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Sceptique
8 mai 2010

La carte scolaire. Ses défenseurs ouvrent le feu

La carte scolaire, c'était la concrétisation 1) du principe d'égalité, absolue, entre les élèves. 2) de la négation de la responsabilité des familles, et de leur désir pour leurs enfants. 3)accessoirement, une commodité administrative.

Une sorte de "nationalisation" des enfants. La réalité sur le terrain se traduisait cependant par une hausse du niveau dans les établissements "bien" situés, comme dans certains quartiers de la Rive Gauche à Paris, ou dans le Triangle d'Or de la Rive Droite. Et une stagnation dans les établissements des quartiers à la population plus modeste, et dans les banlieues difficiles.

Certains parents, et non des moins instruits eux mêmes et des moins fortunés, se moquaient de ce système à vocation nivelante, et confiaient leur progéniture à l'enseignement privé, qui, de toute façon, applique les programmes et les évaluations recommandées par l'Éducation Nationale. La différence résidait, et réside toujours, dans la discipline, le non-absentéisme, la disponibilité continue des enseignants.

Il y avait donc, dans l'opinion, une place pour la demande de la suppression de la carte scolaire, permettant le libre choix, par tous les parents, de l'établissement de l'Éducation Nationale qui leur paraissait convenir le mieux à leurs enfants. Il fallait qu'il y ait de la place, bien sûr. Mais, justement, les "bons" établissements sont situés dans des quartiers où la pression démographique n'est pas très forte, beaucoup d'immeubles étant accaparés par des bureaux.

L'assouplissement de la carte scolaire a fait partie des cadeaux offerts par le Président Nicolas Sarkozy, son parti et son gouvernement. Tandis que l'opposition, c'est bien naturel, a essayé de défendre "son" système.

Dans le contexte de contestation globale de la politique menée depuis trois ans, les proviseurs des établissements délaissés donnent de la voix, pour dénoncer ce qu'ils voient comme conséquence de l'assouplissement de la carte scolaire (obligation de l'Éducation Nationale et des échelons politiques compétents, la Commune, le Département ou la Région), la désertion par les "bons éléments" des établissements difficiles, comme ceux des ZEP*

Ils disent que l'absence de ces "bons éléments", à savoir les élèves sérieux, travailleurs, utilisant leurs capacités à apprendre, et, cerise sur le gâteau, n'insultant ni ne molestant leurs professeurs, fait que les autres, les cancres, les indisciplinés, les violents, par paroles et par actions, ne sont pas remorqués vers les havres déserts de leurs établissements. 

À ma connaissance, il ne me parait pas démontré que les quelques élèves rassemblant ces vertus tirent vraiment les autres vers le haut. Il sont traditionnellement méprisés par les cancres, qui les accusent de "fayoter", ou d'être les "chouchous" des profs. Combien sont capables de résister à une telle exclusion, tournant parfois à la persécution?

Les parents, sachant cela, et faisant passer leur désir pour la réussite de leurs enfants, avant celui, très abstrait, de l'institution "Éducation Nationale", ont utilisé la liberté octroyée, pour placer en lieu sûr, leurs enfants chéris. Où l'absence de violence, de chahut, de racket et autres manifestations de jeunesse promises à la guérison spontanée à la quarantaine, leur permet de travailler et de réussir sans éprouver de culpabilité ou de honte.

Il me semble, au contraire de ce que déplorent les proviseurs des établissements délaissés, qu'en travaillant avec des effectifs moindres, les enseignants ont plus de chance d'en arracher une plus grande proportion à l'échec d'antan. C'est peut-être ce qui explique les performances au baccalauréat qu'avancent les protestataires. Mais j'oserai poser la question: "que signifie, en termes de compétences, en particulier linguistiques, et culturelles, le baccalauréat d'aujourd'hui?"

Sceptique

*ZEP: zones d'éducation prioritaire

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Commentaires
S
Ce n'est pas pour rien qu'une partie de l'opinion française rêve de "récupérer" la Wallonie en cas de dissolution de la Belgique. Ses socialistes font encore plus fort que les nôtres!
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C
A dire vrai la Belgique francophone patauge depuis quelques années dans un délire digne de sa réputation, depuis qu'un ministre idéologue a décrété qu'il fallait instaurer la "mixité sociale" (plutôt qu'améliorer la qualité de l'enseignement dans les zones "difficiles"). On a à nouveau frôlé la catastrophe avec un décret dit "Robin des Bois" qui voulait opérer des transferts de budget depuis les écoles "riches" vers les écoles "pauvres" (au lieu d'augmenter le budget de ces dernières). Tout cela bien entendu sans la moindre justification autre qu'idéologique.
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S
à vous, Chitah, pour ce lien vers un article très documenté.
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C
http://www.contrepoints.org/Carte-scolaire-comment-une-etude.html<br /> <br /> Une étude est sortie sur le sujet, elle devrait vous intéresser.
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Sceptique
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