La leçon des crimes de Toulouse
Le tueur d'enfants juifs, à la porte d'un établissement confessionnel de Toulouse, avait déjà semé la mort dans la même ville et à Montauban, en s'en prenant à des militaires. Ces premiers meurtres n'étaient pas facilement interprétables.
Son passage à l'acte à l'encontre d'une communauté religieuse cerne avec plus de précision une de ses déterminations: la haine des juifs. La perplexité suscitée par ses crimes précédents cède la place à une prise de conscience plus aiguë, celle des risques de la haine pour raisons religieuses, presque toujours liées, de nos jours, à des critères ethniques ou raciaux, ou à des signes d'appartenance. Le refus de la différence est une tendance humaine lourde.
Cette manifestation de haine a brutalement fait ressortir celle dans laquelle nous nous installions avec la "meilleure" des raisons, la haine politique, fondée sur les idées, celles des "autres", bien sûr, elles aussi exprimées avec haine, infiltrées de haine. Il faut, pour qu'une élection se conclue, non pas que X raisons soit plus grand que Y raisons opposées, mais que X haines soit plus grand que le Y haines opposé. Tout en sachant que deux ou trois semaines après le triomphe du plus grand nombre, le rapport X/Y se rapproche de l'inversion, dépassée bien avant la fin du mandat établi par "les institutions", ouvrage intelligent nous préservant de notre bêtise.
L'effet immédiat de ce crime anti-sémite a été la communion des candidats et de leurs partis dans l'émotion et la réprobation, ainsi que celle des responsables des religions qui ont une importance en France. Une pause dans l'empoignade a été générale. Le Président-candidat l'a annoncée pour lui-même, en l'appuyant sur la mission d'élucider l'acte et d'en prévenir la récidive probable. La plupart des autres candidats ont tenu des paroles de raison et d'émotion tout à la fois. Seul François Bayrou a accusé un climat créé par l'action de Nicolas Sarkozy, aboutissant aux échanges haineux. Il ne s'était pas regardé, apparemment.
Ces bonnes résolutions ont le mérite d'exister, même si la reprise de la compétition s'accompagnera rapidement de quelques insultes ou de vacheries "ad hominem". J'en attends quand même un certain "ponçage".
Sceptique
Note du 21 Mars 2012: Quelques voix en mission se sont élevées au PS pour critiquer Nicolas Sarkozy d'avoir dit aux collégiens dont il avait partagé la minute de silence, que "ça aurait pu leur arriver". Une façon d'intégrer le crime antisémite dans le vécu national. Son discours aurait été plus émotionnel que "républicain". Faites-nous un dessin, Messieurs-Dames!
21 Mars 2012, 8 heures: le meurtrier, djihadiste, est assiégé par le RAID dans son appartement. Il avait été repéré par la DCRI, et identifié et localisé par les traces laissées par lui sur internet et chez les fournisseurs toulousains de scooters. Il sera arrêté ou tué par la police sur laquelle il a tiré, et dont il a blessé des membres.