année, il est évident que nos 50 millions d'hectares sont gravement menacés. Nous serons, à entendre les cris d'orfraie, une seule ville continue, de Strasbourg à Biarritz, de Dunkerque à Menton, avant même la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy(j'exagère!). Et qu'est-ce qu'on va manger? Les salades semées sur nos balcons?
"On" dit, même, que la forêt, qui reprenait, il y a quelques années, des surfaces laissées en friche dans les déserts français, abandonnés, progressivement, depuis plus d'un siècle, par les paysans pauvres, perd de nouveau du terrain, sous la pression des campagnards chassés des périphéries des villes.
Qui est, tout à la fois, d'un bloc, contre l'agriculture productiviste, l'élevage productiviste, l'industrie productiviste, les transports productivistes, et les villes grouillantes? Sans oublier la chasse? Je vous laisse deviner.
En attendant la réduction drastique qui est le rêve de tous les malthusiens du monde, la sale bête prolifère, veut des logements, pas des clapiers, des routes pour ses bagnoles, pas des venelles ne laissant passer que deux ânes de front. Elle veut des commodités, l'eau, le gaz, et l'électricité à tous les étages, des WC, des salles de bains, des magasins, des docteurs, des boulangeries et le branchement à internet. Encouragée par les allocs, elle fait des enfants***, pour lesquels il faut bien, un jour, aménager une chambre. Ce qui nécessite un changement de logement pour un plus grand.
Et les édiles vont au devant de leur désir en leur offrant des surfaces fleuries, des jardins publics, et des complexes sportifs.
De plus, la qualité de notre vie crée des besoins de services divers, et sans que la natalité en soit seule responsable, notre population augmente très régulièrement. En soixante ans nous avons gagné presque vingt-cinq millions d'habitants supplémentaires. Qu'il faut bien mettre quelque part.
À cause de cette place qu'ils prennent, ces habitants menacent-ils la précieuse source de nourriture que constituent nos campagnes? Si on accepte leur productivité actuelle, il faut retenir qu'elle est, cette productivité, cinq fois celle des années 1930-1940. Qu'elle nous permet de manger des céréales sous toutes les formes, trop de sucre, et des protéines animales à deux repas par jour. Rendant nécessaire, à partir d'un certain âge, d'arranger ça à coup (et à coût) de Crestor****.
Il est évident que si on en revient à l'araire, et au partage équitable avec les petites bêtes qui n'attendent que ça, que leur table soit mise, il y aura rapidement un problème.
Sceptique
*J'avais sous-estimé la surface "artificialisée" du fait de l'extension des villes. Et vivant dans une région encore très rurale, avec sous les yeux de vastes espaces sans constructions, j'ai du mal à partager l'affolement. Le département du Nord saute aux yeux par sa densité d'urbanisation, mais il est toujours, comme la Belgique voisine qui ne s'en distingue guère, exportateur de produits agricoles.
**Vous avez sans doute remarqué cette tendance, de nos jours, à prêter une volonté individualisée aux collectivités de toutes dimensions.
***Toujours dans la même mouvance, la suppression des allocs au delà du deuxième enfant a été suggérée.
****Invention humaine, dans la catégorie produits pharmaceutiques, nettoyant nos organismes gavés, du cholestérol qui les encrasse.BEURK!
Ma conclusion est qu'une dramatisation du phénomène est intentionnelle, cohérente avec le soutien d'une angoisse et d'une culpabilité de l'homme. Elle se situait autrefois sur sa sexualité, le reste de son existence pouvant être considéré comme une punition. Comme cette morale là ne prendrait plus, il fallait en trouver une autre. Me voilà conspirationniste, dis!