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Sceptique
31 mars 2011

Une bien mauvaise semaine

Commençons par chez nous. Le sondage en grandeur nature qu'ont constitué les élections cantonales a montré le désaveu ou l'incompréhension de plus de la moitié des électeurs, et parmi ceux qui ont voté, un nombre impressionnant de votes pour le Front National de Marine Le Pen. 

Accessoirement, j'ai envie de dire, la place de l'opposition de gauche dans les pouvoirs locaux, que l'imprudente décentralisation a placé en contestataires institutionnels de l'État, a été consolidée. Elle peut, tout à loisir, transformer à l'intention de l'opinion la légèreté de sa gestion en abandon par l'État. C'est tout bon pour la prochaine présidentielle.

Du côté de la majorité qui a la charge de la nation, il y a nécessairement une analyse de l'échec. La faute à qui, la faute à quoi? Or, c'est un sondage, au terme de quatre ans de pouvoir, et je me demande si cet effet de la versatilité de notre peuple doit tellement à la crise, qui a donné bien du mal à notre gouvernement, mais dont on ne doit pas croire qu'elle a été bien perçue et bien comprise par l'opinion. En 1968, c'est dans une France prospère et re-dynamisée qu'à partir d'une protestation estudiantine, la gauche rassemblée dans sa haine des gaullistes a mis à genoux toute l'économie française. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Trop, c'était trop, les cocos furent cocus, la France ne tomba pas dans l'escarcelle du Komintern. Aujourd'hui, c'est aujourd'hui, et les grincements de la machine UMP sont entendus jusque dans la rue. L'affaire, c'est ce débat sur la laïcité et les accrocs qui lui sont faits. Faut-il s'arrêter, obéissant à l'injonction de la gauche qui accuse l'UMP de courir derrière Marine Le Pen? Ou faut-il s'arrêter parce que, finalement, le Président, son gouvernement et sa majorité ont mieux à dire sur tout le travail accompli pendant ces quatre ans. Je penche pour ce changement de cap, car si je suis, comme tout le monde, agacé par les provocations de quelques fanatiques des deux sexes, je ne crains absolument pas que nous retrouvions, dans quelques années, dominés par un islam triomphant, nous transformant en "dhimmis", et soumettant le peuple français à la charia. Ce ne sont que des fantasmes. Nous avons l'esprit solide, peu enclin à la crainte du ciel, et sans demande d'une consolation religieuse. Pour la plupart des français, ce n'est qu'une référence familiale et une assurance-éternité...gratuite. Il est plus vraisemblable que nos concitoyens musulmans, appréciant la liberté de notre société,  ne feront pas plus que nous une affaire d'État de leur religion. 

L'essentiel, c'est que le travail de réformes structurelles, remettant la France sur les rails de la modernité, entrepris en 2007, n'est ni achevé, ni consolidé. L'actuelle opposition l'arrêtera net, et en démolira peut être une bonne partie. Ce n'est pas le goût du pouvoir qui doit nous soutenir, mais cet espoir de voir notre société reprendre une route ascendante dans le monde, qui nous porte depuis 2007. Le pouvoir n'est qu'un moyen, ingrat et pénible. À certains moments de l'histoire, il se transforme en devoir. Ce moment n'est pas terminé. Nous avons le devoir de gagner, honnêtement, sans artifice, sans tromperie, l'élection présidentielle de 2012.

Des autres mauvaises nouvelles de la semaine, je ne parlerai que de celles qui nous touchent. 

En Libye, les atermoiements qui sont le lot d'une conduite collective de l'intervention mondiale, quant aux buts (Khadafi or not Khadafi) ou aux moyens (on cogne, ou on ne cogne pas), mettent en exergue les faiblesses inégales des belligérants, et la nécessité pour les rééquilibrer d'agir contre les troupes de Khadafi, mieux armées et mieux commandées que les rebelles. C'est cet appui aérien sur le front qui pose problème. Or, si Khadafi a utilisé son aviation contre ses opposants, tant qu'il l'a pu, par rage, par haine, il peut s'en passer pour les écraser par ses moyens terrestres. Et, ça, il faut absolument l'empêcher de le faire. La Cyrénaïque doit être sanctuarisée par la force.

La Côte d'Ivoire est mon autre douleur. Je ne suis pas convaincu par l'unanimisme international dont nous sommes une partie prenante. Il y a une authentique guerre civile qui oppose le peuple du sud à celui du nord. Chaque partie se voit gouverner la Côte d'Ivoire en totalité, cramponnée au fantasme de son unité. Alors que cette unité, fabriquée par la puissance colonisatrice, est une fiction, comme dans bien d'autres parties de l'Afrique, où, pour faire tenir ensemble les peuples "mis dans le même panier", la force brutale, monopolisée par une composante plus forte que les autres, est l'obstacle contre toute véritable démocratisation, contre toute pacification authentique. En Côte d'Ivoire, le départ de Laurent Gbagbo ne ramènera pas la paix, n'arrêtera pas les troupes nordistes. Nous assisterons à une guerre comme celle du Biafra ou du Libéria, avec ses déchainements de cruauté et une conclusion tragique possible. J'aurais préféré une sortie de la fiction de l'unité et le soutien d'une partition en deux états viables et homogènes.

Sceptique 

 

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Commentaires
S
Mon scepticisme englobe l'être humain et l'humanité. Aux deux échelles de l'individu et de leur rassemblement structuré, ce qu'ils sont capables de faire, de bien et de mal. Je ne m'étonne donc de RIEN, mais je souffre pour les victimes de la bêtise et de la férocité déchainées. Tout en sachant que si elles étaient du côté des gagnants, elles agiraient de même.<br /> Tous les états d'Afrique sont des constructions artificielles, héritées de la colonisation. Ils englobent des populations qui n'avaient pas vocation à vivre ensemble. Je ne vois aucun pays qui ait surmonté sans faute ce handicap. De toute façon, cinquante à soixante ans ne sont pas suffisants pour être "historiques". Le réaménagement de l'Afrique n'est pas fini, et les états occidentaux, ex-coloniaux, ou non, ne devraient pas s'aligner systématiquement sur les plus forts.
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P
"La Côte d'Ivoire est mon autre douleur." écrivez-vous: on vous entend rarement vous exprimer de cette façon. Mais pourquoi pas?<br /> Amicalement.
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Sceptique
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